Année A-B-C
retour vers l'accueilPrésentation du Seigneur au Temple
La présentation des enfants au Temple, quarante jours après leur
naissance, est un rituel du peuple juif que nous avons perdu dans nos
régions. Mais, lorsque je suis allé en Amérique centrale, au Honduras
dans la cathédrale de San Pedro Sula, l’église était pleine de jeunes
familles avec de nombreux enfants, et j’ai vu au moment de
l’offertoire, les mamans venir avec leurs bébés en procession présenter
leur enfant au Seigneur. Chaque Mère remettait son enfant dans les
mains du prêtre. Celui-ci se tournait vers l’autel et présentait
l’enfant au Seigneur, porté à bout de bras. J’ai compris ce jour-là le
sens de ce geste : dire « merci » au Seigneur et confier son enfant à
Dieu pour la vie. Vie souvent difficile dans ce pays, un des plus
pauvres de la planète.
Jésus, dans les bras de Marie, vient au temple pour accomplir le rituel
du peuple juif. Surprise : Siméon et Anne annoncent que le salut se
réalise par cet enfant : Jésus est le salut et la lumière des nations.
Il est en même temps signe de contradiction.
Marie accompagnée de Joseph, entrent donc dans le temple avec Jésus.
Poussés par l’Esprit, Siméon et Anne y arrivent en même temps. Ces deux
vieillards vont reconnaître en cet enfant Jésus le Messie attendu par
tout le peuple. Cette première entrée de Jésus au temple se passe dans
une grande simplicité : accomplissement du rite de présentation de
l’enfant à Dieu et l’offrande de deux tourterelles. Au-delà du rite
proprement dit, Siméon qui reçoit de Marie l’enfant dans ses bras,
jubile et des paroles de bénédiction et de louange sont proclamées par
la prophétesse Anne. La solennité de ce jour nous fait entrer plus
avant dans le mystère de l’incarnation. Jésus, le sauveur, a partagé la
condition des enfants des hommes, comme nous le dit Saint Paul.
On peut se demander comment Marie et Joseph ont vécu ce moment. Ils ont
sûrement été étonnés par les paroles prononcées par Siméon désignant
Jésus comme « sauveur » ; et le texte précise qu’ensuite, après avoir
béni l’enfant, Siméon dit à Marie : « Cet enfant… sera signe de
contradiction, et toi, ton âme sera traversée d’un glaive. » Joseph et
Marie n’ont certainement pas tout compris ; mais déjà, comme lorsqu’ils
retrouveront Jésus au temple parmi les docteurs de la loi, à 12 ans,
Marie et Joseph ont gardé tout cela dans leur cœur et ont médité ces
paroles qui prendront consistance au fur et à mesure de la vie publique
de Jésus. En attendant, « Ils retournèrent en Galilée, dans leur ville
de Nazareth. L’enfant, lui, grandissait et se fortifiait, rempli de
sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui. » Jésus y vivra 30 ans,
enfant parmi les enfants de son village, puis, charpentier avec son
père Joseph, homme parmi les hommes.
Siméon et Anne, inspirés par l’Esprit Saint ont donc reconnu en cet
enfant le Messie annoncé par les prophètes : Siméon est comblé et peut
partir en paix, car ses « yeux ont vu le salut préparé à la face des
peuples : lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton
peuple Israël. » Et Anne parlait de l’enfant à tous ceux qui
attendaient la délivrance d’Israël…
A Noël, l’enfant Jésus nous est donné. C’est l’émerveillement des
bergers et l’adoration des mages. Avec la présentation au Temple, Jésus
va, pour la première fois, à la rencontre de son peuple. Il n’est pas
encore capable de parler, mais, avec les paroles de Siméon et d’Anne,
inspirés par l’Esprit, une nouvelle relation d’amour est initiée sur
cette terre, entre Dieu et l’humanité, entre Dieu et chacun et chacune
d’entre nous. En venant aujourd’hui dans cette église, c’est bien ce
que nous sommes venus célébrer et vivre pendant cette messe :
voir dans cet enfant, le don de Dieu, reconnaître qu’il est notre
lumière, et qu’il nous apporte le salut. Saint Paul insiste sur ce
point : « ceux que Jésus prend en charge…c’est la descendance
d’Abraham… afin d’enlever les péchés du peuple. Et parce qu’il a
souffert jusqu’au bout l’épreuve de sa passion, il est capable de
porter secours à ceux qui subissent une épreuve. » La nouvelle relation
d’amour qui se noue avec la présentation au temple va jusque-là. Dans
nos souffrances, dans nos épreuves, Jésus est là, avec nous, pour nous
porter secours.
Dans les paroles de Siméon, il y a la joie certes, mais aussi l’annonce
que Jésus sera signe de contradiction. C’est le destin tragique de
Jésus : Il apporte le salut, mais ses paroles et ses actes ne
laisseront pas indifférent, ils exacerberont les contradictions et
provoqueront de la haine jusqu’à sa mise à mort. Marie, sa mère prendra
tous ces évènements de plein fouet : son « âme sera traversée d’un
glaive ». La vie de Marie, ne sera pas un long fleuve tranquille. Il en
est de même pour tout chrétien plongé dans un monde où la beauté côtoie
la laideur du péché. Chaque vie est un combat, et Jésus oblige chacun à
être au clair sur sa part d’ombre et de lumière. Les évangiles
témoignent de la bonté et de la douceur du Christ avec les personnes
rencontrées, et dans le même temps, de l’exigence de vérité et de
lucidité que le Christ demande à ses interlocuteurs. Les disciples
savent bien que l’appel de Jésus est exigeant. Ils ont à faire des
choix difficiles pour suivre Jésus. Parfois, ils trahissent… mais la
miséricorde du Seigneur les relève. Le christianisme est un chemin de
vie exigeant et joyeux tout à la fois, à l’image des paroles prononcées
par Anne et Siméon.
Comme Siméon et Anne, nous sommes ici dans le temple
de Dieu. Prenons à notre compte cette parole lumineuse : « Maintenant,
ô maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix
selon ta parole ». C’est la prière qui est reprise chaque soir dans les
complies, dites par les religieux et religieuses, les prêtres, les
consacré(e)s et beaucoup de laïcs. Prière de confiance et d’abandon
entre les mains de Dieu avant la nuit.
Yves MICHONNEAU, diacre permanent
2 février 2020
Paroisse St Léger Ste Bernadette d’Orvault
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