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Épiphanie
Sœurs et frères en Christ,
En ce jour, je voudrais vous dire que cette fête de l’épiphanie
représente beaucoup pour moi. D’abord parce que j’ai été baptisé un
dimanche 6 janvier, fête de l’épiphanie. Mais surtout parce que cette
fête exprime pour moi la manifestation de Jésus aux femmes et aux
hommes croyants, mais aussi à ceux des périphéries et des lointains.
Permettez que je vous livre quelques réflexions inspirées par les
textes de ce jour.
Le magnifique texte poétique d’Isaie préfigure en
quelque sorte l’épiphanie de Jésus. Il se situe vers 520 avant Jésus
Christ, c’est-à-dire une vingtaine d’années après le retour de l’exil à
Babylone (exil qui avait duré 50 ans) : période où l’on retrouve à
Jérusalem tout un monde cosmopolite ! Il est une invitation à nous
laisser guider, au milieu de nos obscurités, par la lumière du Christ,
à ne pas demeurer dans les ténèbres du fatalisme et du désespoir. Ces
paroles d’Isaïe, je cite le pape François, « nous appellent à nous
lever, à sortir, à sortir de nos fermetures, sortir de nous-mêmes, et à
reconnaître la splendeur de la lumière qui illumine nos existences ».
Les responsables de l’Eglise, les responsables d’un service d’Eglise
ont vocation à se laisser éclairer par les paroles et la vie de Jésus,
à se centrer sur Lui et non sur eux-mêmes : non pas « moi, je » sais
tout, non pas « moi je » peux tout, non pas « moi j’ai » tout mais
c’est Lui Jésus le Verbe, Lui la vraie Lumière, Lui la seule richesse,
Lui qui nous offre tout son Amour.
Le psaume 71 exprime le rêve du peuple d’Israël, le
rêve de « lendemains qui chantent », l’espérance d’être gouverné par un
roi « idéal ». Ce psaume nous interpelle car il affirme avec force que
la justice de notre Dieu vient troubler les injustices de nos sociétés
pour rétablir les petits dans leur dignité et leurs droits. La
conclusion de ce psaume, dans la strophe qui n’a pas été lue
aujourd’hui, attribue cette royauté idéale à Dieu seul : « Béni soit le
Seigneur, le Dieu d’Israël, lui seul fait des merveilles ! »
Saint Paul, dans sa lettre aux Ephésiens, nous
rappelle que toutes les femmes et tous les hommes sont invités à entrer
dans le mystère de la révélation et de l’incarnation. Ce n’est pas un
secret jalousement gardé par Dieu. L’Evangile de Jésus, sa Bonne
Nouvelle, s’adresse à l’univers entier. Pour ce faire, les membres de
notre Eglise n’ont pas à faire du prosélytisme, mais à témoigner
de façon crédible, dans le quotidien de leur vie de la tendresse de
notre Dieu.
Notre société nous habitue à venir vénérer, adorer
voire idolâtrer les stars du sport, de la chanson, de la politique, ou
les grands de ce monde. On nous habitue, à longueur de jour à aduler
les puissants, les têtes couronnées, celles et ceux qui ont reçu la
consécration médiatique. Il me plaît que les mages viennent adorer et
combler de présents ce petit être fragile, couché dans une
mangeoire, qu’est l’enfant Jésus. Sachons reconnaître les signes
que Dieu offre, comme l’étoile pour les mages. Reconnaissons cette
lumière qui émane du visage de cet enfant né dans la simplicité d’une
maison de périphérie de Bethléem entre une maman Marie et un papa
Joseph pleins d’amour et de foi.
Sœurs et Frères en Jésus, dans l’évangile de
Matthieu nous n’avons que peu d’informations sur les Mages : qu’une
étoile les a guidés vers Bethléem (ce qui induit qu’ils étaient des
astrologues), qu’ils ont été convoqués par le roi Hérode le Grand (ce
dernier nourrissant de noirs projets contre Jésus), qu’ils sont venus
adorer le roi des Juifs, qu’ils lui ont apporté des présents, or,
encens et myrrhe, qu’ils sont repartis en déjouant les intentions
criminelles d’Hérode. C’est la tradition des premiers siècles qui leur
attribue une origine royale, qui les fait apparaître au nombre de 3,
qui leur donne un nom : Melchior, Gaspard et Balthazar. Selon Bède le
vénérable, moine du VIIIe siècle, Melchior serait un vieillard offrant
de l’or, Gaspard, un jeune, rouge de peau offrant l’encens, et
Balthazar au visage noir offrant la myrrhe et qui pour nous chrétiens
représente l’universalité de la Bonne Nouvelle du Christ.
Les cadeaux des mages ont une valeur symbolique à
nos yeux. Selon Saint Irénée de Lyon (Père de l’Eglise du IIe siècle)
l’or (métal précieux inaltérable) manifeste la royauté de Jésus,
l’encens (résine aromatique qui brûle en dégageant une fumée
odoriférante) est la reconnaissance de sa divinité et la myrrhe (baume
précieux utilisé pour les noces, les onctions, l’ensevelissement)
l’affirmation de son humanité. Cette interprétation de Saint Irénée me
paraît juste car elle reconnaît en Jésus le roi de l’univers, à la fois
vrai Dieu et vrai Homme.
Ces beaux cadeaux apportés par les mages valent-ils
plus en regard de la venue des bergers qui sont venus les mains vides
avec comme seul présent l’émerveillement de leur cœur devant l’Emmanuel
?
Sœurs et frères, Dieu nous a offert le plus beau des cadeaux par
l’incarnation de son fils Jésus. Et nous, que pouvons-nous offrir à
notre Seigneur ?
Diffuser à nos frères et sœurs l’amour que le
Seigneur nous donne chaque jour : c’est là, l’offrande qui plaît à
Dieu. Le temps donné pour visiter une personne seule, âgée, malade. Une
parole bienveillante adressée à quelqu’un qui est dans la détresse, une
main fraternelle posée sur l’épaule de celle ou celui qui est dans le
doute. Une présence affectueuse auprès des oubliés, des ignorés, des
mal-aimés de nos villages. Une assistance matérielle à ceux qui vivent
dans la précarité (aide humble et discrète, car nous sommes conscients
de nos propres fragilités), une table ouverte à une personne isolée...
Sœurs et frères, l’étoile que nous voulons suivre,
c’est l’étoile merveilleuse de Jésus. Comblés par son amour, devenons
humblement des étoiles pour ceux qui trébuchent dans l’obscurité et
traversent les épreuves de la vie pour que se manifeste aux yeux de
tous l’amour sans mesure de notre Dieu.
Chacune et chacun pourra alors dire : « Moi je » ne
sais rien d’autre que le bonheur d’être aimé par le Seigneur, « Moi je
» ne peux rien d’autre que d’accueillir la grâce divine pour la
partager à mes sœurs et frères. Et « moi diacre à votre service » je
n’ai rien d’autre à vous offrir ce soir, chers amis, que ma modeste et
sans doute trop longue prédication mais que j’ai préparée avec amour.
AMEN
Arsène BUCHHOLZER, diacre permanent.
HEILIGENBERG
7 janvier 2018
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