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Épiphanie
Vous connaissez les noms des rois-mages ? Balthazar, Melchior, Gaspard...
Oui, nous connaissons tous ces
personnages devenus familiers, qui ont fini par s’ancrer dans notre
culture, et dont la notoriété dépasse largement le cadre de notre
Église.
L’épisode de la visite des mages
ne nous est rapporté que par cet évangile de Matthieu, que nous venons
d’entendre. Aucun des trois autres évangiles ne mentionne cette visite
des mages. Pourtant, on connaît cette histoire par cœur ! Mais dans nos
souvenirs, d’autres images se bousculent et viennent, malgré nous,
s’ajouter au texte de l’évangile, images dont la richesse tranche avec
l’extrême simplicité du texte original. La tradition qui accompagne ce
récit l’a tellement embelli qu’on a du mal à le réentendre dans sa
simplicité, sa sobriété. Comment désormais s’imaginer des mages qui ne
seraient pas des rois – il n’est pas question de « rois-mages » ; des
mages qui ne seraient pas forcément trois, mais sans doute beaucoup
plus, puisqu’ils se déplaçaient avec toute leur suite ; des mages dont
les noms demeurent à jamais inconnus, de simples personnages anonymes,
dont on ne sait rien. Simplement des étrangers, venus de très loin, des
personnes en route, en recherche, en quête... Des personnages auxquels
on n’a pas de peine à s’identifier.
L’extraordinaire de ce passage de
l’évangile de Matthieu, qui est donc le seul récit que nous ayons,
n’est pas dans l’exubérance des détails, mais au contraire dans la
grande simplicité de son récit. L’événement est extraordinaire, et le
récit très ordinaire.
Ce récit, c’est celui de la
manifestation de Dieu à toutes les nations. Manifestation, c’est ainsi
que l’on peut traduire le mot « épiphanie ». Nous connaissons mieux ce
mot, « manifestation » : un mouvement, une façon d’exprimer, de rendre
visible, évidente, une réalité. La manifestation de Dieu au monde,
l’épiphanie, exprime sa volonté de se faire connaître à toute
l’humanité. Les mages venus d’Orient représentent toute cette humanité,
dans toutes ses diversités, de cultures, de traditions, de croyances,
de nations. C’est sans doute pourquoi les anciens ont aimé les
représenter chacun avec une couleur de peau différente, pour signifier
cette diversité.
Cette manifestation, c’est un
véritable tournant sur le chemin de la révélation. Jusqu’alors, le
peuple juif mettait son espérance dans un messie libérateur qui
viendrait délivrer le peuple élu de Dieu, le libérer de l’oppression
des autres peuples, des « nations », c’est-à-dire de tout le reste du
monde. La libération attendue était plus politique que religieuse, plus
temporelle que spirituelle. De nombreux prophètes avaient pourtant
annoncé à chaque époque que toutes les nations seraient aussi
concernées par le salut. Ainsi, nous avons entendu Isaïe dans la
première lecture : « les nations marcheront vers ta lumière… » Et le
psaume 71 : « tous les rois se prosterneront devant lui, tous les pays
le serviront. » Tous les juifs de cette époque connaissaient très bien
ces textes. Ils les lisaient et les récitaient très souvent. Mais on
préférait comprendre que ce salut universel adviendrait après la
conversion des païens, qui reviendraient vers Dieu, et seulement à la
fin des temps, au « jour de Dieu ».
Et voici que, à travers cet
épisode de la visite des mages, le peuple croyant comprend que la
volonté de Dieu est beaucoup plus large que le salut de quelques-uns.
Il ne s’agit plus seulement de libérer un peuple de ses envahisseurs.
C’est toute l’humanité qui est promise au salut, et dès maintenant.
Dieu manifeste l’universalité de son amour ; universalité dans l’espace
et dans le temps : amour pour tout homme de toute nation et de toute
époque.
C’est ce sur quoi St Paul insiste, dans sa lettre aux Éphésiens. Il
nous parle du mystère de Dieu, qui « n’avait pas été porté à la
connaissance des hommes des générations passées, comme il a été révélé
maintenant à ses saints Apôtres et aux prophètes, dans l’Esprit. Ce
mystère, c’est que toutes les nations sont associées au même héritage,
au même corps,au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par
l’annonce de l’Évangile. » On passe ainsi, grâce à l’Évangile, de la
révélation pour un petit peuple d’initiés, à la manifestation de
l’amour de Dieu pour tous !
Tous, nous sommes associés au
même héritage, au partage de la même promesse. Pas de différence entre
chaque personne, aux yeux de Dieu. C’est nous qui établissons des
différences, des catégories, des séparations ; nous qui bâtissons des
murs entre les peuples, entre les personnes. Un astronaute en orbite
autour de la terre s’était enthousiasmé en constatant que, de là-haut,
aucune frontière n’est visible entre les différents pays. Il a
expérimenté un instant le regard de Dieu sur l’humanité : vu de Dieu,
les frontières n’existent pas !
Mais revenons à nos mages.
Qu’est-ce qui les a mis en route ? un signe dans le ciel. Un signe sans
doute assez extraordinaire pour être visible à l’œil nu. Beaucoup
d’observateurs de par le monde ont dû voir ce signe. Beaucoup de gens
ordinaires également. Mais ils n’y ont pas attaché plus d’importance
que ça. Il n’y a eu que ces mages pour y voir autre chose qu’un simple
changement de configuration dans le ciel, qu’une étoile supplémentaire.
Autre chose de tellement important qu’ils ont décidé de se mettre en
quête, d’entreprendre un très long voyage pour aller à la rencontre de
ce « roi des juifs qui vient de naître », afin de se prosterner devant
lui. Oui, tout ça pour ça ! Tout ce voyage pour simplement se
prosterner devant un bébé, lui offrir de luxueux présents, et repartir.
C’est dire combien cette naissance est capitale à leurs yeux. Bien
qu’ils ne soient pas juifs eux-mêmes, ils ont compris que ce petit
enfant, pauvre né parmi les pauvres, allait changer la face du monde.
Sans doute avaient-ils été inspirés par l’Esprit Saint, ce même Esprit
Saint qui les avertira en songe de ne pas retourner chez Hérode à leur
retour.
Eh bien, frères et sœurs, prenons
pour modèles ces mages. Observant les signes du ciel, ils ont ouvert
leur intelligence à l’Esprit Saint qui leur a permis de comprendre les
signes envoyés par Dieu. Ils se sont mis en route pour cette rencontre
unique avec cet enfant qui n’est autre que Dieu lui-même venu partager
notre condition d’homme, pour nous donner accès à sa divinité. Nous
aussi, mettons-nous à l’écoute, en observant non-pas les astres dans le
ciel, mais les signes que l’Esprit Saint nous envoie sans cesse, dans
le plus banal de nos quotidiens. Puis mettons-nous en route, allons à
la rencontre de Celui qui vient au nom du Seigneur. Le chemin, c’est
lui. Il nous mène jusqu’à notre Père, il est la Vérité et la Vie.
Amen !
Daniel BICHET, diacre permanent.
St Hilaire de Clisson, St Lumine de Clisson, Clisson.
5 janvier 2020
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