Accroche
Franchement, on aimerait bien que Jésus repasse de temps en temps pour faire un peu de ménage. Pas seulement dans les églises poussiéreuses… mais dans les institutions, les communautés, et parfois même… dans nos têtes ! Parce que ce geste qu’on vient d’entendre — Jésus qui chasse les marchands du Temple —, ce n’est pas une scène d’énervement passager. C’est un acte prophétique. Il vient rendre au Temple sa vérité : un lieu pour rencontrer Dieu, pas pour faire du profit ni pour asseoir un pouvoir.
1. Le Temple de pierre
Jésus
monte à Jérusalem pour la Pâque. Le Temple, c’est le cœur de la
foi d’Israël, le lieu de la Présence de Dieu. Mais en entrant, il
découvre un marché : le bruit, les échanges d’argent, les animaux
à vendre. Alors il fait un geste radical : il renverse les tables,
il chasse tout ce qui détourne du vrai but.
Aujourd’hui, nos églises sont les héritières de ce Temple. Et
parfois, elles aussi ont besoin d’être purifiées. Non pas parce
qu’on y vend des bœufs et des colombes, mais parce qu’il y a
parfois des logiques qui n’ont plus grand-chose à voir avec
l’Évangile : quand l’Église devient instrumentalisée pour défendre
des intérêts politiques, quand elle se fait vitrine identitaire ou
bastion de pouvoir, quand elle oublie que sa mission, c’est
d’abord d’annoncer la miséricorde et le pardon. Oui, si Jésus
repassait aujourd’hui, il trouverait sûrement quelques tables à
renverser, et c’est tant mieux : son coup de colère est une colère
d’amour, une manière de nous ramener à l’essentiel.
2. Le Temple intérieur
Mais
le geste de Jésus ne s’arrête pas aux murs du Temple. Saint Paul
le rappelle : « Vous êtes le temple de Dieu, et l’Esprit de Dieu
habite en vous. » Autrement dit, le Temple, c’est chacun de nous.
Et là encore, il y a peut-être besoin d’un petit nettoyage de
printemps spirituel ! Parce que nos cœurs sont parfois encombrés :
de peurs, d’amertume, d’orgueil, de fatigue, ou simplement de
cette tentation de marchander avec Dieu : « Seigneur, je ferai un
effort si tu m’aides… »
Mais Dieu n’a rien à vendre, rien à acheter. Il veut simplement
habiter ce Temple intérieur. Et Jésus, quand il entre dans notre
cœur, ne vient pas casser : il vient libérer la place, enlever ce
qui n’a pas sa place, pour que son Esprit puisse respirer en nous.
3. Le Temple vivant : être chrétien dans le monde
Et
puis il y a cette phrase étonnante de Jésus : « Détruisez ce
sanctuaire, et en trois jours je le relèverai. » Il parlait, dit
saint Jean, du sanctuaire de son corps. Autrement dit, le vrai
Temple, c’est le Christ lui-même, ressuscité, vivant au milieu de
nous.
Et puisque nous sommes membres de ce corps, le vrai Temple
aujourd’hui, c’est notre manière d’être chrétiens dans le monde :
dans la famille, dans la cité, dans le monde du travail.
Le Temple, c’est aussi notre salle des profs, notre bureau, notre
chantier, notre association, partout où nous portons quelque chose
de l’Évangile.
Être temple de Dieu dans le monde, c’est vivre la foi non pas
contre le monde, mais au milieu du monde : en choisissant la
bienveillance plutôt que la critique, la justice plutôt que la
facilité, la fidélité plutôt que le cynisme. Et c’est
particulièrement vrai pour celles et ceux qui cherchent à vivre
leur foi dans le monde professionnel, comme les membres du CdEP ou
tant d’autres chrétiens discrets et fidèles. Leur témoignage,
c’est de faire exister Dieu sans badge ni bannière, simplement par
la qualité de leur présence, leur parole, leur regard.
Conclusion / Appel
Alors
aujourd’hui, demandons au Christ de venir faire le ménage là où il
faut : dans nos églises quand elles s’enferment, dans nos cœurs
quand ils se ferment, et dans nos vies quand elles s’encombrent.
Seigneur Jésus,
Toi qui as purifié le Temple,
purifie ton Église, purifie nos cœurs, purifie notre manière de
vivre dans le monde.
Que chaque lieu où nous passons soit un petit bout de ton Temple,
un espace de paix, de vérité et d’amour.
Amen.
Guillaume DOUET, diacre permanent
Rueil-Malmaison
9 novembre 2025