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10 août
Fête patronale de Saint Laurent


2 Co 9,6-10 / Psaume 84 / Phil. 3,10-13/ Jn 12,24-26

Chers sœurs et frères dans le Christ,
je suis heureux de répondre à l’invitation de Monsieur le curé pour célébrer avec vous l’Eucharistie et honorer votre saint Patron le diacre Laurent. Heureux d’être invité avec vous à la table du Seigneur Jésus. Il y a 5 ans j’étais ici même et j’avais évoqué les évènements marquants de la vie du diacre Laurent.

    J’étais en train de relire les textes de ce jour, de me rappeler ce qu’on sait de la vie de St Laurent et de préparer cette homélie, lorsqu’en feuilletant le calendrier des spiritains, reçus il y a 3 jours, je découvre sur le feuillet de septembre un texte signé du père Franz LICHTLE, qui parle du « Sacrement du tablier » et dont je vous lis cet extrait : « ... le tablier, c’est le seul habit liturgique qu’on connaît à Jésus...le soir du jeudi-saint ! Don Tonino, célèbre évêque italien [(1935-1993)] rêvait d’une « Eglise du tablier ». Et si on créait le sacrement du tablier ! Pas le sacrement réservé aux clercs, célébré dans une église, avec des habits liturgiques somptueux. Mais le sacrement que tout baptisé peut célébrer, à la maison, dans la rue, dans les champs, au travail, à l’école, à l’hôpital, en prison, au théâtre, au musée, au cinéma, là où Jésus se rend vraiment présent à tous ! »
  
    Je me suis souvenu que sur la carte de remerciement après mon ordination, j’avais écrit : « à la table de la Parole de Dieu, à la table de l’Eucharistie, et à la table du partage avec mes sœurs et frères en humanité, grâce aux dons de l’Esprit-Saint, j’espère être un serviteur fidèle »

    A la lumière des lectures d’aujourd’hui je veux évoquer plus particulièrement la mission du diacre et aussi de tout chrétien à la table du partage. Je veux répondre avec vous à l’invitation de Dieu – que vous venez d’entendre dans la 1ère lettre de St Paul - l’invitation à « semer largement » les grains de la tendresse divine dans le cœur de tout humain. Car comme l’affirme avec force Paul dans sa 2ème lettre aux chrétiens de Corinthe : « J’aurais beau parler toutes les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas la charité, s’il me manque l’amour, je ne suis qu’un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante. »

    Le diacre Laurent avait pour mission d’être le gardien des trésors de l’Eglise de Rome en vue d’en distribuer les revenus aux pauvres. Le préfet romain qui convoitait ces biens fut pris d’une fureur meurtrière lorsque Laurent vint vers lui avec une cohorte de pauvres, d’infirmes, de boiteux, d’aveugles et en les désignant lui dit : « Voilà les trésors de l’Eglise que je vous avais promis ... l’Eglise n’a pas d’autres richesses ! »

    Oui, frères et sœurs de BERGBIETEN et d’ailleurs, chacune et chacun est appelé à donner « comme il a décidé dans son cœur, sans regret et sans contrainte, car Dieu aime celui qui donne joyeusement ». Pour nous chrétiens, Jésus est le don par excellence. Comme l’affirme le pape François « Jésus s’est fait comme le grain de blé dans la terre. Il est mort pour donner vie. De cette vie pleine d’amour surgit notre espérance ».

    Mais alors, qui sont nos prochains ? Ce sont nos enfants qui attendent de nous une présence affectueuse. Ce sont nos parents ou grands-parents qui guettent une visite ou une invitation. C’est ce simplet du village ou cet alcoolique invétéré qui se sentent méprisés de tous. C’est ce malade qui serait heureux que quelqu’un l’écoute. C’est cette vielle femme d’origine étrangère, sans mutuelle, qui a du mal à payer ses médicaments et ses soins dentaires. C’est cette jeune mère de famille en instance de divorce qui ne sait plus à quel saint se vouer. Ou cette mère de jeunes enfants qui craint que ses enfants lui soient retirés pour être placés en famille d’accueil. C’est cet étranger, aux coutumes différentes des nôtres, qu’on a du mal à accueillir.

