Jn 1, 43-51Temps de Noël
Vendredi 5 Janvier 2018 Année paire
« Viens, et vois » dit Philippe à
Nathanaël. La même réponse que nous avons entendue hier de la bouche de
Jésus à ces premiers disciples : « venez, et vous verrez ».
J’aime bien ce « viens et vois » ; « venez, et vous
verrez ». À la fois invitation ferme : « viens », et espace de liberté
: « vois ». Cette très courte réponse constitue la base de
l’évangélisation, et en résume la démarche. Voici comment :
Parfois, auprès des personnes dans le besoin, il nous arrive d’être
généreux, de nous mettre à leur service, de nous investir pour les
aider, pour les accompagner, ou simplement leur proposer de partager un
moment, en toute simplicité, en toute fraternité. Et souvent, nous
n’osons pas aller plus loin. Nous n’osons pas leur annoncer quelle est
notre foi, notre moteur, ce qui fait que nous sommes attentifs à leur
situation, que nous sommes présents à leur détresse du moment. Nous
n’osons pas, peut-être par pudeur, par modestie, ou parce que nous
avons une telle image négative de ce qu’on a appelé le prosélytisme,
qu’il nous est inconcevable de parler de Jésus à celui qui a, selon
nous, simplement besoin d’un bout de pain, ou de chaleur, d’amitié.
Nous n’osons pas dire ce « viens », cette invitation à connaître Jésus,
qui est pourtant notre essentiel à nous. Nous sommes prêts à échanger
sur un tas de sujets, parfois même intimes, avec des personnes auprès
desquelles nous sommes investis, mais nous nous mettons une barrière,
une ligne rouge à ne pas franchir : surtout ne pas évoquer notre foi en
Dieu, de peur que le seul fait de prononcer ce mot soit une agression.
Nous interdisons alors à notre interlocuteur l’opportunité de la
rencontre avec Dieu, la joie de vivre, lui aussi, une amitié avec
Jésus. En refusant ce « viens », nous lui interdisons le « vois ». Nous
le jugeons incapable de faire un lien entre notre présence auprès de
lui et la présence de Dieu dans notre propre vie.
Pourtant, lui dire : « viens et vois », ce serait la
marque d’une très grande confiance. Comme celle que Jésus fait à ses
disciples, et Philippe à Nathanaël. Ce serait comme lui dire : « je
t’invite à te rendre compte par toi-même de ce qui me fait vivre. Je
tiens à ce que tu ne sois pas dans l’ignorance de ce qui habite ma vie,
ce qui fait ma joie. Et même si tu ne partages pas ma foi, je te fais
confiance pour accepter la mienne. »
« Viens et vois » Aujourd’hui, dans nos rencontres,
osons la confiance, risquons une parole, proposons la joie de la plus
belle, finalement, de toutes les rencontres. Et comme Jésus l’a promis
à Nathanaël, alors nous verrons des choses plus grandes encore.
Daniel BICHET, diacre permanent
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