Difficile à comprendre, cette parabole du gérant malhonnête. D’autant plus que Jésus semble encourager la pratique malhonnête de ce gérant.
Alors pour ne pas faire de contresens sur les intentions de Jésus et sur son message, il nous faut déjà commencer par poser le cadre symbolique : l’homme riche de la parabole, c’est Dieu, et le gérant, ce sont ses créatures. C’est-à-dire vous et moi, par exemple.
On comprend ainsi que cette parabole ne nous raconte pas comment pratiquer la ruse, l’arnaque et les pots de vin de manière habile, mais elle nous dit la dépendance fondamentale de tout être humain à son Créateur, le seul maître et propriétaire pouvant partager ses richesses.
En effet, nous ne sommes que les gérants de la création, y compris de l’argent qui permet de s’approprier des biens. Nous n’en restons jamais que les gérants, le seul vrai propriétaire étant toujours Dieu lui-même. Ce qui fait que toutes les ruses que nous pourrions tenter de commettre seraient vaines.
Dans la parabole, le maître fait l’éloge du gérant malhonnête pour son habileté, mais c’est pour s’en désoler : il constate que « les fils de ce monde sont plus habiles entre eux que les fils de la lumière ». En fait, c’est plus un constat qu’un éloge.
Cette parabole peut nous aider à réfléchir à nos propres pratiques : est-ce que je mets mes qualités, mes talents — ici, mon habileté, mon intelligence — au service du bien ou au service du mal ? Est-ce que je me comporte comme un « fils de la lumière » ou comme un « fils de ce monde » ? Et la frontière entre les deux n’est pas si claire.
En effet, le gérant pourrait passer pour une personne bonne et charitable, en réduisant la dette de ses débiteurs. C’est en tout cas l’avis de ces personnes dont le fardeau se trouve allégé. Pour eux, ce gérant est un homme bon. Sauf qu’il ne s’agit pas de son argent, mais de celui de son ancien maître. C’est donc en agissant de manière malhonnête qu’il passe pour un bienfaiteur.
Parfois, nous aussi, nous pensons faire le bien et nous pouvons même passer, aux yeux du monde, pour une personne charitable et attentionnée. Mais interrogeons-nous : au nom de qui est-ce que j’agis ? Est-ce dans mon propre intérêt, ou pour une cause plus grande que moi-même ? Est-ce pour donner à mon entourage une belle image de moi-même, ou pour annoncer le Royaume de Dieu ? Est-ce pour faire avancer l’humanité sur le chemin de l’Evangile ou pour flatter mon ego ? Est-ce pour le salut du monde ou pour la préservation de mes avantages ? On le voit, nos bonnes actions ne sont pas toujours aussi désintéressées qu’on pourrait le laisser croire, et le croire soi-même.
Il faut nous rendre à l’évidence, frères et soeurs ! Nous sommes pécheurs ! Oui, j’ai vraiment péché, en pensée, en parole, par action et par omission, en conscience ou par ignorance.
Alors, demandons à Dieu qui est toute miséricorde de nous pardonner et de nous éclairer, afin que toutes nos actions et nos paroles contribuent non-pas à nous glorifier mais à faire advenir le Royaume de Dieu.
Amen !
Daniel BICHET, diacre permanent
EHPAD
Pierre Delaroche, CLISSON
8 novembre 2024