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Épiphanie


Ça commence comme un conte des 1001 nuits : Il était une fois…

Jésus était né à Bethléem en Judée.

Des mages venus du Levant arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son étoile se lever à l’orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui. »

On imagine qu’ils ont fait un très long voyage avec tout leur équipage de chameaux, et leur précieux chargement : l’or, la myrrhe, et l’encens. On installe Melchior, Gaspard et Balthazar dans la crèche… 

Avec tout le folklore qui s’est greffé au fil des années, nous avons peut-être perdu le sens profond de cette fête de l’Épiphanie. J’ai demandé à ma nièce Valentine (12 ans) ce que signifie le mot ÉPIPHANIE ; savez-vous ce qu’elle m’a répondu ? « Galette des rois ! »

Il est temps pour elle de retourner au Collège dès demain matin, pour apprendre le grec : Épiphanie, ça signifie : « manifestation d’une réalité qui était cachée». L’épiphanie n’est pas la fête de la frangipane, mais c’est la manifestation de Dieu pour le monde entier… Dieu, faible comme un enfant.

Les prophètes l’avaient annoncé tout au long de l’histoire de la Révélation (à Noël on a chanté : « depuis plus de 4 000 ans... ») Et une étoile apparue dans le Ciel a fait signe aux nations païennes, aux nations lointaines : pour le rencontrer, il faut se mettre en route.

Alors que les bergers représentent la proximité et la simplicité du petit peuple à qui Jésus s’est révélé en priorité, les mages rendent présents les peuples païens, les trois continents du monde connu de l’époque. Ils sont étranges, étrangers à toute l’histoire de la Révélation, mais ce sont des chercheurs de sens, et ils ont été attirés et guidés jusqu’à l’étable.

Le sens de l’Épiphanie, c’est cela : 

- Dieu s’est fait proche de nous, dans la faiblesse, mais pas uniquement pour le peuple de l’Alliance,

- Ce mystère est manifesté à l’Humanité entière, aux femmes et aux hommes de tous les temps, sous toutes les latitudes, et de toutes les conditions : donc, à nous !

St Paul écrit : « ce mystère n’avait pas été porté à la connaissance des générations passées (…) toutes les nations sont associées au partage de la même promesse dans le Christ Jésus. »

Dans les premiers siècles, l’Église célébrait l’Épiphanie en synthétisant en une seule fête, trois évènements fondateurs de la vie de Jésus: l’adoration des mages, le baptême au Jourdain (début de la vie publique de Jésus : « celui-ci est mon Fils bien aimé, écoutez le »), et le signe des noces de Cana  («Jésus manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui »).

Depuis le dernier Concile, la Liturgie a dissocié les trois événements, et a mis l’accent sur la manifestation de Dieu  au monde entier.

Tant mieux pour nous ! Nous, les Gaulois, les Celtes, les Bretons : nous étions les païens de l’époque, et peut-être encore aujourd’hui : nous sommes chercheurs de Dieu, mais nous avons toujours à purifier notre foi, à l’approfondir, et à chercher le vrai visage du Christ.

Alors, en quoi la manifestation de Dieu au monde éclaire-t-elle notre vie, et notre foi ?

Suivons l’exemple des mages :

Ils se sont mis en route à la vue d’un signe dans le Ciel: ils étaient chercheurs de sens, d’une réalité qu’ils ne connaissaient pas encore, mais qu’ils pressentaient comme un évènement qui pouvait transformer, et retourner leur vie.

Ils se sont mis en route, et ils ont eu besoin de discerner cette intuition, en prenant  conseil, en se rapprochant de la Révélation par les prophètes dans l’Écriture. Alors, ils ont pu faire les derniers pas jusqu’aux pieds de Jésus, et lui offrir leurs richesses. Avec une très grande joie.

Nous ne sommes pas des astrologues, et notre vie n’est pas orientée par l’observation des étoiles dans le Ciel.

Si nous sommes aujourd’hui des chercheurs de Dieu, ce qui guide notre vie, c’est la Foi, l’Espérance, et la Charité. C’est ça qui nous met en route, et qui nous indique la direction à suivre.

Comme les mages, nous avons toujours besoin de discerner, d’interroger la Tradition que nous transmet l’Église, et de laisser l’Écriture nous éclairer chaque jour, parler à notre cœur.

Alors, nous rencontrerons Jésus en nous mettant à sa hauteur, j’allais dire : « à sa petitesse », en lui offrant toutes nos richesses : peut-être pas de l’or, mais quelque chose d’encore plus précieux : notre esprit de fraternité, de solidarité, notre volonté de paix : laissons-les entre ses mains !

Quand nous avons rencontré le Christ, l’Esprit nous met en garde, et nous avertit de ne PAS RETOURNER chez Hérode… c’est-à-dire ne pas nous tourner vers le monde du mensonge, de l’orgueil, de la violence…Dire NON à ce qui conduit au MAL.

Comme les mages, nous pouvons au contraire nous LAISSER RETOURNER par Jésus après l’avoir rencontré dans toute sa faiblesse, et regagner notre pays, c’est-à-dire notre vie de chaque jour, par un autre chemin de vie. Un chemin de vie à découvrir.

Choisir un autre chemin de vie, c’est ouvrir nos yeux sur toutes les faiblesses du monde, toutes les souffrances qui sont autour de nous, et apporter comme Jésus, un peu de soulagement, une présence, une écoute : par exemple auprès des couples en difficulté, des jeunes qui sont prisonniers de la drogue, de tous ceux qui ne trouvent plus de sens à leur vie, des personnes isolées à cause de la maladie, la solitude, la dépendance du grand âge…Et il y a encore bien d’autres chemins possibles et  à notre mesure… Cheminer avec nos contemporains.

Repartir par un autre chemin, c’est adopter l’humilité de Jésus, un enfant désarmé, et le laisser se manifester en nous, pour devenir épiphanie à notre tour: oui, un avenir est toujours possible (Pierre nous le dit avec vigueur chaque dimanche !) Jésus est venu pour le Salut du monde, pour la multitude des nations, pour relever tous les hommes. Nous sommes disciples missionnaires.

Ce nouveau chemin de vie est à inventer au jour le jour, sans tambour ni trompette. Nous n’avons pas besoin d’une étoile dans le Ciel pour nous guider, ni de grandes compétences : rejoignons nos proches pour leur annoncer ce que nous avons découvert, avec douceur et respect.

L’annonce du royaume de Dieu, là où nous sommes, ce n’est pas un conte des 1001 nuits, mais c’est le vœu que nous pouvons former les uns pour les autres, et pour les 365 jours de l’année qui s’ouvre.

BONNE ANNÉE !                                                                                                                                        

Amen


Emmanuel MÉRIAUX, diacre permanent

7 janvier 2024 -  Église Saint Louis de Montfort (Nantes)



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