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Commémoration des fidèles défunts

 Jean 14, 1-6

Oh oui, nous lui ressemblons, à l'ami Thomas de notre évangile, le jumeau, cet autre nous-même. Comme lui, nous pouvons dire à Jésus : "Nous ne savons pas où tu vas ; comment connaîtrions-nous le chemin". Il faut reconnaître d'ailleurs que les propos de Jésus rapportés dans ce passage de l'évangile de Jean, sont assez difficiles à comprendre. Bien sûr, si nous nous arrêtons à la première phrase : " Il y a beaucoup de place dans la maison de mon Père ", c’est rassurant pour chacun de nous. Mais voilà que Jésus ajoute que c'est lui qui nous prépare une place, qu'il reviendra nous prendre avec lui ! Que veut-il dire, au juste ? De quel chemin s'agit-il ?
Je ne vous fais aucune révélation en disant que le monde dans lequel nous vivons cherche du sens. Il est devenu banal de dire qu'on tourne en rond,  qu'il n'y a plus de repères. Et c'est vrai, d'une certaine manière.
En face de la vie et de la mort, par exemple, il y a ceux qui y voient la pire absurdité. La vie n’aurait aucun sens. Pour d'autres, la vie, notre vie personnelle, a le sens qu'on lui donne.  On fait sa vie. Vous avez sans doute déjà entendu des parents, des amis dire de quelqu’un « après tout, c’est Sa vie ! », étant sous entendu : il en fait ce qu’il en veut, ça ne nous regarde pas qu’il consomme son temps en erreurs ou fariboles. On ne croit plus à grand-chose, ou alors à ce qui nous arrange : pour fuir le purgatoire, on adopte la réincarnation des philosophies orientales, qui se termine dans l’anéantissement et non la résurrection, voire à des histoires de gourous délirants qui nous font descendre de soucoupes volantes et repartir vers la planète cachée de nos origines ( Raël !), ou on ne croit à rien d’autre et la vie devient un assemblage d’organes destinés à la disparition dans la soupe biologique de l’univers, ni plus ni moins, sans plus d’avenir que les manicous* devant nos phares. Il en va de même du message de l’Église. Reconnaissons sincèrement que son message, en ce qui concerne la vie et la mort, ne passe plus tellement. Combien ne croient plus à un au-delà ! au « paradis » pour tout dire…
Alors écoutons  Jésus qui se présente comme " le chemin, la vérité et la vie ". Que nous dit-il d'essentiel ? Que Dieu est un Père, qu’Il nous aime personnellement, chacun de nous, qu’Il veut notre bonheur et notre réussite, et que Son Fils est venu pour nous révéler cela.
Oui, mais ! Peut-on y croire, sincèrement ?   regardons-nous. Pour beaucoup, aujourd'hui, Dieu est celui qui va et vient en distribuant le bien et le mal, qui récompense ou punit (on trouve déjà cela dans le Livre de JOB). Et puis, d'ailleurs, je suis, moi,  tellement insignifiant, il parait même que je ne suis qu’une goutte d’eau dans 7 milliards de gouttes ! peut-il faire statistiquement attention à moi, personnellement ? Un psaume nous le dit d’ailleurs : " Quand je vois le ciel, ouvrage de tes mains, la lune et les étoiles que tu as créés, qu'est-ce que l'homme pour que tu penses à lui ? ".
Et quand surviennent la maladie, la souffrance, la vieillesse, l'approche de la mort, comment croire en un Dieu d’Amour. Tout naturellement, je me révolte et je lui demande " pourquoi ? " Combien de fois n’avons-nous pas entendu de la bouche de personnes en souffrance : « Attends, tu vas voir, quand j'arriverai là-haut, je vais lui en demander des comptes » (ça veut dire aussi qu’il espère bien rencontrer le Seigneur !).
Et pourtant, oui, nous sommes enfants de Dieu. Et nous devons vivre en enfants de Dieu. Ce n'est pas bien difficile. Il faut d'abord avoir le sens de notre dignité d’homme créé à l’image de Dieu. Tout homme est grand. Tout homme, même le plus petit, même celui qui est désigné comme le plus indigne, est à respecter. Il est égal en dignité avec les plus grands de ce monde, les plus riches ou les plus forts. Ensuite, il faut avoir un sens aigu de nos responsabilités. Si nous sommes enfants de Dieu, ce n'est pas pour faire n'importe quoi à tort et à travers : pesons nos décisions et nos actes sur la balance de la justice puisée dans  l’Evangile.
 Enfin, vivons dans la confiance. Même lorsque surviennent la maladie ou la souffrance, et quand Basile** frappe à la porte, croire que  rien ne pourra jamais nous séparer de l'amour de Dieu. " Entre tes mains, je remets ma vie ", c’est une des dernières paroles du Christ en croix. Nous aussi, nous pouvons remettre notre vie entre les mains du Père. Nous pouvons faire ce geste avec confiance, comme lorsque nous ouvrons les bras pour dire le « Notre Père ». Voilà le seul chemin. Voilà la seule vérité. Voilà ce qui doit donner sens à notre vie.

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(*) un manicou est un petit marsupial endémique des Antilles qui a la fâcheuse habitude d'être paralysé devant les phares des voitures et de payer un lourd tribu aux pneumatiques impitoyables (il doit avoir le QI du hérisson...)
(**)
Basile est le nom de la mort


Gérald PRIVE
Diacre permanent
Paroisse Saint Thomas du DIAMANT (Martinique) 2 novembre 2011

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