Dt 4, 32-34.39-40 ; Ps 32 ; Rm 8, 14-17 ; Mt 28, 16-20
C’est
aujourd’hui la fête de la Sainte Trinité.
Ce mot pour parler de Dieu n’existe pas dans la Bible. Et, avant de
devenir un dogme de foi défini par l’Église, ce mystère de la Trinité
est une expérience, l’expérience des apôtres, celle des chrétiens, et la
nôtre aujourd’hui.
L’expérience
des apôtres d’abord.
Les disciples de Jésus avaient hérité, bien sûr, de la foi de leur
peuple, le peuple juif. Ils croyaient au Dieu de l’alliance, au Dieu de
la promesse qui viendrait libérer et sauver le peuple qui avait trahi
cette alliance. Pour le prier, ils reprenaient les mots des psalmistes :
Dieu est notre rocher, un abri, une forteresse, un chemin, une
lumière. L’expérience des premiers disciples, c’était d’abord
cela.
Puis ils ont fait une autre expérience. Pendant trois ans, ils ont
partagé la vie de Jésus. Après sa mort, ils se sont souvenus de la
manière dont il avait vécu, de la façon dont il était mort en aimant et
pardonnant. Ils se sont souvenus des mystérieuses apparitions où ils
l’avaient revu vivant. Ils ont acquis la certitude que Jésus n’était pas
un prophète comme les autres. Quand il parlait, quand il agissait,
c’était Dieu qui parlait et qui agissait. Ils l’ont entendu parler de
son Père et déclarer : "Croyez-moi : je suis dans le Père, et
le Père est en moi". Ils ont osé croire et osé dire que Dieu
lui-même s’était rendu visible dans l’existence de cet homme.
Enfin ils étaient sûrs que le Christ était encore et toujours avec eux
par son Esprit qu’il leur avait promis en les quittant, l’Esprit qui
leur donnait la force de proclamer son nom partout, en dépit des
difficultés.
L’expérience
des chrétiens.
Si le mot de Trinité n’a jamais été prononcé par les apôtres et les
premiers chrétiens, cela ne les empêchait pas de célébrer avec foi Dieu,
Père, Fils et Esprit. A la suite des hésitations et des confusions sur
Jésus et sur l’Esprit Saint au sein des nouvelles communautés
chrétiennes, il s’est avéré nécessaire de traduire le mystère de Dieu
dans un langage qui ferait référence. C’est à la suite des conciles de
Nicée en 325 et de Constantinople en 381 que l’Église a adopté ce
concept de Trinité. Parce qu’il rend parfaitement compte du mystère de
Dieu pour les chrétiens. Tri-unité. Ce mot paradoxal conjugue à
la fois la nature unique de Dieu et la relation distincte
des trois personnes : Père, Fils et Esprit. Par nature, Dieu est
Amour. Mais cet amour ne peut s’exprimer que dans une relation à autrui.
Ce qui permet d’approcher le mystère de la Trinité comme étant le
mystère d’une relation d’amour au cœur même de Dieu.
Notre expérience aujourd’hui
Nous
sommes un peu comme les apôtres. Avant de connaître la formulation
théologique de la Trinité, nous en avons l’expérience depuis notre
baptême En effet, nous avons été baptisés au nom du Père, du Fils et du
Saint Esprit. C’est pourquoi, chaque jour, chaque dimanche, et au début
de chaque messe, nous traçons sur nous le signe de croix dans lequel
nous reconnaissons bien la croix mais pas toujours la Trinité.
Au nom du Père, la main sur le front, le siège de notre
réflexion. C’est de là que part notre vie Nous affirmons comme le
faisaient déjà les apôtres, que le Père est source de la vie.
Au nom du Fils, la main sur le cœur, lieu symbolique de l’amour.
Nous affirmons que le Fils nous a aimés jusqu’à partager notre vie
humaine et à nous donner la sienne.
Au nom du Saint Esprit, la main sur une épaule, c’est l’Esprit
qui nous aide à porter le poids de notre vie et à marcher sur le chemin
un peu fou de Jésus.
Aujourd’hui,
il y a quelque chose que nous pouvons faire à l’égard de la Trinité de
plus heureux encore que de la contempler et l’imiter : c’est d’entrer
en elle ! Nous ne pouvons pas saisir l’océan, mais nous
pouvons y entrer ; nous ne pouvons pas comprendre le mystère de la
Trinité mais nous pouvons y entrer ! Et précisément, ce soir, (ce
matin), dans cette église, nous célébrons la mort et la résurrection du
Christ. Mais toute la prière eucharistique est adressée au Père, par
Jésus et dans l’Esprit. Dans quelques instants, nous allons communier et
c’est au Père
que nous demanderons « qu’ayant part au corps et au sang du Christ,
nous soyons rassemblés par l’Esprit en un seul corps. » (PE2)
Ainsi, à défaut de comprendre le dogme de la Trinité que nous célébrons,
nous sommes invités dès maintenant à entrer dans son intimité.
Hubert Ploquin, diacre permanent
26 mai 2024
St Philippe et St Jacques de Sautron - St Léger d’Orvault – Ste Bernadette d’Orvault