Lectures choisies : Mt 25
Homélie dimanche Pôle Solidarité 26 avril 09
Ce
qu’on peut remarquer d’extraordinaire, en Matthieu 25, texte choisi par
le P solidarité pour ce dimanche, c’est d’abord la solidarité de Jésus
avec les hommes démunis et pauvres, avec les malheureux Une
identification étonnante avec celui qui a faim, celui qui a soif, celui
qui est étranger, celui qui est nu, celui qui est malade, celui qui est
en prison. Chaque fois cet homme c’est Jésus qui fait corps avec les
plus petits de notre monde dans leurs besoins les plus élémentaires et
les plus quotidiens: manger, boire, être vêtu, recevoir une visite Ce
qu’on a fait à cet homme, c’est à Jésus qu’on l’a fait. Ce qu’on n’a
pas fait à cet homme, c’est à Jésus qu’on ne l’a refusé.
Jésus, dans
l’affamé, l’assoiffé, l’étranger, le prisonnier. C’est le paria,
l’exclus, de tous les systèmes, de toutes les classes, de toutes les
nations (réfugiés, exilés, sans papiers, sans logement -une liste qui
serait longue). C’est pourquoi l’Evangile du Christ vécu dans sa vérité
est toujours contestataire de l’ordre établi, il devrait toujours
déranger. Il nous interpelle, il ne nous laisse jamais au repos car
c’est maintenant la décision du partage qui change la vie en société.
...
avez-vous noté que Jésus ne dit pas "Ils ont eu faim, soif..", mais
"j'ai eu faim, soif.." Un "je" lourd de signification. En soulageant
nos frères, c'est à LUI qu'on fait du bien… (ce que vous avez fait aux
petits, c’est à moi que vous l’avez fait…)
c’est la grande surprise ! !… Quand ?… Où ?… Comment ?… C'était toi ?
En
réalité n’a-t-on pas de la difficulté à reconnaître et rencontrer le
Christ aujourd’hui qui habite le pauvre en chair et en os, à notre
porte ?
…si nous avons, un jour ou l'autre, visité le malade ou le
prisonnier, nourri l'affamé… nous avons aussi un jour détourné les
yeux, la main ou le porte-monnaie, changé de trottoir pour éviter de
croiser la détresse. Nous comprenons bien qu'il s'agit d'attitudes, de
comportements nouveaux, de changement du cœur.
Nourrir,
prendre soin, visiter, accueillir.. autant de gestes de la vie de tous
les jours pour une vraie rencontre avec Dieu. Si je cherche Dieu que
dans les temples, les églises, je risque de n’y trouver que le Dieu de
mes pensées et de mes rêves. Dieu se rencontre sur le chemin de
l’homme : dans l’atelier de Nazareth, à la table des noces de
Cana, dans la maison de Zachée, sur le chemin d’Emmaüs… partout où des
hommes travaillent, vivent, souffrent, ouvrent leur cœur au partage.
C’est là qu’il est présent, qu’on le rejoint sur la route, dans son
amour de l’homme ; comme les disciples d’Emmaüs, sommes-nous
suffisamment en éveil pour écouter ce frère que nous côtoyons, alors
qu’il est dans la détresse morale ou physique ? N’est-il pas le
Christ à nos côtés. Faudra-t-il qu’il disparaisse pour le reconnaître,
l’aider, partager ?…(Jean D)
disciples du Christ, que nous
sommes, le service du frère (diaconie) n’est pas 1 matière à
option ; aussi est-il urgent de se ré-approprier le thème de la
solidarité, l’Eglise en a grand besoin ! :
« l’amour
du prochain, enraciné dans l’amour de Dieu, est avant tout une tâche
pour chacun et pour la communauté toute entière… le devoir de la
charité et son exercice est un acte d’Eglise en tant que telle… elle
fait partie de l’essence de la mission originaire »(Benoît XVI
Dieu est amour).
…et J Paul II en France avait cru bon de lancer un
appel aux responsables de l’Eglise : « Vous devez, leur
avait-il dit, avoir un plan de solidarité » Dans le même temps les
évêques rendaient public un message : « la solidarité une
urgence pour tous »
car cette dimension de la solidarité,
du caritatif n’est pas que l’affaire de spécialistes…mais de tous, les
organisations caritatives n’en sont pas des
« sous-traitants » (la charité çà ne se sous-traite pas).
