15° dimanche du Temps Ordinaire.
"Vous donc, écoutez ce que veut dire la parabole du semeur."
Pratique, cet Evangile, et bien confortable pour moi : point n'est
besoin ce matin de vous faire une homélie, car c'est Jésus lui-même qui
nous fait le commentaire de la parabole ! Il nous invite à labourer
notre coeur pour qu'il puisse accueillir sa Parole, et qu'elle y porte
beaucoup de fruit...
Cette lecture classique, et un peu moralisante, de la parabole du
Semeur, est certes justifiée. Mais 2 précisions complémentaires
permettent de dégager une autre pointe au message que Jésus veut
transmettre à ses disciples.
1ère précision, d'ordre historique, sur les pratiques agricoles en
Palestine à l'époque de Jésus. N'imaginons pas, comme aujourd'hui, que
les paysans labouraient leurs champs avant de semer. Bien au contraire.
D'abord, il n' y avait pas comme dans nos campagnes des champs bien
délimités et clôturés. Ensuite, les historiens expliquent qu'à
l'époque, dans une terre pauvre, sèche, rocailleuse, et
broussailleuse, on semait très largement, partout. Puis, avec ses
outils assez rudimentaires, le paysan retournait la terre pour
recouvrir le grain... D'où ce sentiment de gaspillage, avec le grain
qui tombe un peu n'importe où, et aussi les très faibles rendements, au
mieux 10 pour 1... Les taux annoncés dans la parabole, 100 ou 60 ou 30
pour 1, sont absolument exceptionnels, inimaginables, même... Ce qui
nous invite à lire un peu autrement la parabole : la Parole de Dieu est
semée largement, gratuitement... et peu importe finalement où elle
tombe, elle finira par porter du fruit en abondance !
Cette interprétation est renforcée par une 2ème précision : remettons
l'Evangile en perspective avec les autres lectures du jour. La 1ère
Lecture, d'abord : "Ma parole ne reviendra pas sans résultat."
N'oublions pas qu'Isaïe écrit pendant l'exil du peuple à Babylone,
époque où Israël semble n'avoir plus d'avenir politique et religieux.
Et dans ce contexte très sombre, le prophète n'hésite pas à poser cette
affirmation qui défie l'entendement, mais qui est fondée sur sa
confiance absolue en son Dieu : la Parole de Dieu finira par féconder
la terre ! Et dans la 2ème Lecture, Saint Paul, à son tour, vient
encourager les chrétiens de Rome à tenir bon dans la la foi et
l'espérance, malgré les souffrances, les épreuves, et le temps qui
passe et semble bien hostile à leur attente d'un retour prochain du
sauveur...
Alors, voici pour moi ce matin la pointe du message de Jésus à travers
la parabole du semeur : vous qui mettez votre espoir en Dieu et en
Jésus, sa Parole, ne vous découragez pas ! La Parole de Dieu, malgré
les apparences, fait son oeuvre en vous, dans l'Eglise et dans le
monde... Elle est semée gratuitement et à profusion, même dans les
terres qui nous paraissent les plus hostiles...Elle germe et croît avec
patience et persévérance, même quand elle semble bien absente, et qu'on
désespère d'entrevoir un jour ses fruits... Et en plus, Jésus nous
assure que sa fécondité est d'une exceptionnelle abondance, dépassant
tout ce que peuvent imaginer dans leurs prévisions les plus optimistes
les meilleurs spécialistes d'agronomie !!!
"Celui qui a des oreilles, qu'il entende."
Pour conclure, je voudrais vous inviter simplement à prendre quelques
minutes de silence... Quelques minutes de silence, pour ouvrir grandes
les oreilles de notre coeur, et y entendre la Parole de Dieu... Même
s'il te semble broussailleux, rocailleux, asséché... laisse le bon
grain se déposer dans ton coeur, laisse le germer paisiblement,
silencieusement, discrètement... C'est Dieu lui-même, si tu le laisses
agir en toi, qui peut en faire la bonne terre, la terre qui donne du
fruit en abondance...
Amen !
Loïc LAINÉ, diacre permanent.
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