« Jésus se rendit en Judée, accompagné de ses disciples ; il y séjourna
avec eux, et il baptisait » nous dit le verset de l’évangile de Jean. Jean
l’évangéliste nous apprend donc que Jésus baptisait ! C’est d’ailleurs
la seule fois dans tous les évangiles que l’on nous dit que Jésus
baptisait. Alors, attention à la confusion. Jésus baptisait comme Jean
le baptiste, d’un baptême de conversion. Rien à voir avec le baptême
chrétien, que le prêtre ou le diacre pratique « au nom du Père, du Fils
et du St Esprit », formule qui était évidemment impossible à l’époque
de Jésus, le Fils n’étant pas encore entré dans sa Gloire. Ce baptême dont
il est question, c’est un rite d’immersion connu depuis bien longtemps,
et dont la signification principale était la repentance, le désir
profond de changer de vie : passer par la mort, signifiée par
l’apnée de l’immersion, pour revenir à la vie en reprenant souffle au
sortir de l’eau. Et c’est tout naturellement que ce rite a été perpétué
par les premiers chrétiens en lui donnant le sens de l’abandon de notre
vie de péché pour entrer dans cette nouvelle vie du Christ ressuscité. En réalité,
cette allusion au baptême pratiqué par Jésus sert de prétexte à
l’évangéliste pour mettre en scène un double message : signifier à la
fois la mission de Jean-Baptiste comme véritable prophète et celle de
Jésus comme véritable Messie. Jean-Baptiste annonce la venue de Jésus,
le Messie, comme imminente, et il se reconnaît humblement comme son
serviteur, son précurseur. « Lui, il faut qu’il grandisse, moi, que je
diminue ». Cette célèbre phrase qui marque une transition, l’Eglise la
signifie jusque dans son calendrier liturgique : La nativité de Jean
est célébrée au solstice d’été, quand les jours les plus longs
commencent à décliner, et, à l’opposé, celle de Jésus est placée au
solstice d’hiver, au moment où la durée de la nuit commence à diminuer
pour laisser le jour prendre une place de plus en plus importante.
« Lui, il faut qu’il grandisse, moi, que je diminue ». Mais cette
belle phrase n’a pas qu’une valeur symbolique. Je vous propose de la
choisir aujourd’hui comme devise pour chaque jour. Comme une feuille de
route, un idéal de vie, que l’on peut d’ailleurs mettre en œuvre selon
deux axes, horizontal et vertical. Moi qui suis chrétien, ma façon
d’être doit s’attacher à permettre à chacun de mes frères de grandir,
de s’épanouir dans la vie avec Dieu, tandis que moi je tâche de rester
aussi humble que possible pour être plus disponible au service. Ce
serait l’axe horizontal. Selon l’axe vertical, mon témoignage en tant
que chrétien doit faire en sorte qu’il permette au règne de Dieu de
grandir, de s’étendre sur le monde, au lieu de me mettre moi-même
en valeur aux yeux du monde. C’est à ces deux conditions que je
participerai pleinement à la nouvelle évangélisation que l’Eglise
désire ardemment, et dont le pape François nous rappelle fréquemment
l’urgence. Chers
auditeurs, mettons en actes dès ce matin cette devise : « Lui, il faut
qu’il grandisse, moi, que je diminue » et à la fin de notre journée,
certainement nous pourrons dire avec Jean-Baptiste : « C'est ma joie,
et j'en suis comblé. »
Bonne journée à vous.
Daniel BICHET, diacre permanent Commentaire radiophonique enregistré pour Fidélité, Nantes.