Mt 9, 14-15Temps du Carême
Vendredi après les Cendres15 février 2013 Année C
Avez-vous remarqué ? Ce sont toujours ceux qui se
situent en-dehors de l’Eglise qui viennent reprocher aux chrétiens de
faire ce qu’ils font, ou ce qu’ils ne font pas comme eux. C’est un peu
agaçant, vous ne trouvez pas ? Ceux qui ne connaissent pas notre foi,
nos traditions, notre fonctionnement, ce qui constitue l’essentiel de
nos vies, se permettent de juger nos actes ou nos paroles, sans savoir
! je me souviens d’une auditrice d’une radio nationale qui se disait
athée et qui estimait que l’argent que l’Eglise catholique consacre à
la catéchèse était scandaleux, cet argent serait mieux employé à aider
les pauvres. Ou encore cette ministre qui, tout récemment, a demandé à
l’Église de mettre ses locaux à la disposition des sans abris. Comme si
l’Eglise avait attendu un ordre ministériel après deux mille ans
d’histoire pour commencer à s’occuper des pauvres…
C’est peut-être un peu agaçant,
en effet, mais c’est sans doute aussi salutaire ! Ces reproches, ou ces
questions parfois embarrassantes, sont pour nous autant d’occasions de
réfléchir à la vérité de notre foi, à la justesse de nos actes, à la
pertinence de nos paroles.
« Pourquoi tes disciples ne jeûnent-ils pas, alors que nous, nous
jeûnons ? » En ce temps de carême, il y a bien des personnes qui
pourraient nous poser la question inverse : « pourquoi jeûnez-vous ? »
Si nous leur répondons avec les mots de Jésus, il y a peu de chances
que nous soyons compris : « parce que l’Époux nous a été enlevé ». ça
nécessiterait un long développement, et ça ferait appel à un minimum de
connaissances de notre foi que tous nos contemporains n’ont pas.
Et puis, dans la réponse de
Jésus, il est question de faire pénitence. Jeûner, c’est faire
pénitence. Pas sûr non-plus que cette piste de réponse soit adaptée au
questionnement de nos contemporains.
Et pourtant, le temps du
carême est bien un temps où il est demandé aux chrétiens de jeûner.
Alors, pourquoi jeûner ?
Vous connaissez sans doute une
multitude de raisons qui expliquent le sens du jeûne. Jeûner, c’est se
priver pour mieux comprendre ceux qui n’ont pas à manger. Jeûner, c’est
se faire solidaire avec les affamés. Jeûner, c’est retrouver le sens du
sacrifice. C’est prendre du recul sur ce que je possède, ce que je
consomme. Tout cela est vrai. Mais il y a aussi une signification
spirituelle au jeûne. Jésus, dans ce même évangile de Matthieu, nous
dit qu’ « il y a des démons qui ne se chassent que par le jeûne et la
prière ». C’est au chapitre 17. Le jeûne est un combat. Pas seulement
un combat physique contre les tentations bien humaines que sont notre
appétit ou notre gourmandise, mais un combat spirituel contre le mal.
Dans la Bible, le jeûne tient une grande place dans ce combat spirituel
contre Satan et ses démons. Sans doute avons-nous, nous aussi à nous
préoccuper de la place que nous laissons au mal dans notre quotidien.
Suite à cette prise de
conscience, peut-être alors que le jeûne qui nous est proposé peut
prendre un autre sens pour nous-mêmes, personnellement, mais aussi
collectivement. Peut-être qu’après tout, en expérimentant moi-même le
jeûne, je serai capable de proposer ma propre réponse à la
question du jeûne ? Et si commençais, dès aujourd’hui ?
Daniel BICHET, diacre permanent.
Commentaire diffusé sur Fidélité, radio chrétienne de Nantes.
retour vers l'accueilretour vers l'index des commentaires