« Cette parole de l'Écriture, que vous venez d'entendre, c'est
aujourd'hui qu'elle s'accomplit. » Voilà sans doute une des homélies
les plus courtes de l’histoire !
Ici Jésus, contrairement à son habitude, en dit peu.
Nous avons entendu avant-hier qu’avant de multiplier les pains, voyant
la foule, il s’était mis à les instruire longuement.
Aujourd’hui au contraire, dans la synagogue, il se
contente d’une seule phrase. Il est vrai que le contexte est différent.
Il se trouve ici chez lui, dans cette ville de Nazareth où tout le
monde le connaît. Mais que dit-il ? « Cette parole de l'Écriture, que
vous venez d'entendre, c'est aujourd'hui qu'elle s'accomplit. »
À ceux qui voudraient voir en Jésus un
révolutionnaire, un réformateur, ce passage d’évangile rappelle comme
une évidence la véritable mission de Jésus : accomplir, et non abolir
l’Ecriture. Jésus vient ici attester de la pertinence de la première
alliance, que nous avons sans doute un peu trop vite qualifiée
d’ancienne – Ancienne Alliance, ou Ancien Testament – comme si elle
était abolie, justement, pour laisser place à la Nouvelle Alliance, au
Nouveau Testament. La Nouvelle Alliance que Jésus inaugure ne vient pas
remplacer la première, se substituer à elle, la rendre caduque. Bien au
contraire, tout ce que ces écrits anciens proclament et annoncent se
réalise, s’accomplit, prend corps en la personne de Jésus, s’incarne en
lui. C’est bien de Jésus que les prophètes parlaient, c’est bien lui
qu’ils annonçaient : « L'Esprit du Seigneur est sur moi parce que le
Seigneur m'a consacré par l'onction... »
Jésus est donc celui qui accomplit l’Écriture. Comme
nous répondons « amen » aux diverses oraisons et prières que le prêtre
prononce au cours de la messe, Jésus vient dire aussi « amen » à ceux
qui l’ont précédé. Amen, c’est-à-dire oui, vraiment, en vérité,
j’atteste. Je m’appuie sur cette vérité comme sur un roc, dont je suis
sûr. Un petit garçon au catéchisme disait « amen, c’est comme quand je
clique sur le bouton « OK ». Amen, je valide. Amen, je fais
mienne cette vérité qui ne vient pas de moi, qui m’est transmise.
Dès lors, être chrétien, c’est reconnaître en Jésus
celui qui est le Messie, celui qui devait venir, annoncé par les
prophètes ; celui qui est venu, le sauveur du monde, le sauveur de
chacun ; celui qui vient porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer
aux prisonniers qu'ils sont libres, et aux aveugles qu'ils verront la
lumière, apporter aux opprimés la libération, annoncer une année de
bienfaits accordée par le Seigneur. C’est aujourd’hui que cette parole
s’accomplit. Soyons-en sûrs, c’est là notre foi, notre force.
Chers amis, que cette force qui nous vient de Dieu lui-même, nous accompagne tout au long de cette journée.
Amen !
Daniel BICHET, diacre permanent Commentaire radiophonique enregistré pour Fidélité, Nantes.