Mt 5, 38-42Temps Ordinaire
Semaine 11
Lundi 15 juin 2020 Année paire
Encore une parole bien étonnante, déstabilisante !
Nous vivons dans un monde où ces préceptes ne sont ni mis en pratique,
ni enseignés, ni valorisés, ni même souhaités. C’était déjà vrai du
temps de Jésus, et même bien avant ; ça restera vrai aussi dans les
années à venir, et partout dans le monde.
Alors, ces paroles décalées de Jésus, comment les comprendre ? Que
veut-il nous dire ? Qui peut les appliquer, et quel sens doit-on y voir
?
Quand on évoque sous une forme ou sous une autre cette phrase bien
connue « si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tend-lui encore
l’autre » nos interlocuteurs, même croyants, même chrétiens, ont
souvent un regard sceptique, soupçonneux, quand ce n’est pas méprisant.
Comment peut-on se comporter de façon aussi humiliante ? Ne pas
riposter, ça peut déjà passer pour de la faiblesse, mais tendre l’autre
joue… ?
Pourtant, il existe des personnes qui appartiennent à des courants
non-violents et qui pratiquent ce comportement. Le plus célèbre et le
plus emblématique est sans doute Ghandi, mais d’autres personnages
influents existent aussi, et beaucoup d’anonymes aujourd’hui essaient
de mettre en œuvre cette non-violence dans leur quotidien. Nous avons
tous entendu parler de la CNV, Communication Non-Violente, mais il y
aussi la Pédagogie Non-Violente, l’Éducation Non-Violente, et d’autres
déclinaisons encore, qui font appel à des techniques enseignées par des
organismes de plus en plus nombreux. Au-delà de ces « techniques », il
s’agit davantage de changer de regard, de considérer autrement les
rapports de force entre les personnes. Cela nécessite un long
apprentissage, et ce n’est pas acquis du jour au lendemain ni une fois
pour toutes. C’est un chemin.
Pour autant, ces attitudes non-violentes ne sont pas simplement des
comportements héroïques, encore moins masochistes. Ce ne sont pas des
attitudes passives, elles contiennent au contraire un principe actif :
elles ont un effet sur la personne qui exerce la violence. Le violent
attend une riposte, d’une manière ou d’une autre. Mais tendre l’autre
joue le déstabilise, et peut même le faire changer d’attitude. Jean, au
chapitre 18 de son évangile, nous rapporte la réaction de Jésus face à
celui qui le frappe : « si j’ai mal parlé, fais voir ce que j’ai dit de
mal ? et si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? » (C’est au
verset 23).
Quand Jésus nous demande de « tendre l’autre joue », il nous demande de
faire comme lui. Il s’applique à lui-même ce principe. Il n’a pas
riposté lors de sa Passion. Il a subi tous les outrages sans riposter.
Ainsi Jésus nous montre que ce n’est pas la faiblesse qui s’oppose à la
violence. C’est la douceur. Et la douceur n’est pas une faiblesse,
c’est au contraire une force. Car elle peut susciter chez l’adversaire
un étonnement d’abord, un questionnement ensuite, et peut-être même un
changement d’attitude.
Alors, n’hésitons pas à utiliser cette force que Jésus nous recommande
et qu’il nous a donné par son Esprit Saint. A la violence de ce monde,
opposons la douceur du Christ.
Daniel BICHET, diacre permanent.
Commentaire diffusé sur Radio Fidélité, radio chrétienne de Nantes.
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