Nous fêtons aujourd’hui la fête de l’Epiphanie, c’est-à-dire la manifestation du Christ. Les pères de l’Eglise dont St Jean Chrysostome, ont fixé cette date pour commémorer, le même jour, trois événements lors de la fête de l’Epiphanie : l'Adoration des mages, le Baptême dans le Jourdain, et les Noces de Cana. Dès le Moyen Âge, la liturgie chrétienne a rassemblé ces trois événements, mais la piété populaire et l'art chrétiens ont surtout privilégié l'Adoration des mages.
Je vous invite à regarder
aujourd’hui
tous les personnages de l’évangile :
Les mages, le Roi Hérode, les
prêtres
et les scribes, Marie et Jésus. Et puis l’Etoile.
Les mages
(en grec ce
sont plutôt des sages).
St Mathieu, qui est le seul à
rapporter
leur visite, nous dit qu’ils viennent d’orient. Dans nos crèches
occidentales
traditionnelles il y a un européen, un asiatique et un africain, trois
origines
pour manifester l’universalité du message de Jésus au monde entier.
Dans les icônes orthodoxes
melkites,
ils sont trois également, venus du Moyen Orient mais il y a un jeune
homme, un
vieillard et un homme dans le milieu de sa vie, pour nous dire également
que le
message de Noël s’adresse à tous, quel que soit notre âge.
Le Roi Hérode.
Il est jaloux
de tous pour garder son pouvoir, qu’il a acquis par des combines et des
guerres. Il se méfie de tous, y compris de ses propres enfants.
D’ailleurs il
fera assassiner trois de ses fils. Le massacre des saints innocents ce
sera lui
aussi.
Les prêtres et les scribes,
fins
connaisseurs de la Loi. C’est sur eux que tout le peuple s’appuie pour
interpréter les commandements et les paroles des prophètes.
Marie et Jésus
sont dans la
maison et accueillent tout cela sans aucune parole.
Pape François :
« Alors que
la ruine de l’homme est que chacun suit son propre chemin, dans la
crèche tous
convergent vers Jésus, prince de la paix dans la nuit du monde »
Je voudrais regarder avec vous
le
positionnement de chacun de ces personnages par rapport à la crèche. Ils
y
viennent ou pas et pourquoi agissent-ils ainsi.
Les mages ont suivi une
étoile. Ce sont
certainement des scientifiques de leur temps : il y avait en
Chaldée et en
Mésopotamie des savants qui possédaient de grandes connaissances
mathématiques
et astronomiques pour cette époque.
Alors ont-ils suivi une
étoile, une
comète, une lumière intérieure ? Nous ne le savons pas. Cette
lumière leur
a été cachée un temps, ce qui les a amenés à aller chez Hérode. Et ils
ont à
nouveau retrouvé leur guide, jusqu’à la maison de Bethléem.
Ils sont partis de chez eux,
pour un
voyage lointain et incertain pour rencontrer un roi à qui ils ont offert
des
cadeaux que l’on offre à un Dieu. L’or pour le roi, l’encens et la
myrrhe pour
Dieu (pour les Hébreux, la myrrhe est l'un des principaux composants
d'une
huile d'onction sainte.)
Le Roi Hérode. Il semble très
intéressé
même si cet intérêt est sournois. Il ne se déplacera pas pour voir de
lui-même
ce petit enfant futur roi des juifs, malgré ses paroles à ces mages
visiteurs.
Les prêtres et les scribes. Ce
sont des
savants, des sages, qui comprennent bien la quête des mages. Pourquoi
n’ont-ils
pas compris que ce qu’ils disaient avait une portée religieuse pour le
peuple
hébreu et pourquoi ont-ils été les valets du roi Hérode ? Eux aussi
auraient pu aller voir.
Donc si l’on résume : les
mages,
probablement non juifs ont fait un grand voyage pour voir « le
roi des
Juifs qui vient de naître ». Mais ceux qui sont proches,
Hérode le
jaloux, qui représente le pouvoir et tous ses vices et surtout le clergé
juif,
plein de leur suffisance, eux ne se mettent pas en mouvement.
Vous connaissez les
Béatitudes, ces
apostrophes de Jésus qui commencent toutes par bienheureux. Un
traducteur de la
Bible, André Chouraqui, a remplacé ce mot par « en marche »
qui a une
connotation très dynamique et active qui traduit la démarche pour être
heureux,
alors que « Heureux » ou « Bienheureux » semble
davantage
décrire un état de fait déjà obtenu.
Les mages sont des chercheurs
qui ne se
lassent pas d’avancer pour aller au bout de leur recherche. Ils sont en
marche !
Hérode et les hommes de
pouvoir : il
y a là une leçon à tirer : la recherche du pouvoir et de la gloire
est
incompatible avec la volonté de Dieu dont l’incarnation est l’expression
la
plus haute. Prenons garde à nous : poursuivre des ambitions
mondaines
peut facilement nous mettre dans le camp des persécuteurs du Christ sans
même
nous en rendre compte. Quand bien même nous arriverions à gagner le
monde
entier (et parfois avec de bonnes intention) si nous devenons les
ennemis de
Dieu quel bien pourrions-nous en tirer ? Et les prêtres et les
scribes,
ils sont agrippés à leur pouvoir spirituel et ils ne voient que ce
qu’ils
regardent, sans imaginer que l’imprévu peut être un signe de Dieu.
Et pour nous aujourd’hui, qui
pourraient être ces mages qui viennent ouvrir un nouveau chemin ?
Et nous pouvons aussi nous
interroger :
ne sommes-nous pas quelquefois Hérode dans nos relations de travail, en
association, en ayant peur de la concurrence de celui qui a des idées
nouvelles ?
Et en Eglise, les différences
de
sensibilité de certains nous dérangent-elles au point de les
ignorer ?
Ce n’est pas facile mais nous
pouvons
nous interroger car il y a un peu de tout cela en chacun de nous, de moi
aussi.
Le plus important est de
rester des
chercheurs de Dieu, des marcheurs pour Dieu.
L’amour de Dieu qui nous
accompagne
partout et quelle que soit notre vie c’est la grâce de Dieu. Cette Grace
est
comparable à l’étoile qui a guidé les mages jusqu’au nouveau-né. Parfois
cette
étoile est lumineuse, parfois obscure ou cachée, mais c’est toujours
Jésus qui
attire à lui les hommes et les femmes en quête de vérité.
Seigneur ne permet pas que je
m’attache
aux grâces sensibles pour que j’avance librement sur la route qui me
conduit jusqu’à
toi.
le 7 janvier 2023