Elle fait vraiment partie de la vie de chaque communauté et de
l’Eglise, dès l’origine. La diaconie -service de la vie des hommes -
est constitutive de la foi, de notre mission, et non consécutive. Sans
Diaconie l’Eglise ne peut être l’Eglise. Elle n’a pas d’autre raison
d’exister que sa mission dans le monde au service des autres.
Dans
les 1ères communautés la solidarité était portée par tous. Et puis avec
le temps : ça été l’affaire des institutions spécialisées.
Aujourd’hui, on a perdu ces institutions (les hôpitaux, les
institutions) mais d’autres se sont créés : Secours Catholique,
CCFD, aumônerie des prisons, des gens du voyage, l’écoute de la rue, St
Vincent de Paul etc… (socle du Comité Vigilance et Solidarité)
La
grosse question aujourd’hui c’est : comment moi chrétien de base
(celui qui va à la messe le dimanche) je vais me laisser toucher par ce
qui se vit comme actions solidaires dans lesquelles des bénévoles, des
militants sont impliqués ? et comment la communauté peut-elle en
être colorée et enrichie ? Pourquoi ne pas m’intéresser, d’une
manière ou d’une autre, à ce que vivent, comme engagements associatifs
ou politiques, ces chrétiens qui prennent au sérieux ce qui se passe
dans notre ville, nos quartiers (CCQ, soutien scolaire, aide aux
devoirs, solidarité avec les gens du voyage…) mais aussi à l’échelle
internationale (accompagnement scolaire d’enfants de Bethléem,
solidarité avec les pays d’Afrique)… « Il est souhaitable que des
chrétiens s’engagent dans des institutions qui n’ont rien à voir avec
l’Eglise ; ils peuvent y être vecteurs d’échanges fructueux. »
(Etienne Grieux) Alors aurais-je la chance d’entendre quelque chose de
ce que vivent les plus pauvres, les plus désorientés aujourd’hui,
celles et ceux qui se sentent abandonnés, humiliés, blessés… ?
« J’ai
eu faim, soif, j’étais étranger » quand t’avons-nous vu
Seigneur et quand t’avons-nous recueilli c’est toujours
d’actualité : l’étranger est chez nous désormais, à nos portes et
dans nos églises. Est-ce une préoccupation pour notre vie
communautaire ? Comment les accueillons-nous ?
La solidarité est plus que jamais nécessaire en cette période où la crise frappe plus encore les pauvres de + en + nombreux.
La
route du service et de la collaboration dans l’Eglise est largement
ouverte, c’est la route Pascale qui nous emmène sur tous les lieux de
la solidarité humaine. Oui Dieu se donne toujours à voir en serviteur
de l’homme; Aussi Témoigner du Christ Ressuscité, ça doit se voir dans
nos communautés, çà doit rayonner !
Voilà quelques questions auxquelles chacun d’entre nous peut essayer de répondre :
comment
nous laissons-nous toucher par des personnes en détresse et les
situations nouvelles qui nous déroutent ? – par ex: le délit de
solidarité bien exprimé dans le film Welcome -
quels espaces je
vais trouver ou inventer pour tisser des liens, des relations
fraternelles, vivre de nouvelles proximités sur le quartier ou
m’impliquer dans ma ville… ?
quelle contribution de ma part, à quels chantiers participer sur le moyen ou le long terme ?
Et à chaque fois, pourquoi, selon moi, il en va de l’Evangile ?
Pourquoi
tous les Chrétiens sont-ils appelés à prendre le chemin de la
solidarité ? : ne serait-ce pas tout simplement parce qu’ils
ont rendez-vous avec le Christ :
En lisant les Ecritures
En célébrant l’Eucharistie et les sacrements
En ne se détournant pas de leurs
frères et sœurs, notamment les + fragiles
Un seul de ces 3 piliers manque, et l’Eglise boîte !
Si Jésus, le Ressuscité, est vivant et présent aujourd’hui sur mon chemin, à moi de ne pas me détourner de lui ! !
François CORBINEAU, diacre permanent
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