Homélies pour des funérailles


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Le contexte :

Funérailles de l'oncle du prédicateur

Homélie :

Bien aimés du Seigneur, nous sommes rassemblés dans cette église ce matin, pour implorer la miséricorde de Dieu sur notre frère Emmanuel, qui vient de nous quitter physiquement - je dis physiquement parce que le lien spirituel demeure -, pour célébrer sa naissance au ciel et pour confesser notre foi en la résurrection.
En effet, dans presque toutes les cultures surtout dans celle de Birago Diop, qui est aussi la nôtre, « les morts ne sont pas morts. » Cette idée force est fortement vécu dans nos milieux au point que, dans les grandes cérémonies, nous invoquons les ancêtres pour avoir leur soutien spirituel et leur protection. Au fond, l’idée de la mort ne doit pas nous hanter, puisque nous savons, même sans la foi chrétienne, que l’homme africain ne meurt pas, mais qu’il entre dans la vie. En réalité, ce que nous appelons mort, nous la côtoyons chaque jour, chacun d’une manière ou d’une autre et nous savons aussi que la vie est faite de bonheur, de misère, de séparations déchirantes. Nul n’est à l’abri des vicissitudes de la vie. Aussi est-il normal de pleurer les morts. Chez les juifs, ils le font pendant 30 jours. Et moi, je comprends parfaitement, quand devant de telles situations l’on pleure : « on pleure parce qu’on ne peut pas s’empêcher et pleurer quelques fois console. » Les larmes nettoient les yeux et purifient le cœur.
Cependant pleurer indéfiniment les morts, c’est réduit l’homme à la matière ; or l’homme n’est pas que matière : il est aussi âme et esprit. Pleurer indéfiniment nos morts, en régime chrétien, c’est perdre l’espérance, rejeter la foi en la résurrection et demeurer toujours dans la peur en pensant que la mort c’est la fin. Mes frères du moment où le Christ est ressuscité d’entre les morts, nous ne devons plus être esclave de la peur de la mort. Le tombeau est devenu signe de victoire de la vie sur la mort ; la mort elle-même est devenue, la porte d’entrée dans la vie. C’est pour cela que je parlais tantôt de la naissance de notre frère au ciel : il n’est pas mort, il est entré dans la vie ; il n’est pas mort il dort. C’est parce que, nous les hommes, nous n’avons pas le pouvoir de réveiller, ceux qui dorment de cette manière que nous sommes souvent attristés. Seul Dieu a ce pouvoir. C’est pour cela que le Christ n’a cessé de nous rappeler, que tous ceux qui croient en lui auront la vie éternelle, car il est lui-même la résurrection et la vie. D’ailleurs la résurrection du Christ qui est le fondement de notre foi, anticipe notre résurrection. Si nous ne croyons pas à la résurrection du Christ, cela veut dire simplement que nous nions aussi la nôtre propre. C’est pour nous, que le Christ a vaincu la mort. Il veut chasser de nos cœurs l’angoisse, la tristesse, la peur et pour nous donner la foi véritable que rien ne peut ébranler. Le Christ en ressuscitant nous a manifestés l’amour inconditionnel et inconditionné de Dieu; il nous a rachetés à grand prix et nous a introduits dans cet amour miséricordieux. Mon frère, si tu es conscient de cette réalité, tu peux toi aussi confesser que : « qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? La détresse ? L’angoisse ? La persécution ? La faim ? Le dénuement ? Le danger ? Le supplice ? En tout cela nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés. J’en ai la certitude : ni la mort ni la vie, ni les esprits ni les puissances, ni le présent ni l’avenir, ni les astres, ni les cieux, ni les abimes, ni aucune créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est en Jésus Christ notre Seigneur » (Rm.8, 35 ss). Dès lors, « si nous vivons, nous vivons pour le Christ et si nous mourons, nous mourons pour le Christ. Dans notre vie comme dans notre mort, nous appartenons au Christ » (Rm.14, 7ss).
Mes frères, le Dieu que nous adorons est le Dieu des vivants qui accomplit toujours sa promesse. Il nous a promis la vie éternelle, il nous la donnera. Il importe que nous croyions ferment en lui, c’est-à-dire que nous obéissions à ses lois. La première de ces lois est  d’aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de toute sa pensée et de toute sa force ; et  d’aimer son prochain comme soi-même. C’est par rapport à cette loi que tous, nous serons jugés.
Que l’espérance en la résurrection nous encourage donc - puisque nous reverrons ceux qui nous ont quittés – afin que nous menions une vie digne de nous obtenir la résurrection pour vivre éternellement avec nos frères dans la gloire de Dieu le Père, Dieu le Fils, Dieu le Saint Esprit. Amen.


Emmanuel Prosper TOSSOU, prêtre.
Paroisse St Esprit, Togoville (Togo)
le 21 avril 2012

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