A la suite du Christ-Serviteur, être présence d’Eglise auprès de nos prochains quels qu’ils soient, mais particulièrement auprès de celles et ceux qui sont blessés par une maladie, une séparation, un divorce, un deuil, une fragilité psychologique, la perte d’un emploi, la précarité, la solitude du grand âge, une carence affective... Etre tendresse de Dieu auprès de celles et ceux qui n’existent dans le regard de personne. Etre à l’écoute attentive de ceux qui sont plongés dans les ténèbres du doute, ou empêtrés dans des situations inextricables. Etre présent aussi à leur bonheur, à leurs joies et à leurs fêtes.

    Suivre et servir le Christ exige de nous un changement dans nos manières d’être, dans nos relations avec les autres. Suivre et servir le Christ c’est mourir un peu à soi-même, à son égoïsme, à ses habitudes de confort, à ses préjugés. Notre proximité fraternelle avec les plus fragiles ne devra pas être l’attitude hautaine et tapageuse des riches pharisiens mais plutôt celle de la pauvre veuve de l’évangile (Mc 12,41-44). Pratiquer la charité non pas en faisant sonner de la trompette à grands renfort des médias ! Le pape François nous invite à être « Tous frères » en ayant nous-mêmes pris conscience de notre intime pauvreté et sachant que notre richesse est en Dieu seul. Une des missions du diacre c’est de rappeler cette exigence, c’est être – comme le disait un confrère diacre – le « poil à gratter » dans sa communauté paroissiale ou diocésaine, pour réveiller les consciences endormies. Mais lui-même prêt à mettre les mains dans le cambouis. Sans autre récompense que de voir scintiller à nouveau une étoile d’espérance dans les yeux d’une sœur ou d’un frère désemparé !

     Peu importe la tenue de service, avec ou sans tablier, en aube ou en tenue ordinaire, Saint Paul nous invite à nous laisser « saisir par le Christ Jésus ». Alors, à la suite de Jésus, notre charité deviendra regard bienveillant, écoute attentive, aide concrète et discrète, visite fraternelle, parole apaisante, présence affectueuse. Les détresses physiques, psychologiques ou matérielles ne manquent pas, particulièrement en ces temps d’incertitude et de désarroi.

    Pour conclure je vous propose cette prière d’un diacre (D. DUFRASNE) à son ordination lors de la remise de son étole :         
    « Seigneur Jésus,
    en posant cette étole sur mon épaule,
    je me souviens du tablier que tu portais
    quand tu as lavé les pieds de tes disciples.
    Je voudrais que cette étole soit du même tissu
    que celui de tous les tabliers du monde,
    teintée de la sueur de tous les serviteurs du monde,
    lourde de la peine de tous les laborieux du monde,
    colorée de la joie de toutes les charités du monde.
    Par l’intercession du diacre Laurent,
    accorde-moi la grâce de mourir à moi-même.
    Par l’intercession du diacre Ephrem,
    accorde-moi de te louer pour toi-même.
    J’incline la tête devant toi
    pour n’être point hautain face au peuple ;
    je fais silence devant toi
    pour n’être point bavard avec ton peuple. »

    Sœurs et frères bien-aimés de Dieu, ne soyons pas « avares de nous-mêmes ». N’hésitons pas à mettre le tablier pour nous mettre toujours davantage au service de nos familles, de nos proches mais surtout des pauvres et des petits, joyeusement, avec humilité. Que saint Laurent intercède pour nous auprès du Maître du bonheur, le Seigneur des vivants, le Fils de Dieu qui est venu pour « servir et non pas être servi », qui a partagé notre condition humaine. Belle fête à vous tous. Amen                             

Arsène BUCHHOLZER, diacre permanent
Bergbieten, le 8 août 2021



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