Mt 5, 43-48Temps Ordinaire
Semaine 11Mardi 16 juin 2020 Année paire
Nous poursuivons la lecture du chapitre 5 de Matthieu ;
Hier Jésus nous proposait de faire 2000 pas avec celui qui nous en
demande 1000, de tendre l’autre joue à celui qui nous frappe, et
aujourd’hui, voilà qu’il conclue son propos avec « aimez vos ennemis ».
Carrément… Cette injonction n’est pas anodine. Aimer ses ennemis, c’est
pratiquer un amour radical.
Quand on y réfléchit, cette attitude qui consiste à aimer nos ennemis,
c’est peut-être ce qui caractérise le mieux les chrétiens. Ce qui les
rend différents de tous les autres. En effet, comme le dit Jésus, il
n’y a rien d’extraordinaire à aimer ses amis, à prier pour ceux qu’on
aime, à leur souhaiter du bien. C’est simplement humain, c’est naturel,
tout le monde fait ça. Mais aimer ses ennemis, leur souhaiter du bien,
prier pour eux, ça, c’est extra-ordinaire, c’est sur-humain, c’est
sur-naturel. Et surtout, c’est imiter Dieu ! Lui, il ne fait pas de
différence entre les hommes. « Il fait tomber la pluie sur les justes
et sur les injustes ».
C’est à cette imitation de Dieu que nous sommes appelés, nous-mêmes.
Jésus nous le demande ! et nous savons combien c’est difficile !
Difficile, mais certainement pas impossible. Cette exigence a été mise
en pratique d’une manière remarquable, il y a quelques années, par les
chrétiens de Syrie lors de la première messe qu’ils ont pu célébrer
dans leur église encore dévastée, juste après le départ des troupes de
Daesh. Ces chrétiens, qui avaient tous au moins un parent, un ami, un
voisin tué par ces islamistes, ont prié pour ces victimes, bien-sûr,
mais aussi pour leurs bourreaux. Leur prière universelle était ainsi
vraiment universelle. Elle était habitée, incarnée, concrète et
profondément chrétienne. La prière qui montait de cette église de Syrie
était la prière même de Jésus sur la croix : « Père, pardonne-leur, ils
ne savent pas ce qu’ils font ». Il mettra ainsi en pratique lui-même
cette recommandation : « aimez vos ennemis, priez pour ceux qui vous
persécutent ».
Remarquons au passage que Jésus n’exige pas de nous que nous
pardonnions à nos ennemis. Il sait bien que ça nous est impossible.
Seul Dieu peut pardonner les péchés. Seul le Père, qui est toute
miséricorde, est capable de pardonner. Même Jésus, fils de Dieu, mais
homme crucifié, martyrisé, ne dit pas à ses bourreaux « je vous
pardonne ». Il demande à son Père de leur pardonner.
De même, nous aussi, nous qui avons tant de mal à pardonner, nous qui
avons subi peut-être de tels outrages que le pardon nous est
impossible, reconnaissons devant notre Père du ciel notre incapacité à
pardonner, mais demandons-lui de pardonner pour nous. C’est cela que
Jésus nous recommande : « aimez vos ennemis, priez pour ceux qui vous
persécutent ». Car si nous sommes souvent incapables de pardon, nous
sommes au moins capables d’amour.
Daniel BICHET, diacre permanent.
Commentaire diffusé sur Radio Fidélité, radio chrétienne de Nantes.
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