TOUSSAINT
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Ap 7, 2-4.9-14 ; 1 Jn 3, 1-3 ; Mt 5, 1-12a


        La Toussaint, la fête de tous les Saints, la fête de ceux qui ont accompli leur parcours terrestre et ont rejoins le Père du ciel mais aussi de ceux  et celles, c’est-à-dire nous baptisés, qui cheminons dans la foi sur cette terre comme nous le dit Saint Paul et aime le reprendre notre pape François.
        Pendant de longues périodes dans l’Eglise on a eu tendance à penser qu’il y aurait peu d’hommes sauvés. On présentait  Dieu comme un juge sévère et l’on pouvait penser que beaucoup de gens ne seraient pas sauvés. Est aussi venue se greffer sur cela la notion de  prédestination qui disait que certains quoiqu’ils fassent de bien, ne pourraient être sauvés. Tristes perspectives.
         Il est heureusement une autre lecture qui partant de la certitude que Dieu est Amour, un grand nombre  sera sauvé, même si Dieu préservera toujours la liberté de l’homme qui le temps venu  voudrait n’avoir rien à faire avec Lui. Dieu respecte la liberté mais il se fera proche  pour qu’aucune des brebis ne se perde. Alors si l’Eglise n’a jamais dit que telle ou telle personne  était damnée,   elle ne peut adhérer à ce que véhicule la chanson populaire qui assure que “nous irons tous au paradis“.
        Aux yeux de chrétiens encore très nombreux il s’agit de dire  que cette fête est la fête de tous les saints ayant quittés  cette terre et qui aujourd'hui sont dans la joie de voir Dieu ou de se préparer à le voir éternellement.. Ce sont donc des gens heureux que nous fêtons, ils ont trouvé au bout de leur vie terrestre celui qu’ils cherchaient, leur Seigneur.
 Bien sûr, on ne peut oublier qu'ils nous ont quittés sur cette terre, et que leur absence peut nous marquer  profondément. Notre joie est alors altérée. Ce qui explique que l’on ne distingue pas suffisamment la Toussaint du jour des morts qui est solennisé le lendemain.
        Lorsque l'on parle de saints pour les gens partis vers le Père on peut distinguer ceux que l'Eglise a canonisés et les autres. La canonisation se fait après une procédure souvent longue pour vérifier les mérites de celle ou celui dont on a ouvert la cause. Ici, au Sacré Cœur de Marseille nous pensons bien sûr  à Anne-Madeleine Rémusat, mais combien d’autres aussi sont concernés, tels les papes Jean XXIII et Jean-Paul II qui  seront canonisés au printemps. Celles et ceux qui ne seront pas canonisés sont membres de la foule immense de celles et ceux que Dieu a accueillis. “Ils étaient des pêcheurs pardonnés, un homme ou une femme ouverts à la miséricorde de Dieu “dit notre Pape. Ce sont donc tous ceux  qui se sont efforcés de mettre en pratique ce que nous propose l’Eglise pour prendre le chemin du salut et qui lors de leur rencontre avec le Seigneur ont reconnu en lui l'Amour qui avait marqué leur vie.
        Parmi ces Saints que l'Eglise n'a pas canonisés sont  des membres de nos familles. Si chacun s’arrête un moment sur sa généalogie, nous pourrons penser à nos propres parents, à nos frères et soeurs, à nos grands-parents et parfois à nos enfants et à nos petits-enfants si nous avons connu l'épreuve qui est de les voir partir alors que leur vie terrestre ne faisait que commencer.
        On pourrait donc repenser, pour les gens de ma génération, à nos grand-mères, à nos mères qui furent souvent, selon l’expression du temps de “saintes femmes“, alors qu’elles étaient seule leur mari étant mort longtemps avant elles.
        Prier les uns ou les autres  est une excellente manière de faire vivre leur mémoire et aussi de leur demander d'intervenir sur le Cœur de Jésus pour nous aider sur le chemin de la vie sur cette terre. Il en est de même, bien sûr, avec nos saints patrons qui ont vaincu les forces du mal pour accéder à la béatitude céleste. Notre saint patron est celui reçu à notre Baptême.
