Année A

Sommaire année A
Accueil



15° dimanche du Temps Ordinaire.



Nous avons entendu dans la première lecture du prophète Isaïe. « …ainsi ma parole, qui sort de ma bouche, ne me reviendra pas sans résultat, sans avoir fait ce qui me plaît, sans avoir accompli sa mission. » et nous avons même conclu : « Parole du Seigneur ».
Parole du Seigneur…ça n’est quand même par rien ! Nous affirmons avec tous les croyants dans le monde que cette parole que nous venons de dire est parole du Seigneur…bien qu’elle ait été écrite il y a presque 3000 ans à 3000 kms à vol d’oiseau par un homme…et bien Dieu parle aujourd’hui à chacun et chacune de nous au travers de cette parole ; hors du temps et de l’espace !  C’est donc un fait : la liturgie de la parole que nous célébrons chaque dimanche au cours de nos célébrations Eucharistiques contribue à signifier la présence réelle de Dieu au milieu de nous…et cela est également vrai à chaque fois que nous méditons la parole !  
Souvenez-vous du récit des pèlerins d’Emmaüs dans l’Evangile de Luc : Nous sommes au matin de Pâques, deux disciples marchent à deux heures de route de Jérusalem, déstabilisés, apeurés, déprimés par la crucifixion de Jésus…ce même Jésus, ressuscité les rejoints sur cette route, engage la conversation avec eux sur ce qui les tracasse…ils ne le reconnaissent pas. La première chose qu’il fait après avoir sondé leur état d’Esprit, c’est leur expliquer l’écriture, puis les disciples l’invitent à rester avec eux ; au cours du repas Jésus se fait reconnaitre par la fraction du pain, disparait à leurs yeux et les disciples retrouvent leur joie, leur élan missionnaire qui les renvoie à Jérusalem…l’écoute de la parole de Dieu et sa méditation est à part entière un révélateur de la présence sacramentelle de Dieu dans nos vies de baptisés !
Voilà une bonne nouvelle : confinés ou déconfinés nous ne sommes jamais complètement privés de la présence réelle de Dieu…dès que nous ouvrons la bible et méditons sa parole. La deuxième bonne nouvelle c’est que cette parole n’est pas réservée à quelques « élus »…elle est pour chacun de nous à chaque instant.
Je vais vous proposer maintenant une façon de procéder à une lecture d’un texte de la bible, seul ou à plusieurs. C’est une lecture en trois temps. Reprenons l’Evangile du jour :
-tout d’abord nous allons faire un premier passage photographique de l’Evangile : nous observerons simplement les lieux, les personnages, les mots qui reviennent, le style. « ce jour-là, Jésus était sorti de la maison et il était assis au bord de la mer »…Jésus semble donc chez lui, au bord d’une grande étendue d’eau, scène de vie ordinaire…ce qui est moins ordinaire c’est que des foules l’attendent…tellement qu’il est obligé un peu plus loin de monter dans une barque pour avoir un peu de distance. Quels autres personnages sont présents et parlent : des disciples qui ne sont pas nommés…la foule, elle, ne parle pas. Jésus parle, en parabole, c’est-à-dire de façon imagée pour illustrer une idée, un propos. Parabole signifie en grecque « comparaison ». Les disciples l’interpellent et Jésus répond. Quels sont les termes, phrases qui m’interpellent : il y a beaucoup de formes passives (en jaune). Cela fait naitre en moi un sentiment de passivité, d’impuissance…le pouvoir de comprendre ne m’appartient pas…

-A ce niveau de la lecture nous pouvons maintenant nous essayer à l’interprétation qui est la deuxième étape : que me dit ce texte personnellement aujourd’hui ?
J’avoue à la première lecture avoir trouvé que c’était un peu rude…Contrairement à ce que je vous ai dit tout à l’heure y aurait-il quelques élus à qui le pouvoir de comprendre est offert et tant pis pour les autres ? C’est quand même un peu fort et ça contredit me semble-t-il l’universalité du message Evangélique !
Il doit y avoir une clef de lecture autre…et je crois qu’elle réside dans ce petit paragraphe « Si je leur parle en paraboles, c’est parce qu’ils regardent sans regarder, et qu’ils écoutent sans écouter ni comprendre (…)Le cœur de ce peuple s’est alourdi : ils sont devenus durs d’oreille, ils se sont bouché les yeux, de peur que leurs yeux ne voient, que leurs oreilles n’entendent, que leur cœur ne comprenne, qu’ils ne se convertissent » …nous ne sommes plus passifs…si nous n’entendons plus c’est parce que nous ne voulons plus entendre…peut-être avons-nous peur d’entendre, de voir ce que le Christ nous dit parfois ? L’Evangile c’est quand même, avouons-le, un peu un poil à gratter…
Mais alors est ce perdu pour nous ? N’y a-t-il plus d’espoir Seigneur parce que j’ai eu ces moments de faiblesse, de doute, de peur de te suivre ? Qu’en est-il de la parole de ton serviteur Paul qui nous dit dans la deuxième lettre aux Corinthiens « Quand je suis faible c’est alors que je suis fort » ? Qu’en est-il de toutes celles et ceux pêcheurs que tu n’as cessé de relever dans les récits Evangéliques…jusqu’au Laron sur la croix à côté de toi ?
 « et moi, je les guérirai… » ces 5 petits mots viennent juste après le passage que nous avons lu un peu plus haut…5 petits mots qui débloquent la situation…qui remettent de la cohérence. Non le pouvoir de comprendre ne vient pas de nous…il vient de l’Esprit de Dieu. Ce qui nous perd ça n’est pas une élection à priori dans le plan de Dieu…c’est nous même…notre orgueil, notre soif de tout contrôler…mais même là Jésus nous sauve…si nous acceptons de nous laisser sauver par lui…c’est là notre seule mission, notre seul devoir…se laisser aimer et sauver par celui qui a donné sa vie pour nous.  
-Finissons donc cette lecture en rendant Grâce, pour ce que nous avons découvert ce matin de ce que le Seigneur veut dire à chacun de nous au travers de sa parole, de cet Amour pour chacun et chacune de nous qu’il exprime ici et qui n’attend que notre Amour en retour. Nous pouvons l’exprimer silencieusement mais si certains souhaitent laisser monter leur action de Grâce et la partager qu’ils se sentent libres de le faire. Bénis sois tu Seigneur ! 

Luc FROEHLY, diacre permanent
12 juillet 2020

Sommaire année A
Accueil