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Épiphanie
Is 60, 1-6 ; Ps 71 (72), 1-2, 7-13 ; Ep 3, 2-3a.5-6 ; Mt 2, 1-12

        Avec les textes de ce jour, nous restons encore pleinement immergés dans la lumière de Noël. L’octave de Noël se termine, et voici déjà l’Épiphanie !
Si c’est le dimanche des mages, c’est aussi le dimanche des images.
        Dès la première lecture, puis dans le psaume, on plonge dans ces images au décor très oriental, avec ses chameaux, ses rois, ses cités aux noms exotiques : Jérusalem, Madiane, Epha, Tarsis, Saba et Seba ; autres images fortes : le retour des fils, et des filles portées sur les hanches ; les « trésors d’au-delà des mers », les « richesses des nations » …
        Et ce fameux passage d’évangile, si haut en couleurs, avec son énigmatique étoile, ses personnages mystérieux que sont les mages, et leurs étonnants cadeaux pour un nouveau-né : l’or, l’encens et la myrrhe…
       
        Toutes ces images concentrées en un seul événement ont largement inspiré l’imagination de très nombreux artistes, dans les domaines de la peinture, du chant ou de la poésie, mais aussi de la danse, du théâtre et du cinéma.
        C’est que l’événement n’est pas banal ! C’est un basculement dans l’histoire des hommes : Dieu, l’unique, l’inconnaissable, le tout-puissant, le transcendant, s’abaisse jusqu’à nous, se fait l’un d’entre nous, épouse notre condition humaine, se rendant fragile et dépendant comme un nouveau-né. Il faut que ça se sache ! il faut faire connaître au monde entier cet événement unique et fondamental. C’est justement ce que signifie « épiphanie » : Il s’agit de manifester, non-plus seulement au peuple juif, à l’intérieur de ses frontières, mais tout autour (épi-) et jusqu’au bout du monde, cette Bonne Nouvelle.
        Et quelle est cette Bonne Nouvelle ? C’est ce que concrétise la visite des mages, et que Saint Paul annonce de manière plus explicite encore : « Toutes les nations sont associées au même héritage. » Tous les peuples de la Terre, dans leur grande diversité, sont concernés par cet héritage. Et Saint Paul ajoute « Toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps ». Au même corps, non pas comme « invités ». Héritiers à part entière, à part égale ; au même corps, c’est-à-dire à l’Église, « corps du Christ », qui est ici bien plus vaste que la seule communauté des chrétiens, des croyants, des baptisés. Toutes les nations, tous les êtres humains sur cette terre, rassemblés dans un même corps, concernés par le même salut. Personne n’en est exclu, selon Saint Paul qui poursuit : « Toutes les nations sont associées au partage de la même promesse ». Il s’agit bien-sûr de la promesse du salut. Le salut, moteur de l’espérance de tous les chrétiens, mais qui est promis aussi à tous les autres « dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’évangile » pour reprendre les mots de Saint Paul qui concluent ce passage.   
   
        « Par l’annonce de l’Évangile ». Ces quelques mots nous rappellent notre responsabilité. Ils nous rappellent que le Salut promis par Dieu passe nécessairement par l’annonce de l’évangile, c’est-à-dire par chacun de nous. L’annonce de l’Évangile est de la responsabilité de tous. L’évangélisation, l’un des 5 essentiels de la vie chrétienne, constitue une grande partie de notre mission de baptisés. Si ce n’est sa dimension principale. C’est pourquoi l’Épiphanie n’est pas une fête mineure, mais bien une solennité, ce qu’il y a de plus important dans l’ordre des fêtes. Et sa liturgie met en scène, justement, la toute première évangélisation, celle des peuples païens, qui ne connaissent pas encore le Dieu des chrétiens, ces peuples représentés par les mages à qui Dieu révèle sa Bonne Nouvelle en leur envoyant un signe : une étoile dans le ciel d’orient. Et cette évangélisation va produire une conversion.

        Ces mages, on ne sait rien d’eux, mais on est certain qu’ils n’étaient pas juifs ; ils viennent de pays lointains, là où Dieu ne s’est pas encore révélé. Ils sont donc les représentants d’autres religions, des chercheurs de la transcendance, mais à travers de multiples divinités, à travers l’astronomie, et sans doute d’autres sciences encore comme c’était le cas pour tous les peuples de la terre à cette époque. Et ces chercheurs ont vu un signe : une étoile pas comme les autres dans le ciel de leur pays, suffisamment inhabituelle pour les intriguer et les faire se mettre en route. Ces mages venus sans doute de pays différents vont converger vers la Judée. Un long voyage, une expédition !

        Mais qu’est-ce qui peut bien motiver un tel déplacement chez ces étrangers ? Qu’est-ce qui peut, aujourd’hui encore, provoquer chez des incroyants un aussi grand déplacement vers Dieu ? Un signe, un simple signe a suffi.  Car Dieu nous fait signe, à chaque instant. Le monde entier a pu voir cette étoile dans le ciel de son propre pays. Mais seulement ces quelques mages se sont mis en route. Un signe même visible par tous, ne parle pas à tous de la même manière, ni avec la même force, la même intensité. A chacun de nous d’interpréter ces signes comme venant de Dieu, comme autant d’appels à venir à lui.

       Ils se sont donc mis en marche, sans trop savoir où ils allaient, faisant confiance au signe. Ils étaient presque arrivés (une douzaine de kilomètres sépare Bethléem de Jérusalem) mais ces mages païens n’ont pas pu trouver par eux-mêmes le lieu exact où ils devaient se rendre. Ils ont dû interroger les Écritures. Plus exactement, ce sont des croyants qui sont allés voir pour eux, dans les Écritures, ce qui pouvait leur permettre d’aller plus avant dans leur quête « Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Juda, car de toi sortira un chef, qui sera le berger de mon peuple Israël. » La lecture de ce passage du prophète, et son interprétation, a été déterminante et a conduit les mages vers le but de leur voyage. Ils se sont laissés « évangéliser » pour comprendre ce qui les avait conduits jusqu’ici. Et ce qu’ils ont trouvé a provoqué chez eux « une très grande joie ». Alors, ils sont tombés à genoux et ont ouvert leurs coffrets, ont ouvert leurs cœurs à ce prodige d’un Dieu qui se fait petit enfant.

        Parmi toutes ces images, la démarche des mages est elle-même une image. Celle d’une conversion. Imitons-les sur ce chemin de conversion :
        Pour commencer, il nous faut observer un des nombreux signes que Dieu ne cesse de placer sur notre route. Puis, prendre une décision, celle de se mettre en marche. Au cours du chemin, faire connaissance avec l’Évangile, et demander de l’aide pour l’interpréter, l’appliquer pour soi-même, se l’approprier. Se laisser évangéliser. Ensuite, découvrir la joie de la rencontre, tomber à genoux devant Dieu et lui ouvrir nos coffrets, nous offrir à lui. Alors, chacun pourra poursuivre son quotidien, transformé par la Rencontre ; et comme les mages, repartir chez soi par un autre chemin.
Amen !


Daniel BICHET, diacre permanent
Gorges et Clisson, 2 janvier 2022

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