Année B
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retour vers l'accueilLa Sainte Trinité
Dt 4, 32-34.39-40 ; Ps 32 ; Rm 8, 14-17 ; Mt 28, 16-20
« Au nom du Père, et du fils, et du St Esprit ! »
En disant cette formule lorsque nous faisons sur nous-mêmes le signe de
croix, nous affirmons notre foi en la Trinité. Nous, chrétiens, nous
croyons à la Trinité. En un Dieu Trinité.
Nous croyons, c’est une chose… de là à dire que nous comprenons bien ce
qu’est la Trinité, il y a plus qu’une nuance ! Mais ce n’est pas grave
: la foi ne nécessite pas la compréhension, comme la compréhension ne
nécessite pas la foi. La Trinité est ce qu’on appelle un mystère. Et un
mystère, il est possible d’y croire, mais c’est impossible de le
comprendre. C’est la définition même du mystère. Un mystère, on n’a
jamais fini de tenter d’entrer dans sa compréhension. On ne le
comprendra vraiment totalement que quand nous serons dans la pleine
connaissance, quand nous serons en Dieu.
La belle affaire ! Il ne faudrait tout de même pas que ça nous dispense
de faire appel à l’intelligence que Dieu nous donne pour essayer d’y
voir un peu plus clair. L’intelligence doit éclairer la foi. Les deux
ne s’opposent pas, elles se complètent.
Alors, la Trinité ? …
Si on faisait aujourd’hui un « micro-trottoir », en demandant aux
passants « qu’est-ce que la Trinité ? » on aurait des réponses du genre
« c’est un quartier de Clisson ! » ou peut-être : « une église de
Clisson ». C’est que la question serait mal posée. Il ne s’agit
pas de demander « qu’est-ce que la Trinité ? » mais plutôt : « qui est
la Trinité ? » Et la réponse, alors, est assez simple : la Trinité,
c’est Dieu !
Bon, d’accord, ça ne nous avance pas beaucoup. Alors, allons voir dans
la Bible ! Pas de chance, si on ouvre sa Bible et qu’on cherche le mot
Trinité, on risque fort d’être déçu. Le mot n’y figure nulle part. Il
faut attendre le début du troisième siècle, avec Tertullien, qui forge
ce mot à partir de « tri-unité », pour le voir apparaître. Mais
Tertullien n’a pas inventé la Trinité. Il n’a fait que mettre un mot
sur le concept de ces trois personnes divines, concept déjà présent dès
les premiers récits de la Bible. Quand Abraham reçoit la visite de
Dieu, dans le livre de la Genèse, c’est sous la forme de 3 voyageurs
inconnus. Le texte y emploie tantôt le singulier, tantôt le pluriel
pour désigner cet énigmatique visiteur en trois personnes, pour bien
exprimer la complexité qu’il y a à définir Dieu.
Et comment définir Dieu, s’il ne se laissait pas définir lui-même ?
Dans toute l’histoire biblique, ce n’est pas l’homme qui essaie de «
deviner » Dieu, c’est Dieu qui se révèle à l’homme. Ça change tout !
Dieu se révèle, progressivement, au cours de l’histoire, à mesure que
l’homme peut le comprendre. Cette révélation progressive va donc
évoluer, s’enrichir au cours des siècles.
Dieu se révèle d’abord comme l’Unique, ce qui est déjà une révolution
dans un monde aux multiples divinités qui caractérise toutes les
civilisations antiques. Au peuple hébreu esclave en Égypte, il se
révèle ensuite comme le Dieu qui sauve. Puis comme le Dieu créateur, à
l’origine de toute vie. Quelle meilleure image alors que celle d’un
père, pour faire comprendre qui est Dieu qui donne vie ? Mais aussi, ce
Dieu Père est un Dieu qui continue d’agir, et c’est par son Esprit, son
souffle, l’Esprit Saint, qu’il agit. Dès les premiers mots de la Bible,
au deuxième chapitre, c’est en insufflant son souffle de vie dans les
narines d’un être de glaise, que Dieu crée l’homme. Le Père est donc
aussi Esprit. Cet Esprit qui inspirera les prophètes et qui se
manifestera au cours de l’histoire humaine, parfois comme une colombe,
ou encore comme un feu, une brise légère ou un souffle puissant au jour
de la Pentecôte. Cet Esprit qui se manifeste encore aujourd’hui dans le
quotidien de nos vies.
