Lc 3, 23-38Temps de Noël
Samedi 6 Janvier 2018 Année B
Cette généalogie de Jésus n’est sans doute pas le
passage le plus captivant de l’évangile de Luc ! Un brin fantaisiste,
et vraiment fastidieuse, cette succession de noms de personnages, dont
la plupart nous sont inconnus. On est en droit de se demander quel est
l’intérêt d’une telle énumération dans le récit évangélique !
Mais, si on fait confiance à l’Evangile, on peut
plutôt se dire que si Luc a choisi de placer cette généalogie dans son
oeuvre, il avait certainement de bonnes raisons. Alors au lieu de
passer allègrement par-dessus ces quelques lignes, arrêtons-nous
quelques instants pour essayer d’en comprendre la signification.
Tout d’abord, il faut savoir que les généalogies,
assez fréquentes dans la Bible, ont pour but d’inscrire le personnage
en question dans une histoire, une lignée, pour lui donner une
légitimité. Peu importe finalement l’exactitude historique, ce qui
compte c’est de fixer chez le lecteur l’idée que ce personnage ne vient
pas de nulle part, mais qu’il est le fruit d’une histoire dont il va
accomplir la destination, et à laquelle il va donner sens.
Concernant Jésus, il s’agit donc de montrer qu’il est enraciné dans
l’histoire du peuple d’Israël, et qu’en même temps, c’est en lui que va
s’accomplir cette histoire.
Jésus est présenté par Luc comme le nouvel Adam dont
il est le descendant, Adam étant lui-même « fils de Dieu » comme Luc
l’écrit au terme de cette liste. Ce qui est cohérent avec le fil
conducteur de l’évangile de Luc, qui est celui de l’universalité du
salut. Jésus, nouvel Adam, Jésus l’home nouveau, l’homme universel, qui
récapitule toute l’histoire du salut. Plus largement, présenter Jésus
de « fils de… » en « fils de… » ouvre cette filiation divine à nous
tous, lecteurs de l’évangile, car nous sommes nous-mêmes issus d’une
filiation, fils ou fille de quelqu’un. Selon Joseph Ratzinger : « qui
croit en Jésus entre par la foi, dans l’origine personnelle et nouvelle
de Jésus, reçoit cette origine comme origine propre. En eux-mêmes, tous
ces croyants ont été avant tout “engendrés par le sang et la volonté de
l’homme”. Mais la foi leur confère une nouvelle naissance : ils entrent
dans l’origine de Jésus-Christ, qui désormais devient leur origine
même. En vertu du Christ, par la foi en lui, ils sont à présent
engendrés par Dieu. »
Finalement, ce passage d’apparence rébarbative
s’avère être une bonne nouvelle : Nous sommes fils et filles de Dieu !
Daniel BICHET, diacre permanent
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