Aujourd’hui, arithmétique évangélique : 5 pains + deux poissons
multipliés par Jésus = 5 000 parts + 12 paniers de restes. Quelle
curieuse égalité ! A travers cet
événement extraordinaire, qui pourtant, avouons-le, ne nous étonne plus
guère, Luc nous raconte tout simplement l’Eucharistie, et le Royaume de
Dieu. Observons le
déroulement de cet épisode : Tout d’abord, Jésus, voyant les foules, «
fut saisi de pitié envers eux ». C’est ainsi que nous commençons nos
célébrations eucharistiques par demander la miséricorde de Dieu : «
Seigneur prends pitié, O christ prends pitié » ; Jésus commence par
poser sur chacun son regard de pitié, de miséricorde. Puis, « il se mit
à les instruire longuement ». C’est le deuxième temps de la messe, le
temps de l’écoute de la Parole de Dieu, proposée comme nourriture
spirituelle. Ensuite, vient le temps de l’eucharistie, du partage du
repas. Encore faut-il avoir de quoi partager ! C’est pourquoi Jésus
demande aux disciples s’ils peuvent trouver quelque chose à manger.
C’est ce quelque chose qui sera la participation de chacun, comme au
moment de la quête, où chacun apporte symboliquement sa contribution à
l’offrande de l’Autel. C’est alors seulement que Jésus fait asseoir la
foule « par groupe de cent et de cinquante ». Il fait de cette foule
anonyme et dispersée un peuple organisé ; il opère la communion. Il
peut désormais prendre la nourriture offerte, la présenter à son Père
en levant les yeux au ciel, prononcer la bénédiction, puis
partager et distribuer. Tous mangèrent
à leur faim. Parce que ce tout petit rond de pain dans notre main,
c’est la vraie nourriture qui rassasie. « Qui mange mon corps n’aura
plus jamais faim. » Et il y aura même des restes, à profusion. Car
lorsqu’on partage des biens spirituels, vous le savez bien, on en
augmente le nombre, comme la flamme qui se propage dans l’église, d’un
cierge à l’autre jusqu’à éclairer toute l’église.
Les disciples
ont fait confiance à Jésus malgré l’équation impossible du départ : 5
pains et 2 poissons pour cinq mille hommes, et pourtant c’est
bien eux-mêmes qui vont distribuer la nourriture, à présent si
abondante, à cette foule qui a faim. C’est bien eux-mêmes qui vont
ramasser les restes, qui rempliront 12 paniers. En disant à ses
disciples « donnez-leur vous-mêmes à manger », Jésus voulait leur faire
découvrir qu’ils ont des ressources insoupçonnées, mais à condition de
tout reconnaître comme don de Dieu, de faire acte d’humilité.
L’humilité ne rend pas faible et impuissant, mais permet au contraire
de développer ses capacités, peut-être ignorées, pour le service des
autres. Nous voyons ici comme il est
important d’aller chercher auprès de Dieu les réponses à nos questions
humaines. Aller régulièrement à la rencontre de Dieu, présent dans la
prière, dans l’Eucharistie, et aussi dans sa Parole. Si la prière nous
met en disponibilité en vue de l’action, si l’eucharistie nous apporte
la force d’agir, l’écoute de la Parole oriente nos actes vers
l’avènement du Règne de Dieu. Si nous croyons
que Dieu est réellement présent dans sa Parole, si nous reconnaissons
qu’il se donne à travers elle, alors, comme pour les disciples, tout
deviendra possible, et nous serons capables, nous aussi, de multiplier
les pains pour en faire un partage d’abondance auprès de nos frères qui
ont faim.
Je vous souhaite une belle journée.
Daniel BICHET, diacre permanent Commentaire radiophonique enregistré pour Fidélité, Nantes.