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Pentecôte

Ac 2, 1-11 ; Ps 103 ; Ga 5, 16-25 ; Jn 15, 26-27 ; 16, 12-15

Pentecôte : de l’Esprit Saint naît l’Église.

Ça se passe le jour de la fête juive de la Pentecôte, cinquante jours après la Pâque. Voilà donc cinquante jours que Jésus est mort et ressuscité, et ses disciples vivent encore et toujours dans la condition de malfaiteurs en cavale. Leur leader a été arrêté, condamné à mort et exécuté par les autorités, et ils ont peur de subir le même sort à leur tour. Ils l’ont pourtant bien vu vivant, après, à plusieurs reprises, mais ils restent terrifiés, ne sachant pas comment sortir de cette situation. Ils se cachent. C’est qu’ils sont toujours recherchés. Malgré leur peur bien compréhensible, ils se retrouvent quand-même régulièrement dans leur planque, en toute discrétion.
Et ce jour-là, alors qu’ils sont tous présents – certainement les onze, mais probablement aussi d’autres avec eux, dont quelques femmes – la réunion va prendre une tournure inattendue : un bruit de tempête, toute la maison en est remplie ; quelque chose qui ressemble à des langues de feu, qui viennent se poser sur chaque disciple ; et voilà qu’ils se mettent à parler chacun dans une langue différente !
Mais le plus fort, c’est que ces galiléens qui vivaient cachées, terrifiés, vont tout à coup sortir de leur cachette et s’exprimer ouvertement devant la foule qui s’était rassemblée. Et cette foule va accueillir leur message avec bienveillance, « les merveilles de Dieu », chacun le recevant dans sa propre langue.

Pentecôte : démonstration de force de l’Esprit Saint.

Oui, l’Esprit Saint, acteur principal de la Bible, acteur le plus discret aussi, nous sort ici le grand jeu ! La puissance de Dieu se manifeste dans cet événement. Très fort, l’esprit Saint ! Les disciples qui étaient terrifiés sont transformés instantanément en apôtres, c’est-à-dire en disciples missionnaires, et vont passer le reste de leur vie à proclamer cette nouvelle extraordinaire. De craintifs qu’ils étaient, les voilà courageux, et même téméraires : on le sait, aucun d’eux n’échappera au martyr, à cause de cette annonce.
Mais de quelle annonce s’agit-il ? Saint Jean nous le révèle dans son évangile : l’annonce de la Vérité. Il désigne l’Esprit Saint comme « l’Esprit de vérité ».  L’Esprit Saint est celui qui nous aide à parvenir à la vérité. C’est celui « qui nous conduira dans la vérité tout entière » dit encore St Jean.

Mais « qu’est-ce que la vérité ? » comme le demandera Pilate à Jésus lors de son procès. Dans le langage courant, la vérité c’est ce qui est conforme à la réalité. C’est la réalité qui se dévoile, dans la clarté et l’évidence. Chez les grecs anciens, « vérité » se dit simplement « non-caché ». On dirait aujourd’hui « transparence ». Mais dans la culture biblique, de la même époque, la vérité est différente, et revêt un sens plus profond : la vérité est fondée sur une expérience personnelle, celle de la rencontre avec Dieu. En hébreux, c’est le mot « amen » qui exprime le mieux la vérité. Amen signifie être solide, stable, sûr, vrai, digne de confiance. C’est pourquoi on dit encore aujourd’hui « amen » à la fin d’une prière, d’une parole, d’une citation biblique, d’une bénédiction… Comme pour dire : « ce qui vient d’être dit est digne de foi ; oui, c’est du solide, c’est vrai. C’est la vérité. Et cette vérité n’est pas une invention, ni une intuition personnelle : elle nous est révélée par Dieu lui-même » Il y a tout cela, dans « amen ». Ensuite, dans le Nouveau Testament, et en particulier dans les écrits de Saint Jean où le mot revient très souvent, la vérité, c’est la plénitude de la révélation, centrée sur le Christ Jésus, mort et ressuscité.

Pentecôte : manifestation de la Vérité.

Si l’Esprit Saint manifeste la vérité, il nous donne aussi accès, dans le même mouvement, à tout un ensemble de bonnes choses dont St Paul nous a dressé une liste, dans ce qu’il appelle « le fruit de l’Esprit Saint ». C’était la deuxième lecture. Si Saint Paul parle ici de « fruit de l’Esprit » et non de « dons de l’Esprit », c’est que ces qualités – amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur, maitrise de soi – ne sont pas des qualités données, reçues d’en haut, tels les sept dons de l’Esprit recensés par Saint Augustin, qui sont des qualités intrinsèques : la sagesse, l’intelligence, la science, la force, etc. Les fruits, eux, sont des qualités humaines qui ont à voir avec notre relation aux autres. Ils ne sont pas donnés « tout faits », mais doivent être développés, soignés, pour arriver à maturité. Ils sont le résultat humain, le fruit, de ce que nous pouvons produire par nous-mêmes, grâce à l’action en nous de l’Esprit Saint. C’est animés par l’Esprit que nous pouvons faire preuve d’amour, de bonté, de patience, de bienveillance, … envers nos frères humains.

Pentecôte : récolte abondante des fruits de l’Esprit Saint.

Finalement, pour nous, aujourd’hui, ce qui compte, ce n’est pas de célébrer (ou commémorer ?) un événement qui date d’il y a 2000 ans ; encore moins de perpétuer un rituel hébreu encore plus ancien. Ce qui a du sens pour nous aujourd’hui, ce qui donne du sens à fêter la Pentecôte, c’est d’actualiser cette irruption de l’Esprit Saint dans nos vies. Dans notre quotidien. Nous ouvrir à sa vérité, accueillir sa puissance. Et ainsi permettre à ces « fruits de l’Esprit » d’éclore, de croître en nous jusqu’à la récolte, afin de les partager avec nos frères et nos sœurs en humanité.
Amen !

Daniel BICHET, diacre permanent
Gorges et Clisson
23 mai 2021





                                                                      



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