Jn 20, 1.11-18Temps Ordinaire
16ème semaine, Jeudi 22 juillet 2021 - Ste Marie-MadeleineAnnée B
Nous sommes ici dans un temps exceptionnel, unique : Jésus est
ressuscité, il n’est donc plus mort, mais il n’est pas encore monté
vers le Père, comme il le dit à Marie-Madeleine. Un temps
intermédiaire, un temps à part. Est-ce bien lui, d’ailleurs ? Même
Marie-Madeleine, qui lui était pourtant très attachée, elle qui le
connaît très bien, ne le reconnaît pas. Comment est-ce possible ?
Ce moment, entre Pâques et Ascension, est difficile à imaginer pour
nous qui sommes tributaires du temps et de l’espace. Où est Jésus ?
Avant, il était avec ses disciples, il marchait et prêchait sur les
routes de Galilée. Il mangeait et buvait avec eux… Après, il sera
auprès du Père, hors du temps, dans l’éternité. Mais maintenant, où
est-il ? comment est-il ? Il apparaît, il disparaît, il apparaît à
nouveau, dans des lieux différents, parfois au même moment, sans avoir
besoin de se déplacer. Il n’est pas vraiment quelque part, ou plutôt il
n’y est pas présent de la même manière qu’avant. Et surtout, il n’est
pas reconnaissable. Il est le même, mais il est changé. Il doit avoir
une autre apparence que celle qu’il avait lorsqu’il était avec ses
amis. Marie-Madeleine n’est pas la seule à ne pas le reconnaître : dans
les Évangiles, à chaque fois qu’il leur apparaît, ses disciples
non-plus ne le reconnaissent pas immédiatement. Au cénacle, avec Thomas
qui est obligé de toucher ses plaies pour s’assurer que c’est bien lui
; avec les disciples d’Emmaüs, qui cheminent pendant deux heures avec
lui croyant avoir affaire à un étranger. Au bord du lac, où il fait
cuire un poisson en attendant ses apôtres au retour de la pêche…
Oui, quel moment étrange, indéfinissable, qui nous projette hors du
temps et de l’espace, qui nous fait percevoir un univers inconnu où
tout est différent, mais pourtant bien réel, où tous nos sens sont
chamboulés, où il nous faut réapprendre à voir, à entendre, à sentir, à
reconnaître…
J’aime à imaginer ce moment après la résurrection de Jésus comme étant
celui dans lequel se trouvent ceux que l’on a aimés et qui ont passé la
mort. Ils ont disparu à nos yeux, mais ils nous sont encore présents,
d’une certaine manière. Notre relation avec eux perdure, mais elle est
évidemment toute différente. Ils ne sont plus avec nous, mais ils ne
sont pas encore auprès du Père, dans l’éternité, où ils entreront à la
fin des temps. Entre-temps, nous les aurons rejoints. C’est notre
espérance.
« Femme, pourquoi pleures-tu ? » c’est la question des anges,
et c’est exactement la même question que Jésus reprend. Pourquoi
pleures-tu ? Celui que tu aimes est là, près de toi. Tu ne le
reconnais pas encore, mais c’est bien lui.
Alors, cesse d’être incrédule, sois croyant, et va annoncer à tes frères la bonne nouvelle de la Résurrection !
Daniel BICHET, diacre permanent.
Commentaire diffusé sur Radio Fidélité, radio chrétienne de Nantes.
retour vers l'accueilretour vers l'index des commentaires