Et pour achever sa révélation, ce Dieu viendra partager la condition
des hommes en se faisant homme lui-même, par Jésus, le Fils, qui a vécu
sur la terre il y a 2000 ans.
Alors, on pourrait objecter que le Fils, Jésus, n’est venu que bien
plus tard, après toutes les histoires et péripéties de l’ancien
testament. Il ne serait donc pas vraiment Dieu, parce que pas éternel,
mais seulement le fils, né d’une femme et d’un dieu. Un demi-dieu,
comme ceux de la mythologie grecque. Mais Saint Jean débute son
Évangile en nous rappelant que Jésus est le Verbe de Dieu, sa Parole
agissante, et qu’il était en Dieu dès les commencements :
« Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu.
Il était au commencement auprès de Dieu.
C’est par lui que tout est venu à l’existence, et rien de ce qui s’est
fait ne s’est fait sans lui. » (Jean, chapitre 1, versets 1, 2 et 3).
Jésus, le Fils, est donc lui aussi éternel ! Il est la Parole créatrice
de Dieu.
Voilà donc un Dieu qui est unique, et qui se manifeste comme à la fois
un Père créateur, un Esprit agissant avec puissance, et une Parole
incarnée dans son Fils Jésus. Et c’est par ce fils que tout a été fait,
comme nous le proclamons dans notre credo, celui qu’on appelle le
symbole de Nicée-Constantinople : « né du Père avant tous les siècles »
; « de même nature que le Père, et par lui tout a été fait ». Donc
c’est le Père qui crée, mais par l’action de l’Esprit, et c’est par le
Fils que tout a été fait. Donc il s’agit bien du même être : Dieu,
l’Éternel, l’Unique.
Tout ça, ce sont des mots… toutes ces belles démonstrations peuvent
satisfaire notre soif de connaissance. Mais dans le fond, ça n’explique
rien… Dieu ne se met pas en équation. Il ne rentre pas dans nos
raisonnements savants. Nous l’avons dit : il se révèle lui-même, il se
laisse chercher, il se laisse trouver. Même par des personnes qui n’ont
pas de capacités particulières. La preuve, si on peut dire, c’est cette
multitude de personnes qui connaissent vraiment Dieu, certainement
mieux que moi, sans comprendre les subtilités de ce concept de Trinité.
C’est que, dans toutes ces considérations théoriques, dans ces
démonstrations que nous venons d’entendre, il manque le fondamental :
il manque l’amour !
Oui, frères et sœurs, la vraie connaissance de Dieu, Père-Fils-Esprit,
est d’abord une rencontre. Une rencontre personnelle, un cœur à cœur.
Une rencontre d’amour ! Une relation intime, amoureuse, pour laquelle
aucun raisonnement rationnel n’est adapté. L’intelligence, les concepts
intellectuels n’ont rien à nous apprendre de cette mystérieuse
relation. Car si Dieu est Trinité, il l’est parce qu’il est d’abord et
avant tout amour. Ceux qui connaissent vraiment Dieu ne l’ont pas
rencontré dans des livres, ni en suivant des raisonnements bien
structurés. C’est en aimant que l’on rencontre Dieu. C’est en aimant
que l’on connait Dieu. « Celui qui aime est né de Dieu et connaît
Dieu ». Ce n’est pas moi qui le dis, c’est Jésus lui-même dans
l’évangile de Jean, au chapitre 14. Tout est là ; tout est dit…
Alors frères et sœurs aimés de Dieu, que ce Dieu-Trinité nous bénisse,
lui qui est le Père, (+) le Fils (+) et le Saint Esprit (+)
! Amen !
Daniel BICHET, diacre permanent,
Maisdon sur Sèvre et Clisson
30 mai 2021
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