Commentaire d'évangile

Évangile selon St Luc

Lc 5, 12-16

Temps de Noël   
Vendredi 10 Janvier 2014
Année A

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    « Jésus était dans une ville quand survint un homme couvert de lèpre. » « Jésus était dans une ville... » Pourquoi St Luc prend-il la peine d’introduire son récit par cette précision qui n’en est pas une ? Une ville ? Mais quelle ville ? Peu importe, en fait. Ce qui frappe et qui accroche l’attention des auditeurs de cette histoire, c’est que dans une ville, en principe, on ne risque pas de voir surgir un lépreux au coin d’une rue. En effet, à cette époque, les lépreux étaient interdits de séjour dans les villes. Ils vivaient à l’écart, cachés de tous, exclus de la société.
    Imaginez alors la scène : en pleine ville, un lépreux survient et tombe la face contre terre devant Jésus. Les disciples qui accompagnent Jésus ont dû être stupéfaits, on les imagine faisant un écart en arrière, horrifiés par cette vision surprenante, incongrue. S’ils en avaient eu le temps, sans doute auraient ils durement interpellé ce lépreux, et l’auraient chassé en lui rappelant ses obligations.
    Mais Jésus ne leur en laisse pas le temps. Cet homme à terre le supplie : « Seigneur, si tu le veux, tu peux me purifier ». Et Jésus, non-seulement ne s’offusque pas de la hardiesse déplacée de ce lépreux, mais il accède à sa demande. Pire même, il le touche ! On sait ce que toucher un lépreux, pour un juif de l’époque, pouvait signifier de dégradant, et donc d’interdit. « Je le veux, sois purifié ». Jésus, une fois de plus, n’est pas limité par nos habitudes, nos réflexes, nos comportements sociaux. Il voit d’abord dans ce lépreux, l’homme. Et l’homme qui crie sa misère vers Dieu, avec une foi qui lui donne cette assurance, qui le fait reconnaître en Jésus celui qui peut le guérir, alors qu’il n’existe aucun remède à sa maladie.
    St Luc ne fait pas dire à Jésus, comme souvent : « va, ta foi t’a sauvé ». Mais c’est tout comme ! à la demande du lépreux « si tu le veux, tu peux », Jésus répond : « je le veux, sois purifié ». C’est bien sa foi qui a guéri cet homme. Sa démarche courageuse, qui lui fait prendre de grands risques, bravant les interdits, est bel et bien motivée par la foi qu’il a en Jésus. Les gestes et les paroles de Jésus attestent de cette foi. Il fait de cet homme condamné à la marginalité un témoin. Pour cela, il lui demande désormais de suivre la règle, de rentrer dans le rang, en allant se montrer au prêtre et en donnant pour sa purification ce que Moïse a prescrit. Il réintègre cet exclus dans la société, et le signe de cette réintégration sera son obéissance à la loi. Comme tout le monde. Il lui redonne sa dignité d’homme, il le remet debout et le fait reprendre sa place dans la communion. Ainsi, sa guérison sera pour les gens un témoignage.
    Chers auditeurs, comment ne pas se sentir interpellés par ce récit ? Nous qui sommes parfois dans la situation de ce lépreux, porteurs de nos propres maladies, de nos imperfections, de nos impuretés de toutes sortes qui nous marginalisent ou nous empêchent de vivre pleinement en communion avec tous, avons-nous comme lui, ce lépreux, cette audace et en même temps cette humilité de nous présenter jusqu’à notre Seigneur, de nous prosterner devant lui et lui dire notre foi : « si tu le veux, tu peux me guérir » ?
    Que cette journée nous permette de méditer cette question.


    Daniel BICHET, diacre permanent
    Commentaire radiophonique enregistré pour Fidélité, Nantes.


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