TOUSSAINT
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La Toussaint … une fête qui n’est pas, comme on l’imagine parfois, uniquement celle du souvenir mais, aussi, celle de notre avenir. Dieu invite tous ses enfants à un « à venir » : la Sainteté. Oui, nous sommes, toutes et tous, appelés à la Sainteté. Le souci est que nous avons, souvent, une image faussée de la sainteté. Nous imaginons les saints comme des êtres lointains, bien meilleurs que nous, ayant accompli des choses extraordinaires par des renoncements et des sacrifices hors du commun, hors de mon atteinte…me semble-t-il. Et pourtant, c’est bien le projet de Notre Père pour chacun de nous ! Alors, qu’est-ce donc que la sainteté ? J’y vois déjà 4 entrées, il y en sans doute d’autres.

En premier lieu, La Sainteté de Dieu. Dans la Bible, on découvre Dieu, l’Unique, comme le seul Saint. Lui seul a la volonté, la capacité d’agir uniquement pour le bien, par amour et par bonté. Nous, les humains, avons ce désir profond de « bien agir » mais sommes aussi tentés par le mal. Un combat spirituel, personnel et universel que nous avons à vivre à chaque instant et qu’il nous arrive parfois de ne pas gagner…

Avec La Sainteté de Jésus : pour les chrétiens c’est « le Saint ». Pleinement Dieu et pleinement homme, la seule image parfaite du Dieu saint. Un homme qui n’a en Lui qu’une seule volonté celle d’agir, avec son Père, par amour et pour le bien en résistant toujours au mal sous toutes ses formes.

La Sainteté de tous les baptisés : « Tous saints » par la Vie reçue au baptême dans l’eau et l’Esprit. St Jean le redit aujourd’hui dans sa lettre : « Voyez quel grand amour nous a donné le Père…pour que nous soyons appelés enfants de Dieu – et nous le sommes » …en quelques sorte, une Sainteté familiale en héritage. Notre sainteté n’est pas d’abord une perfection spirituelle, morale ou de l’agir : sans erreur, ni défaut, ni faiblesse… Non, elle s’établit par le regard d’amour de Dieu sur nous. Il nous a rejoint dans notre humanité, montré son amour et sauvés par l’offrande de sa vie et nous aime tels que nous sommes. Il nous regarde comme nous regardons nos enfants : quels que soient leurs défauts, nous les aimons et nous espérons qu’ils échappent au malheur. Il en est de même pour Dieu, avec sa force, son énergie et son amour sans commune mesure : saints parce qu’aimés et choyés avec tendresse et bonté. Dès l’origine du monde, Dieu veut notre bonheur par la foi et notre confiance en Lui. 

Autre volet de Sainteté : celui des personnes que l’Église déclare « Saints ». Femmes et hommes qui au cours de leur vie ont fait preuve d’un abandon au Christ, souvent d’un immense courage pour servir l’Évangile au milieu du monde et vivre des béatitudes : pauvreté, douceur, compassion, pardon, justice, à l’image du Christ jusqu’à offrir leur vie à leur façon. 

Mais, soyons-en convaincus, il n’y pas que les chrétiens à être des saints. Il y a tous ceux que Jésus, déclare bienheureux dans ces béatitudes, croyants d’autres religions ou non-croyants, Jésus le dit, « Heureux ceux qui agissent selon le commandement de l’amour ». Et c’est également leur fête aujourd’hui ! Ils font partie de « La foule immense, que nul ne peut dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues », dont nous parle Jean.

Les béatitudes explicitent concrètement ce que peut être la sainteté vécue au jour le jour…Et ça commence par… “Heureux les pauvres de cœur !” Ne nous y trompons pas. Cette pauvreté dont parle Jésus n’est pas la misère. La pauvreté qui mène à la misère sociale est un fléau contre lequel il nous faut lutter ensemble. L’hiver est déjà là pour certains. Prions avec eux !

Le bonheur des « pauvres de cœur » dont parle Jésus, ne concerne pas la vie future mais la vie d’aujourd’hui. Jésus promet le bonheur à ceux qui s’ouvrent aux autres, sa pauvreté est une disposition du cœur : tendresse, amour fraternel, bienveillance, le service… tout par amour en mettant l’autre, celui qui me fait face, au milieu de mon attention, en donnant de ma vie pour qu’il puisse se considérer digne, capable d’être aimé gratuitement pour aimer à son tour 

Pour mieux saisir la portée des béatitudes, il faut, une nouvelle fois, nous tourner vers le Christ. C’est Lui le pauvre de cœur ! Il s’abandonne tout entier à Dieu son Père, choisit de lui être fidèle jusqu’au bout. Il est le doux, qui relève la femme adultère sans condamner ses juges. Le miséricordieux qui cherche à apaiser les souffrances physiques et morales. L’artisan de paix qui invite sans cesse au pardon en donnant l’exemple extrême : “Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font.” 

En fin de compte, ces béatitudes sont un portrait de Jésus. Elles nous montrent le chemin pour parvenir au vrai bonheur d’une sainteté incarnée. Accueillons-les comme un appel à nous laisser inspirer par l’Esprit du Christ. Alors, ensemble, pas les purs ! mais les pécheurs sauvés ! nous serons son portrait. Avec les saints qui nous ont précédés, prions-le de nous donner Esprit, force et courage pour marcher joyeusement avec Lui, vers le Royaume qu’il prépare pour celles et ceux qui acceptent de le suivre, Lui, le Chemin, la Vérité et la Vie.



Patrick DOUEZ, diacre permanent

1er novembre 2025



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