        Aujourd’hui, dans le cadre des baptêmes, la variété des prénoms et la variété  de leurs origines nous interpellent. Il faut donc  qu'au moins si le premier prénom n’est pas chrétien il y ait  des prénoms supplémentaires, nom de saints connus dans notre Eglise. Par exemple, je trouve le choix souvent fait des prénoms des grands-parents, derrière le premier prénom comme une excellente formule. Ces saints patrons seront invoqués dans la litanie des saints du baptême
        Nous vivons cela dans ce que l'Eglise appelle "la communion des saints" ,vous le savez ,ce sont toutes celles et tous ceux qui ont mis leur espérance dans le Christ et qui lui appartiennent par le baptême, qu'ils soient vivants ou décédés. Traditionnellement on dit qu'il y a une“ Eglise triomphante“, celle des saints qui sont au ciel, “ l'Eglise pérégrinante“ pour les chrétiens que nous sommes qui cheminons sur la terre. Enfin "l'Eglise souffrante" concerne celles et ceux qui sont au purgatoire. Rappelons-nous que ces derniers ont besoin de nos prières pour accéder à l'Eglise triomphante. Le temps de leur purification est confié à la prière de l'Eglise sur la terre.
        Pour nous qui sommes en chemin vers le ciel, Jésus nous a laissé des directives de vie, une Charte de ce qu'il faut faire  pour vivre comme le souhaite le Seigneur, se sont les Béatitudes.
        Je voudrais m'arrêter seulement sur la dernière  "Heureux  serez-vous si l’on vous insulte, et si l'on vous persécute et si l'on dit faussement toutes sortes de mal contre vous à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l'allégresse car votre récompense sera grande dans les cieux !".
        Accepter d'être insultés pour ce qu’il y a de plus profond en nous et ce que nous vivons,  n’est pas si simple. En France, et plus largement en Europe Occidentale, après des dizaines d'années où la tolérance permettait aux chrétiens d'exprimer librement leur foi, on voit  poindre et se développer des volontés d'éradiquer tout ce qui peut être manifestation de la foi chrétienne. Nouvelle vision du mariage, faire de la laïcité un athéisme militant, volonté d'implanter  la trop fameuse théorie du genre et bien d'autres événements grands ou petits montrent que les chrétiens ne seraient pas dans la norme de ce qui doit se vivre aujourd’hui. Outre que c’est faux, n’acceptons pas de nous faire renvoyer "dans nos sacristies".
Vivre sa foi a besoin de plein air, de grand air et doit pouvoir se manifester en toutes circonstances. Nous n'avons pas  à être agressifs mais fermes. “Heureux les doux et humbles de cœur“.  Nous devons être des priants qui demandent l'aide de notre Père, par Jésus dans l’Esprit Saint, car cette Trinité Sainte nous écoute.
        Ainsi, le 1er novembre 1720, c’était donc la Toussaint, à la demande d'Anne-Madeleine Remuzat, Mgr de Belzunce pour consacrer Marseille au cœur de Jésus devait célébrer une Eucharistie en plein air dans le centre de notre ville. Mgr Ellul, qui est le postulateur  de la cause  de béatification d’Anne-Madeleine Remuzat, raconte que ce jour-là un mistral très puissant soufflait, à ne rien pouvoir sortir. Or lorsque l'évêque s'avança humblement pour célébrer l’Eucharistie, le mistral cessa immédiatement. Qui plus est, le vent reprendra dès la cérémonie terminée. Il en sera de même l'après-midi pour les vêpres. Le Seigneur maitre du  ciel et de la terre n'abandonne pas ses enfants qui se tournent vers lui.
        Soyons donc fiers de notre foi.   Nos ancêtres ou nos parents  chantaient “je suis chrétien voilà ma Gloire“. C’était simple, c’était clair.
        Demandons à la Vierge Marie d'être avec nous pour que nous progressions chaque jour, par la puissance de l’Esprit Saint, à la suite de Jésus, son Fils bien-aimé.


Georges RENOUX, diacre permanent
Basilique du Sacré-Cœur de Marseille
Le 1er novembre 2013



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