Il est un peu dur, Jésus, vous ne trouvez pas ?
Par 3 fois, il demande à Pierre : « m’aimes-tu ? »
Ça vous est déjà arrivé, à vous, de faire cette demande à l’un de votre proches ? Votre épouse, votre mari, un de vos enfants ? « m’aimes-tu ? » « est-ce que tu m’aimes ? » « m’aimes-tu ? » Ou dans l’autre sens, de l’entendre vous demander, par trois fois, « est-ce que tu m’aimes ? » ? Ça doit être un peu dérangeant, déstabilisant. Parce que ça peut signifier un manque de confiance dans la réponse de l’autre.
Alors, pourquoi cette insistance, de la part de Jésus ?
On sait que, dans les traditions du peuple juif de cette époque, dans leurs us et coutumes, il fallait qu’une chose soit répétée trois fois pour être attestée, et soit considérée comme certaine, définitivement incontestable. On n’y revient plus. « C’est acté », comme on dit aujourd’hui.
Sans doute que cette insistance de Jésus a pour but de faire dire trois fois à Pierre « oui, je t’aime », pour qu’il intériorise définitivement cet acte de foi.
On se rend compte aussi, en lisant ce texte, que l’insistance porte aussi sur la mission que Jésus confie à Pierre : « sois le berger de mes agneaux ; sois le pasteur de mes brebis » Jésus confie donc à Pierre sa mission, par trois fois, pour qu’elle soit elle aussi attestée, considérée comme vraie, et incontestable : Pierre est définitivement le pasteur du troupeau. Il est celui qu’il nous faut suivre, et en même temps celui à qui nous sommes confiés ; il est ce pasteur qui soigne son troupeau. Et il tient sa légitimité de Jésus lui-même qui lui a confié cette charge.
Ainsi, frères et soeurs, si nous sommes croyants, il nous faut faire confiance aux pasteurs que l’Eglise nous confie. Nos prêtres sont les pasteurs de notre Église, comme Pierre est le pasteur du troupeau que Jésus lui a confié. Même si peut-être tel ou tel prêtre nous est plus ou moins sympathique, même si sa manière de faire nous déplaît, ou nous dérange, ou peut-être même nous bouscule. Le pasteur est celui qui nous est envoyé, nous avons à le recevoir comme un don pour notre salut, et non comme un dû en raison de nos mérites.
Nous avons la chance, sur notre paroisse, d’avoir encore un curé, et un vicaire pour le soutenir et l’assister dans sa lourde mission. Mais il n’est pas certain que cette chance dure bien longtemps. Vous le savez, les prêtres vieillissent et voient leurs forces se réduire. Et même si notre séminaire de Nantes forme encore un bon nombre de jeunes que le Seigneur continue d’appeler au sacerdoce, leur nombre reste encore insuffisant pour assurer une véritable relève.
Alors demandons à Dieu de continuer à appeler et à nous envoyer de saints prêtres. Et n’oublions pas de lui demander aussi de nous aider, nous-mêmes, à accueillir comme il se doit les pasteurs qu’il nous enverra, pour servir notre soif de Dieu dans son eucharistie, pour conforter notre foi et nous faire avancer vers le Salut qui nous est promis.
Amen !
Daniel BICHET, diacre permanent
EHPAD
Le Bon Vieux Temps, GORGES
16 mai 2024