Mt 6, 1-6 ; 16-18Temps Ordinaire
Semaine 11
Mercredi 17 juin 2020 Année paire
Nous venons d’entendre un texte bien connu, ce passage de
Mathieu qui est lu chaque année à la messe du mercredi des Cendres.
Voilà un passage d'évangile dont la construction est remarquable et
dont je nous invite à admirer la beauté : il est construit comme une
chanson ! Une courte introduction, un refrain, trois couplets d'égale
longueur qui traitent chacun d'un thème précis, et rythmés par une
phrase centrale qui se répète à chaque couplet. Il ne manque que la
musique !
Cette construction est en fait un outil pédagogique mnémotechnique :
Rappelons-nous dans notre enfance, la psalmodie des tables de
multiplications, pour mieux les retenir, ou les rimes utilisées pour
bien mémoriser le théorème de Pythagore :
«
le carré de l'hypoténuse
est égal, si je ne m'abuse,
à la somme des carrés
des deux autres côtés. »
C'était vraiment efficace, je m'en souviens encore !
Alors, si Jésus aussi utilise ces techniques, c'est pour que son
auditoire retienne bien ce qu'il dit. C'est donc que, pour lui, c'est
très important !
Il rappelle d'abord les trois comportements à tenir « pour devenir des
justes », c'est-à-dire pour faire la volonté de Dieu : l'aumône, la
prière, le jeûne. Ce sont les trois thèmes des trois couplets. Pour les
contemporains de Jésus, c'est quelque chose de connu et sur lequel tout
le monde est d'accord. Ce sont les choses qu'il faut faire. Mais là où
Jésus veut attirer notre attention, là où il nous enseigne une
nouveauté, c'est sur la manière de les faire.
La première partie de chaque couplet raconte, avec un humour presque
moqueur, la manière dont certains s'acquittent de ces choses à faire.
On imagine Jésus faire des grands gestes pour amplifier le côté
grotesque de ces personnages. Cette description se termine, en plein
milieu du couplet, à chaque fois par cette sentence : « Amen, je vous
le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense. » Et puis le couplet
bascule :
« Mais toi, quand tu fais l'aumône, quand tu pries, quand tu jeûnes… »
Attention, Jésus nous donne maintenant un conseil ! Et un conseil
personnalisé : « toi, quand tu pries… » Il passe du « vous » au « tu »,
du général à l'intime, de l'humour au sérieux, pour signifier que ce
qui suit est précieux, capital, et nous concerne personnellement. On
l'entend presque, à présent, chuchoter à notre oreille : « toi, quand
tu jeûnes… »
Et enfin, il termine chaque couplet par le même refrain, qui révèle
l'effet de ces conseils sur le Père : Le don d'une récompense ! « Ton
Père qui voit dans le secret te le rendra ».
Alors, si nous suivons ces conseils de Jésus, si nous agissons dans le
secret de notre cœur, et non de manière ostentatoire, nous savons que
notre plus belle récompense est de savoir que faisons la joie de notre
Père qui voit dans le secret. Nous sommes capables de faire la joie de
Dieu ! Ne nous en privons pas !
Daniel BICHET, diacre permanent.
Commentaire diffusé sur Radio Fidélité, radio chrétienne de Nantes.
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