Homélie pour des baptêmes
(Baptême de Grégoire)
Texte biblique : Marc 1, 9-11 (Baptême de Jésus)
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Dans ce très court récit de l’évangile selon Saint Marc, on voit Jésus se faire baptiser par Jean le Baptiste.
Cet épisode du baptême de Jésus est exceptionnel à plus d’un titre :
c’est d’abord un des rares épisodes qui soit évoqué dans chacun des
quatre évangiles. C’est dire l’importance fondamentale de cet
événement. Le baptême de Jésus marque le commencement de sa mission,
mais surtout il révèle dès le début son identité. Qui est Jésus ? le
fils bien-aimé du Père. C’est le Père lui-même qui le dit ! Dans tout
le reste des quatre évangiles, il y n’a pratiquement pas d’autre
passage où l’identité de Fils de Dieu de Jésus est révélée de manière
aussi explicite.
Exceptionnel aussi, ce baptême, parce que sont réunis dans le même
tableau le Père, dont on entend la parole venant des cieux ; le Fils,
Jésus qui reçoit le baptême, et le Saint-Esprit, évoqué par cette
colombe qui descend sur Jésus. Il est très rare en effet que la Trinité
soit toute entière présente dans une scène biblique. Le mot « Trinité »
n’apparaît d’ailleurs jamais, à aucun moment dans toute la Bible. Il
faudra attendre les premiers siècles de l’Église pour que l’évidence de
la Trinité soit proclamée comme la réalité du Dieu unique.
Exceptionnel enfin, ce baptême, parce que Jésus n’est pas acteur de ce
qui se passe. C’est le seul moment, à part sa Passion, à l’autre bout
du récit, où Jésus subit les événements qui le concernent sans en être
l’auteur. Il se laisse faire. Pourquoi ? Parce que le baptême est
l’œuvre du Père.
Lors du baptême, le Père envoie son Esprit Saint sur le baptisé, afin
qu’il devienne son enfant. C’est un acte de création, d’enfantement.
C’est donc par excellence l’œuvre du Père, qui est celui qui engendre,
qui donne la vie, qui ouvre à la vie.
Grégoire va être, lui aussi, baptisé dans quelques minutes. Et nous
aussi, nous laisserons le Père faire en lui son œuvre. Il lui faudra
bien-sûr un instrument, un ministre pour que cette œuvre se rende
visible. Mais c’est bien lui, le Père, qui agira quand je verserai
l’eau sur la tête de Grégoire. Et je ne le ferai pas en mon nom
personnel, mais au nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit. La
Trinité est ainsi convoquée à chaque baptême, comme à celui de Jésus.
Ainsi, Grégoire deviendra fils du Père, comme tout baptisé. Fils du
Père, donc frère de Jésus. C’est ce que nous chanterons juste après son
baptême. Le Père agit par son Esprit Saint pour faire de nous ses fils.
Mais le baptême de Grégoire ne verra son plein achèvement que lorsqu’il
sera suivi, plus tard, de la confirmation et de l’eucharistie. Ce sont
les trois « sacrements de l’initiation chrétienne » qui font de toute
personne un chrétien à part entière. Le baptême, œuvre du Père qui
engendre, l’eucharistie, œuvre du Fils qui offre sa vie, et la
confirmation, œuvre de l’Esprit qui vient habiter le cœur de chacun.
C’est ainsi que la Trinité s’incarne dans la vie de chaque chrétien.
« C’est toi mon fils bien-aimé. En toi j’ai mis tout mon amour. » Cette
parole que le Père adresse à Jésus, elle s’adressera aussi à Grégoire
dans quelques instants. C’est bien Dieu le Père qui viendra lui dire :
« C’est toi mon fils bien-aimé. En toi j’ai mis tout mon amour. »
Alors, vous, ses parents, sa famille, mais tout particulièrement son
parrain et sa marraine, vous l’aiderez à découvrir, tout au long de sa
vie, combien cet amour que le Père a mis en lui est un amour sans
limite, sans jugement, sans condition. Et vous l’aiderez aussi à
répondre à cet amour, c’est-à-dire à découvrir sa vocation de Fils de
Dieu, disciple missionnaire, lumière au milieu du monde, serviteur de
ses frères et sœurs en humanité.
Amen ! Alleluia !