TOUSSAINT
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Ap 7, 2-4.9-14 ; 1 Jn 3, 1-3 ; Mt 5, 1-12a

Nous sommes en train de vivre, en dehors d’un dimanche, l’une des grandes fêtes de l’année : La Toussaint. Nous honorons, aujourd’hui, tous les saints et nous sommes tous invités à la sainteté : Fêter les saints ne consiste pas seulement à admirer quelques grands personnages, pas seulement les saints dont nous portons le nom mais la foule immense des hommes et des femmes qui ont vécu avant nous et qui sont maintenant dans la joie. L’Apocalypse évoque cette foule innombrable d’hommes et de femmes de toutes races, langues, peuples et nations. Le chiffre de 144000 est précisément le nombre de la multitude incalculable. Les saints de demain sont déjà parmi nous. Nous les rencontrons tous les jours. Ce sont tout simplement des hommes et des femmes qui, quelle que soit leur appartenance religieuse, ont emprunté le chemin que nous propose Jésus.
Parler de la sainteté n’est pas facile. C’est pourquoi  je pose à chacune et chacun d’entre nous cette question, et je me la pose à moi-même : « Veux-tu devenir un saint, une sainte ? »
A cette question certains peuvent être tentés de répondre : « NON, je n’ai pas envie de devenir un saint, car c’est trop difficile et vouloir cela relèverait de l’orgueil. »
D’autres pensent peut-être : «  OUI, j’aimerais bien devenir un saint, une sainte, mais je n’ose même pas y penser car je m’en sens bien loin (ou pire : « je ne m’en sens pas digne.») »
Dans les deux cas de réponse, il nous faut corriger l’image ou la conception que nous avons de la sainteté.
On ne devient pas saint à la force de ses poignets. Un saint ne ressemble pas à un sportif qui, après des années d’entrainement, d’efforts et de privations, obtient la médaille d’or aux jeux olympiques. Pour être saint, il n'est pas nécessaire d'accomplir des actions et des œuvres extraordinaires, ni de posséder des charismes exceptionnels. Dieu seul peut nous sanctifier, c’est-à-dire nous communiquer sa sainteté. Mais, pour cela nous devons nous rendre disponibles.
Il ne faut pas non plus confondre sainteté et perfection. Car, même si les quelques milliers d’hommes et de femmes qui ont été canonisés par l’Eglise au cours des vingt derniers siècles nous sont proposés en quelque sorte comme modèles, ils n’étaient pour autant parfaits et c’est rassurant !
Pensons par exemple à l’apôtre Pierre qui s’est fait remettre en place plusieurs fois par Jésus qui l’a même traité une fois de « Satan ». Ce même Pierre a renié par trois fois le Seigneur. Et pourtant, il s’est laissé aimer par lui, il a répondu à son amour et s’est laissé transformer par lui.
Dans ce cas, vous vous dites peut-être : « Bon, d’accord, je veux bien être saint mais, comment le devenir ? »
La sainteté exige un effort constant, mais elle est à la portée de tous car, plus que l'œuvre de l'homme, elle est avant tout un don de Dieu, trois fois Saint (cf. Is 6, 3). Dans la seconde Lecture, l'Apôtre Jean observe: "Voyez comme il est grand l'amour dont le Père nous a comblés : il a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu. Et nous le sommes!" (1 Jn 3, 1). C'est donc Dieu qui nous a aimés en premier et qui, en Jésus, a fait de nous ses fils adoptifs.
Devenir saint, pour nous chrétiens, c’est accepter de mettre toute sa vie sous le regard de Dieu et désirer répondre pleinement à son amour en vivant l’Evangile. Le chemin que nous propose Jésus, c’est le chemin du bonheur qui est tracé dans l’Evangile de ce jour. Chacune et chacun de nous est appelé à être heureux. Le chemin de la sainteté, c’est le même que celui du bonheur.
Reconnaissons-le : Nous voulons tous être heureux, heureux avec tous ceux que nous aimons, avec tous ceux que nous côtoyons, être heureux en famille, au travail. Mais nous savons bien que ce n’est pas si simple, nous pouvons souffrir de la séparation d’êtres chers, souffrir de la maladie, de divisions familiales, de perte de travail, d’injustice, de violence. C’est vrai qu’il y a de multiples raisons de ne plus croire au bonheur. Etre heureux, bienheureux, comment cela serait-il possible ?
Jésus, qui a partagé notre condition humaine et qui n’a pas été insensible à la misère des hommes, sait bien,, par expérience, que la vie n’est pas toujours rose. Et pourtant, il ose dire et redire ce mot : « Heureux ! » Oui, bienheureux les pauvres de cœurs, bienheureux les doux, bienheureux ceux qui pleurent…
Dans les neuf  béatitudes qui nous sont données dans l’Evangile de ce jour, il y a un point commun : ceux qui sont dits « bienheureux » sont des gens ouverts,
Ouverts comme des bras qui savent accueillir, ouverts comme un visage souriant, comme un cœur aimant. (Ce sont les pauvres de cœur, les doux, les cœurs purs, les artisans de paix.)
Ouverts aussi comme une blessure qui ne se referme pas, comme une bouche affamée, comme les bras de Jésus en croix. (Ce sont les miséricordieux, ceux qui pleurent, ceux qui ont faim et soif de justice, ceux qui sont persécutés.) Et c’est parce qu’ils sont ouverts que Dieu peut entrer, peut agir en eux et pour eux.
Etre ouverts, nous savons bien que ce n’est pas toujours facile. Nous sommes parfois tentés de nous replier sur nous-mêmes, de nous protéger ou de rechercher des semblants de bonheur. Le vrai bonheur n’est donné que dans l’ouverture maintenue coûte que coûte. Une ouverture qui a pour nom : Espérance. Le bonheur n’est possible que pour ceux qui espèrent, qui espèrent inlassablement, malgré tout. Oui, ce sont ceux qui vivent cela que Jésus proclame « bienheureux »
Etre bienheureux, être saint, c’est ce que Dieu veut pour nous.
En ce jour de fête, nous nous tournons ensemble vers le Christ. Demandons-lui d’être notre guide, notre lumière et notre chemin. Notre bonheur, c’est lui.
Et, avec sincérité, reposons-nous cette question : « Est-ce que je désire vraiment être saint ? »


André Roul, diacre permanent


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