Homélie pour des baptêmes
Texte biblique : Luc 24, 13 (les disciples d'Emmaüs)
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Dieu n’est pas comme les autres dieux, qui sont le
fruit de l’imagination des hommes, et qui se comportent comme des
humains. Dieu est tellement différent, qu’il nous est impossible de le
connaître par nos propres forces ou notre propre volonté. Il a fallu
qu’il se révèle lui-même ! Le christianisme est la religion de la
Révélation. Et pour se révéler, il a parlé à des personnes tout au long
de l’Histoire : Abraham, Moïse, les prophètes… Puis il est venu
lui-même sur terre pour achever sa révélation : c’est Jésus. C’est en
cela qu’il est fils de Dieu. Et la vie de Jésus nous donne une image de
Dieu. Par le comportement de Jésus, on comprend mieux qui est Dieu. Par
ses paroles, par ses actes, Jésus veut nous dire qui est Dieu. Il nous
montre Dieu. C’est pour ça qu’il est venu parmi nous.
Ainsi, dans ce passage que je viens de lire – qui se situe 3 jours
après sa mort, c’est-à-dire le jour de Pâques, jour de sa résurrection
– on voit Jésus se comporter avec ces deux personnes comme Dieu se
comporte avec nous.
On peut distinguer sept étapes dans ce récit, sept actions de Jésus qui
nous révèlent sept actions de Dieu à notre égard, sept cadeaux que Dieu
veut nous faire, tout au long de notre vie. C’est une véritable
catéchèse, comme un raccourci de ce qu’il faut comprendre pour
connaître vraiment qui est Dieu.
Premièrement, il s’approche d’eux. Il s’approche de nous. C’est lui qui
vient vers eux. C’est Dieu qui vient vers nous le premier. Dans toutes
les religions, c’est l’homme qui fait des efforts, des sacrifices pour
s’approcher de Dieu. Mais nous, chrétiens, nous savons que c’est Dieu
qui fait le premier pas. Notre démarche ne consiste pas à essayer de
nous hisser jusqu’à lui, mais simplement à le recevoir, à accueillir
son amour.
Deuxièmement, il vient à eux, il vient à nous, de manière toute
naturelle, normale, comme une simple rencontre. Rien d’extraordinaire,
pas de mise en scène exubérante, pas de flammes, d’éclair, de bruit de
tonnerre. Dieu vient se faire proche de nous en toute simplicité. Il
marche avec nous, il nous accompagne sur la route.
Troisièmement, il les console. Il nous console. Les disciples sont tout
tristes, et même désespérés. Leur ami, leur guide, celui en qui ils
avaient mis toute leur espérance, a été mis à mort. Ils sont effondrés.
Tout est perdu. Jésus leur parle et leur fait prendre conscience que ce
qui est arrivé n’est pas une fatalité, que la Bible apporte des
réponses à leur désarroi. Il nous console.
Quatrièmement, il les enseigne. Il nous enseigne. Il leur raconte toute
l’histoire de la révélation de Dieu, depuis Abraham, Moïse, tous les
prophètes, et jusqu’à ce jour. Aujourd’hui encore, il nous enseigne.
Par son Eglise, par les hommes et les femmes qu’il a choisis pour nous
enseigner. Les évêques, successeurs des apôtres, les prêtres, les
diacres, mais aussi tout chrétien qui est, par son baptême, disciple
missionnaire auprès de tous.
Cinquièmement, il se donne à voir, il se fait reconnaître. Pour cela,
il fait un geste qui est celui par lequel tout le monde reconnaîtra
Jésus au cours des siècles : il bénit le pain et le vin, le partage
comme le font désormais tous les prêtres du monde chaque jour depuis
2000 ans au cours de la messe. Il se fait reconnaître à ceux qui ont le
cœur ouvert.
Sixièmement, il disparaît à leurs yeux. Comme pour nous, qui ne le
voyons pas. Mais il reste présent en eux, comme il est présent en nous.
Plus besoin que nos yeux le voient, puisqu’il manifeste sa présence.
C’est une certitude : il est là, présent, même si on ne le voit pas !
C’est ça, la foi.
Septièmement enfin, il les envoie. Aussitôt qu’ils l’ont reconnu, ils
décident de bouger, ils retournent à Jérusalem annoncer ce qu’ils ont
vu, ce qu’ils viennent de vivre, cet événement extraordinaire de la
rencontre avec Jésus, de ce qu’ils ont compris de lui. Ils témoignent
de sa présence en eux. Comme votre enfant qui va être baptisé dans un
instant, qui par le fait recevra la mission de témoigner, plus tard, de
l’amour qu’il a reçu et qu’il continuera de recevoir, pour peu que
vous, ses parents, son parrain et sa marraine, soyez attentifs à lui
apprendre à reconnaître cet amour de Dieu pour lui, pour vous, pour
chaque personne.
Vous l’avez sans doute remarqué, l’auteur de ce récit nous donne le nom
d’un des deux disciples, Cléophas, mais pas de l’autre. Pourquoi ?
Parce que ce deuxième disciple, c’est toi ! C’est moi, c’est nous
! L’évangile n’est pas une belle histoire écrite il y a 2000 ans pour
des lecteurs d’il y a 2000 ans. C’est un récit pour aujourd’hui. Il est
d’actualité chaque jour. C’est à nous qu’il est adressé, c’est à nous
qu’il parle, aujourd’hui.
En demandant le baptême pour votre enfants, vous, ses parents, vous lui
donnez le meilleur qui soit pour lui : devenir enfant de Dieu. Vous
permettez ainsi à Dieu de devenir son père, et vous le confiez à
l’Eglise, notre mère.
Puissiez-vous, avec le soutien de son parrain et sa marraine, l’aider à
découvrir de quel amour il est aimé de Dieu, avec quelle bienveillance
Dieu s’intéresse à lui, et combien la vie est belle quand on se sait
aimé d’un si grand amour.
Amen !
Daniel BICHET, diacre permanent.
Paroise Ste Marie du Val de Sèvre