Mc 2, 13-17Temps Ordinaire
Semaine 2Samedi 14 janvier 2017Année impaire
« « suis-moi. » l’homme se leva et le suivit. »
En moins d’une dizaine de mots, l’évangéliste St Marc nous raconte
l’appel de St Matthieu, qui porte encore son nom hébreux Lévi.
Conversion express ! J’en parlais il y a quelque temps avec des fiancés
au cours de leur préparation au mariage. Ce genre de récit a de quoi
déstabiliser. Ce jeune couple trouvait cette conversion beaucoup trop
rapide pour être crédible. On ne se lève pas comme ça brusquement en
quittant tout ce qui fait sa vie pour suivre un homme qui a simplement
dit « suis-moi » ! et ils ont bien raison ! mais là où ils
n’ont plus raison, c’est quand ils en concluent que l’évangile dit
n’importe quoi. C’est qu’ils lisent de manière littérale. Ils font une
lecture fondamentaliste, comme on dit. Mais les évangiles, et toute la
Bible ne sont pas écrits comme un reportage, dans lequel on écrirait
des faits pour eux-mêmes.
Probablement que Matthieu, avant de tout plaquer, a dû être un auditeur
attentif de Jésus, qui n’était pas un inconnu, puisqu’il prêchait
publiquement depuis un certain temps déjà. Probablement qu’avant ce
« suis-moi », il était déjà conquis par Jésus, par sa
personnalité, par son message d’espérance, son annonce du Royaume. Et
ce « suis-moi » a été le déclencheur, le petit
« plus » qui a décidé Matthieu à se lever.
En fait, Si St Marc nous dit le minimum sur cet appel et sa réponse,
c’est que son propos n’est pas de donner des détails sur cette
vocation. Ce qu’il veut nous dire, on le comprend un peu plus loin.
« Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des
pécheurs ». Manière de dire que le Royaume de Dieu n’est pas
l’affaire de spécialistes, ni d’une élite, ni même de gens convenables,
reconnus pour leur piété, leur foi, ou leurs connaissances. Non, au
contraire, ce sont de simples pécheurs qu’il est venu appeler.
Autrement dit, il est venu appeler… tout le monde ! ou n’importe qui.
En effet, qui n’est pas pécheur ? N’importe qui, n’importe quelle
personne peut être appelée à le suivre. Plus encore, c’est ce que nous
enseigne notre foi, nous sommes tous appelés. Tous ! Toi comme moi, lui
comme vous, nous comme eux… Evidemment, nous ne sommes pas appelés à
suivre Jésus tous de la même manière, à remplir la même mission, à
vivre la même vie. Dieu appelle chacun à ce dont il est capable. Et si
je ne me sens pas capable, alors Dieu me donne le surcroît de qualités
nécessaires à accomplir ma mission de baptisé.
C’est ainsi que le pape François, à l’occasion de son 80ème
anniversaire, le 17 décembre dernier, répondait au journaliste qui
l’interrogeait. Ce journaliste lui rappelait qu’en Argentine, il
apparaissait comme un vieil homme, s’apprêtant à prendre paisiblement
sa retraite d’archevêque, lorsque le conclave l’a élu pape. Et à
présent, il nous donne l’image d’un homme dynamique, plein d’énergie,
actif, rajeuni de 15 ans. François lui a répondu : « je ne vois pas
d’autre explication que la grâce d’état. Quand Dieu demande, il donne
les moyens de réussir la mission qu’il confie ».
Oui, comme Lévi qui deviendra St Matthieu, comme ce vieil archevêque
argentin qui deviendra ce rayonnant pape de toute l’Église, ne doutons
pas que l’appel qu’il nous adresse à chacun sera accompagné de cette
« grâce d’état » qui sera notre force pour accomplir la
mission, notre paix pour en accepter les difficultés, et notre joie
pour la mener jusqu’à son terme.
Daniel Bichet, diacre permanent
Commentaire radiophonique enregistré pour Fidélité, Nantes.
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