TOUSSAINT
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Toussaint…
Tous Saints ! En cette fête de la Toussaint, nous faisons mémoire
de tous les saints qui nous ont précédés. Ceux du calendrier, ceux qui
nous sont connus, ceux qui sont reconnus, ceux dont nous portons les
prénoms ; mais aussi ceux qui nous sont inconnus, dont le nom n’a
pas été retenu sur la liste des canonisés, et qui, pourtant, par leur
vie, se sont rendus dignes d’être appelés amis de Dieu.
Tous saints,
ces hommes, ces femmes du passé. Mais tous saints aussi, ces hommes et
ces femmes d’aujourd’hui, qui cherchent Dieu, qui essayent de vivre en
enfants de Dieu. Qui sont-ils ? le psaume 23 que nous avons chanté
tout à l’heure nous donne la réponse : « Qui peut gravir la
montagne du Seigneur et se tenir dans le lieu saint ? » ça,
c’est la question. Et la réponse : « l’homme au cœur pur, aux
mains innocentes, qui ne livre pas son âme aux idoles. Voici le peuple
de ceux qui le cherchent, qui recherchent la face de Dieu ! »
les saints ne sont donc pas ceux qui ont trouvé Dieu. Qui pourrait
prétendre avoir trouvé Dieu ? Non, ceux que notre tradition
appelle « les saints », ce sont ceux qui cherchent Dieu. Car
celui qui cherche Dieu, Dieu l’a déjà trouvé. L’homme au cœur pur, aux
mains innocentes, est déjà sur le chemin qui mène à Dieu, et Dieu est
déjà sur le chemin pour l’accueillir, comme le Père de la parabole
attend son fils prodigue pour le couvrir de baisers et faire une grande
fête en son honneur.
L’homme au cœur pur, aux mains innocentes… Bien
des siècles plus tard, Jésus reprendra comme en écho :
« Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu ».
Tous
saints. Nous sommes tous appelés à être des saints. Tous ? ou bien
seulement cent quarante-quatre mille, comme nous venons de l’entendre
dans la première lecture ? Vous le savez, certains groupes de personnes
font une lecture fondamentaliste de la Bible. Ainsi, ils pensent que
seuls les 144 000 élus, ceux que l’ange de l’Apocalypse aura marqué, au
front, du sceau de Dieu, seront sauvés. 144 000, pas un de plus, pas un
de moins. Ils tentent une lecture sans décodeur, pourrait-on dire. Mais
nous savons bien qu’une telle lecture est réductrice, qu’elle ne tient
pas compte de l’intention de l’auteur. En effet, les écrits orientaux
de cette époque sont jalonnés de symboles, de codes, tout
particulièrement de chiffres symboliques, et le livre de l’Apocalypse
en est le plus riche exemple. Branchons donc le décodeur pour voir en
clair ce que nous dit ce passage : 144 000, ce n’est pas un
chiffre parmi d’autres, c’est douze fois douze fois mille. Douze, comme
les 12 tribus d’Israël, comme les 12 apôtres. Mais pourquoi
douze ? Douze est un nombre très important aussi dans la Bible. Il
est obtenu à partir du chiffre 3, symbole de plénitude, de ce qui est
parfaitement et harmonieusement complet. Douze, c’est 3 fois 3 plus
3 : la plénitude multipliée par la plénitude plus la plénitude.
L’abondance et la surabondance ! Le nombre 12 représente donc la
totalité des peuples de la terre. Et douze fois douze, c’est la
totalité des peuples de la terre, et de tous les temps. Tout cela
multiplié par mille pour faire bonne mesure. Grâce à notre décodeur,
nous voyons bien à présent que les 144 000 saints dont il est question
ici ne sont pas une quantité limitée, mais au contraire représentent
une quantité illimitée de personnes dont Dieu seul connaît le nombre
exact. Alors, il y a certainement une place pour nous, pour peu que
nous ayons cette volonté d’orienter notre vie, de gravir la montagne du
Seigneur. La sainteté n’est pas réservée à une élite. Elle est une
proposition de Dieu dont Jésus nous donne en quelque sorte le mode
d’emploi : « heureux les doux, heureux les miséricordieux,
ceux qui savent pardonner, heureux les artisans de paix ». En son
temps, le peuple hébreux naissant, peuple qui se cherchait, qui errait
dans le désert - encore un symbole - s’était donné une loi, dont le
centre était le décalogue, les dix paroles, ces fameux « dix
commandements ». Pour que la société humaine puisse vivre
correctement, il suffisait de suivre ces commandements. Tu ne tueras
pas, tu ne voleras pas,…On pourrait dire aujourd’hui que c’est la
moindre des choses. Pourtant, c’était déjà beaucoup. Mais ça ne suffit
pas à combler le cœur de l’homme. Avec la nouvelle alliance, avec Jésus
et les béatitudes, on n’a plus affaire à des commandements, mais à des
invitations au bonheur, à des invitations à être heureux. Ça change
tout ! Il ne s’agit plus de se conformer à un règlement, de se
contenter d’être en règle avec un catalogue de lois. Il s’agit de
choisir de bonheur ! Jésus nous laisse face à un choix. Mais il ne
nous laisse pas seuls pour décider. En bon éducateur, il nous montre
quel est le meilleur choix, tout en nous laissant la liberté. Il ne dit
pas : « soyez miséricordieux » ou « soyez artisans
de paix » mais plutôt : « heureux êtes-vous SI vous
êtes capables de pardonner ; heureux êtes-vous SI vous contribuez
à faire advenir la paix. » Il nous montre un chemin, à nous de
décider si nous voulons le suivre, en toute liberté, en toute
connaissance de cause. Comme Jésus a éduqué ses disciples, L’Eglise
prolonge cette éducation en nous proposant des modèles, tous les saints
que nous fêtons aujourd’hui. Et parmi ces modèles, comment ne pas
évoquer le plus proche de nous dans le temps, celui dont même la
télévision nous a proposé de découvrir le parcours, la semaine
dernière, avec la diffusion de ce film en 4 époques sur la vie de Karol
Wojtyla, le pape Jean-Paul II. La vie de cet homme nous montre que le
chemin des béatitudes n’est pas démodé, qu’il est et sera toujours
d’actualité parce qu’il est indépendant des époques et des sociétés, et
parce qu’il mène de toute façon au bonheur, à la béatitude.
Tous
saints ! Chacun de nous, à sa place, peut emprunter ce chemin qui
mène au bonheur. Aujourd’hui, 27 jeunes de notre zone vignoble,
dont une dizaine de notre paroisse, reviennent de Taizé. Leur démarche
nous montre l’exemple, et doit nous réjouir. Le petit pas que ces
jeunes ont choisi de faire est un petit pas vers la sainteté ; il
est signe d’espérance pour nous tous. Signe que quel que soit notre
état de vie, quel que soit notre âge, il n’est jamais trop tard ni trop
tôt pour se mettre en chemin.
Tous saints ! Je ne sais
pas si on peut reprendre avec le même optimisme que Polnareff « On
ira tous au paradis », mais en tout cas soyons sûrs que, si nous
avons la volonté d’aller vers Dieu, de « gravir la montage du
Seigneur », si nous nous efforçons de vivre selon les béatitudes,
même si, comme nous le dit St Paul, « tout ne nous apparaît pas
encore clairement », alors, « lorsque le Fils de Dieu
paraîtra, nous serons semblables à lui parce que nous le verrons tel
qu’il est ». « Heureux les cœurs purs, il verront
Dieu ! »
Amen !
Daniel BICHET, diacre permanent
1er novembre 2007
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