Premier jour
La liturgie du dimanche de Pâques nous offre deux récits des premiers témoins de la résurrection. A l’aube du premier jour de la semaine, l’Evangéliste Saint Jean se hâte avec Pierre, précédés par Marie-Madeleine, jusqu’au tombeau dont la pierre est enlevée, tandis que Saint Luc (24, 13-35) accompagne le dialogue du ressuscité avec deux autres disciples, sur le chemin qui mène jusqu’au partage du pain à la tombée du jour.
Chacun des deux récits de ce « même jour » commence dans les ténèbres : vers un corps déposé au tombeau, et dans la tristesse du retour à la vie passée, toutes illusions perdues. Une révélation va ouvrir les yeux, brûler les cœurs, et retourner les disciples vers leurs frères et vers la vie.
Deux récits du premier jour d’une révélation. La résurrection ne fut pas un évènement éblouissant, éclatant, évident. La crucifixion eut lieu au plein jour ; la résurrection n’eut ni heure, ni parole, ni témoin. Elle ne se révèle que progressivement, par des signes à accueillir avec les yeux de la foi, entre ombre et lumière, aux premières lueurs de l’aube ou quand le jour baisse.
Il y eut un matin, il y eut un soir. Premier jour de la création nouvelle.
Révélation
Nos yeux ont besoin de temps pour s’habituer à l’obscurité. Jean est entré par étapes dans le tombeau, et dans la foi. Arrivé le premier, il s’interdit d’entrer seul. Le doute l’a retenu sur le seuil. Il lui fallut un second pas, le pas de la foi, pour avancer derrière Pierre. En restant à l’extérieur et en se penchant, Jean ne pouvait qu’apercevoir des linges posés à plat ; mais en entrant, il « vit et il crut ».
Notre regard est parfois ébloui par la pleine lumière du jour. En un instant, toute la mémoire de l’Écriture illumine le disciple bien aimé : il fallait que Jésus passe par le tombeau et ressuscite d’entre les morts. Pas d’autre signe que des linges. Le vêtement désormais inutile est déposé : Jésus est entré au service de la Vie. Libéré du suaire de la mort, il nous devance au grand jour.
Et il marche déjà sur la route d’Emmaüs, aux côtés de disciples qui ne reconnaissent pas encore en lui, le visage du Père. La lumière peut nous aveugler autant qu’elle nous illumine.
Jésus ne s’impose pas. Au rythme de la marche, pas après pas, il s’approche et entre en dialogue, puis il ouvre les oreilles du cœur à l’écoute de la Loi et des Prophètes. Jésus, Verbe de Dieu, est la pleine révélation de l’Écriture tout entière.
L’Écriture ne s’impose pas. Elle se révèle quand notre intelligence et notre cœur s’ouvrent à elle ; le cœur brûlant en est le signe.
Le Christ ressuscité ne s’impose pas non plus, mais il ouvre nos yeux au signe de la fraction du pain quand il reste à notre table : il est présent réellement dans le pain rompu.
Les femmes ont été les annonciatrices de cette révélation dès l’aube. Au soir du premier jour, les disciples désormais missionnaires courent vers leurs frères à Jérusalem. Tout commence aujourd’hui, et si nous le voulons, nous pouvons être emportés dans ce mouvement pascal.
Prions
Seigneur,
Aujourd’hui encore, lorsque nous sommes réunis en ton nom,
Tu nous ouvres les Écritures et tu nous partages le pain.
Par ta résurrection, tu as relevé notre nature humaine bien au-dessus de sa condition originelle.
Souviens-toi de cette œuvre de ton amour,
Maintiens-nous dans ta bénédiction.
Donne-nous d’être tes révélateurs auprès de nos frères,
Depuis les lueurs de l’aube jusqu’à l’heure où tombe la nuit.
Emmanuel MERIAUX, diacre permanent
Le 20 avril 2025