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L’évangéliste
Matthieu est très discret sur la naissance de Jésus. Il écrit
seulement : « Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du
roi Hérode le Grand ». Par contre il est le seul à faire le récit
de la visite des Mages et il met l’accent sur la
« signification » de cette naissance. Pour lui, ces mages,
venus d’Orient, préfigurent la vocation universelle de l’Evangile, ce
qui veut dire que la Bonne Nouvelle n’est pas pour quelques privilégiés
mais qu’elle s’adresse à TOUS LES HOMMES.
C’est ce que nous enseignent les textes de la Liturgie de ce jour.
Réécoutons
ce que l’apôtre Paul écrivait aux chrétiens d’Ephèse : « Le
mystère (du Christ), c’est que les païens sont associés au même
héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ
Jésus, par l’annonce de l’Evangile. ». Le mot « païens »
ne désigne pas des « incroyants » , encore moins des
« mécréants » mais, tout simplement, ceux qui n’étaient pas
les descendants d’Abraham. Désormais, dans le Christ Jésus, tous
les hommes sont associés à la promesse faite à Abraham et au peuple de
Moïse, la promesse d’une alliance éternelle.
Le prophète Isaïe,
dans la première lecture annonce que, sur Jérusalem, brille une lumière
qui attirera toutes les nations, tous les peuples du monde entier,
chacun venant avec ses richesses, avec les beautés de sa culture et de
son génie propre, tout cela pour proclamer la louange de Dieu. On peut
légitimement penser que le récit de la venue des mages dans l'Évangile
de Matthieu fait directement référence à ce texte d’Isaïe. Le message
est donc clair : désormais tous les hommes sont associés à la promesse
faite à Abraham, et que la prophétie d’Isaïe s’est réalisée avec la
venue de Jésus, lumière des nations.
Jésus, le Christ, est la
lumière du monde envoyé par Dieu le Père pour apporter son Esprit de
réconciliation et d’unité à toute l’humanité. C’est pour cela que
l’Église voit dans ce signe une invitation à porter l’Évangile au bout
du monde, à soutenir l’effort missionnaire à travers les autres
continents tout en respectant, bien sûr, la liberté de chacun. Et nous
n’oublions pas cette dimension de la mission puisque chaque année
l’Eglise nous demande, à l’occasion de la fête de
l’Épiphanie, d’apporter notre soutien spirituel et matériel aux
églises du continent africain.
A ce propos, vous avez certainement
entendu parler du synode de l’Eglise catholique d’Afrique qui s’est
tenu à Rome du 5 au 25 octobre dernier, sur le thème :
« Justice, réconciliation et paix en Afrique ». Ce fut, entre
autres, l’occasion pour quelques évêques de tenir un discours courageux
et prophétique sur les situations critiques de violences, de guerres et
de violation des droits de l’homme en Afrique. Ce synode a aussi
rappelé l’importance de conjuguer évangélisation et promotion humaine,
en encourageant un développement respectueux des cultures locales et de
l’environnement visant à faire sortir les peuples africains de
l’esclavage de la faim et de la maladie.
J’aimerais également vous
citer une partie de l’intervention donnée au cours de ce Synode par
Mgr. Vingt-Trois, le Président de la Conférence Episcopale de France .
Ce qu’il dit doit nous faire sérieusement réfléchir. Je le
cite : « Sans doute beaucoup de diocèses ou de
paroisses de France sont engagés dans une aide concrète à diverses
Églises d’Afrique. Mais aujourd’hui beaucoup de nos diocèses reçoivent
une aide importante des diocèses africains. Cette aide se présente
principalement sous deux formes. La première est le nombre des
catholiques africains émigrés en France. D’autre part, les prêtres
africains tiennent une place de plus en plus importante dans le
dispositif pastoral français. En plus des prêtres étudiants qui sont
nombreux dans les villes universitaires ( ils sont plus de 250), nous
comptons de plus en plus de prêtres africains au titre de “Fidei Donum
“. Ils sont actuellement plus de 600, alors que les prêtres français ”
Fidei Donum ” en service en Afrique ne sont pas plus de 70. » fin
de citation.
( Une petite explication : Fidei Donum , qui
signifie « Le don de la foi »: c’est le titre de la lettre
que Pie XII avait envoyée à tous les évêques du monde, en avril 1957.
Le pape les invitait à porter avec lui, « le souci de toutes les
Eglises » non seulement par la prière et l’entraide, mais aussi
« en mettant certains de leurs prêtres, pour une durée limitée, à
la disposition des évêques d’Afrique ».)
Nous pouvons constater qu’en 50 ans, la situation a bien changé..
C’est
pour cela qu’aujourd’hui il nous faut réaliser que l’Épiphanie n’est
pas seulement une invitation à porter l’Évangile au bout du monde mais
aussi un appel à porter l’Évangile au bout de notre rue L’étranger,
n’est pas que de l’autre coté des mers, il est aussi à notre porte, il
peut être notre voisin. Pas seulement parce que les migrations ont
amené là où nous vivons des gens de tous pays, mais surtout, parce que
la vie moderne, fait parfois de nous des étrangers les uns aux autres.
L’Eglise n’a pas échappé à cela. Nos contemporains sont de plus en plus
nombreux à être étrangers à l’Évangile et à son message, à être
étrangers à l’Église, à ses paroles, ses gestes, sa prière, sa culture,
y compris peut-être nos voisins et nos amis, nos enfants et petits
enfants .
Nous ne sommes pas là pour leur donner la foi - elle
est un don de Dieu - mais pour être un humble signe, une petite étoile,
un chemin pour être au service de son jaillissement dans leur cœur.
Les
Mages ont trouvé Jésus à Bethléem. Bethléem signifie la « maison du
pain ». Et là, ils l’ont trouvé réellement. Nous allons le trouver
réellement, nous aussi, au cours de cette messe, dans le pain
eucharistique.
Je vous souhaite à tous une très belle année 2010 pleine d’espérance, d’amour et de paix.
André ROUL, diacre permanent
3 janvier 2010
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