Mc 1, 21-28Temps Ordinaire
Semaine 2Mardi 10 janvier 2017Année impaire
Si on nous demandait de citer spontanément un miracle de Jésus,
sans doute aurions-nous cité la guérison d’un malade, d’un aveugle,
d’un sourd-muet, ou encore Jésus qui marche sur l’eau, qui transforme
l’eau en vin ou qui multiplie les pains. Il y a peu de chance que nous
ayons cité en premier ce passage de l’évangile de Marc que nous venons
d’entendre. Pourtant, parmi les nombreux miracles que Jésus opère dans
les évangiles, les plus nombreux sont des exorcismes, comme c’est le
cas avec cet homme dont Marc nous dit qu’il était « tourmenté par
un esprit impur ».
Sans doute est-ce le signe que, si nous sommes relativement à l’aise
pour reconnaître les guérisons de Jésus comme des miracles, tout comme
la multiplication des pains ou l’eau changée en vin, nous sommes
peut-être un peu plus gênés par l’expulsion des démons. Pourtant, en y
réfléchissant deux secondes, ces exorcismes ne sont pas plus
incroyables que la transformation de l’eau en vin ! Mais ce qui
nous gêne sans doute, c’est que ces expulsions d’esprit impurs nous
obligent à reconnaître l’existence de ces esprits.
Les esprits impurs, les esprits mauvais, les esprits démoniaques, ou
encore les démons… ils sont omniprésents dans les évangiles. Notre
pensée rationnelle nous fait parfois minimiser ces exorcismes, en les
considérant comme de simples guérisons de maladies, de maladies
psychiques. Les connaissances médicales et scientifiques sont
aujourd’hui capables de nommer ces maladies. Alors, on traite sans
doute avec une certaine condescendance ces épisodes où on nous dit
qu’un schizophrène ou un épileptique est habité d’un esprit impur.
Nos connaissances médicales, ou plus exactement la confiance que nous
avons dans les connaissances médicales, induisent parfois chez nous une
confusion entre le psychologique et le spirituel. Ce sont pourtant des
aspects bien distincts de notre être qui ne se situent pas au même
niveau. Mais la médecine ne traitant que le physiologique et le
psychologique, n’ayant pas ou peu de prise sur le spirituel, elle
pourrait être tentée de le renier.
Si nous avons peut-être du mal à reconnaître les esprits impurs, les
démons, eux savent très bien reconnaître Jésus ! « Que nous veux-tu,
Jésus de Nazareth ? […] Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu. »
Quelle belle profession de foi ! Dans les évangiles, il n’y a que les
esprits mauvais qui sont capables de reconnaître qui est Jésus. Les
disciples et les autres personnes qui apparaissent au fil des
rencontres, sont plutôt dans l’interrogation, le questionnement :
« Qu’est-ce que cela veut dire ? voilà un enseignement nouveau
!… » se disent-ils entre eux.
L’homme est un animal qui doute… et donc qui est capable de croire !
Alors, choisissons plutôt de nous placer dans la confiance, dans
l’accueil de ce que nous apprend ce passage d’évangile. N’ayons pas
peur de reconnaître que nous ne maîtrisons pas tout, que nous ne
comprenons pas tout. Et peut-être est-ce aussi l’occasion pour nous
d’interroger notre spiritualité, de la laisser s’exprimer, de la
laisser parler à notre rationalité, pour lui permettre d’affirmer
« je sais qui tu es, Jésus de Nazareth : tu es le Saint de Dieu
! »
Daniel Bichet, diacre permanent
Commentaire radiophonique enregistré pour Fidélité, Nantes.
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