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La Sainte Trinité


Pr 8, 22-31; Ps 8 ; Rm 5,1-5 ; Jn 16,12-15


Nous célébrons la Trinité : Dieu, à la fois Père, Fils, Esprit. Mais un seul Dieu : un plus un plus un n’est pas égal à trois, mais bien à un. Voilà une mathématique peu conforme aux bases du calcul ! Tout en étant unique, notre Dieu se manifeste en trois personnes. Nous pouvons en être déroutés.
On raconte que Saint Augustin, évêque d’Hippone au 5ème siècle, rencontra un jour un enfant, ou un ange (on ne sait pas trop), qui essayait de mettre toute l’eau de la mer dans un seul coquillage. Lorsque Saint Augustin lui fit remarquer la difficulté de l’entreprise, l’enfant lui répondit que cela lui serait plus facile que de vouloir épuiser, avec les seules ressources de la raison humaine, le mystère de la Trinité. Et si la Trinité était une interprétation excessive de l’Église naissante des premiers siècles, pour combattre un schisme qui se répandit dans toute la chrétienté à partir du 4ème siècle ? Je veux parler de l’arianisme qui niait la divinité du Christ. Et quand on sait que l’Église a consacré six conciles œcuméniques, entre les années 325 et 681, pour parvenir à une formulation de la Trinité, ne soyons pas surpris par nos difficultés devant cette vérité de la foi dont les évangiles témoignent pourtant, et qui trouve des racines dans l’ancien Testament, bien avant la naissance de Jésus.
Dans le livre de la Genèse, au chapitre 18, Abraham reçut la visite du Seigneur sous la forme de trois mystérieux personnages, pour lesquels le texte hébreu alterne curieusement singulier et pluriel. Dans cet épisode, Abraham accueille les trois visiteurs, puis il leur offre l’hospitalité. C’est alors que les visiteurs annoncent à Abraham et à Sarah que, malgré leur âge avancé, ils auront un fils, et donc une descendance. Les chrétiens y reconnaissent une manifestation de la Trinité, source de la vie. Ce qui interpelle notre attention dans ce récit, c’est l’hospitalité offerte par Abraham aux trois visiteurs qui se présentent devant lui, et qui parlent au singulier dans une profonde unité.
Alors, pour davantage entrer dans le mystère de la Trinité, il est nécessaire de délaisser certaines images que nous nous représentons, car elles rompent, d’une certaine manière, l’unité des trois personnes. Souvent, lorsque nous nous tournons vers Dieu le Père, nous le voyons tel un vieillard austère, impassible, observateur ou juge. Lorsque nous nous tournons vers le Christ, nous le voyons sans doute comme Dieu fait homme, mais il semble souvent bien seul face aux notables de son temps, ou avec ses disciples qui le suivent non sans difficulté pour comprendre ses paroles et ses gestes. Cette solitude humaine culminera avec le supplice de la croix. Pourtant, avec le Fils, on comprend mieux l'infini de la compassion du Père à notre égard. Seul un Dieu fait homme pouvait briser à ce point l'image impériale que les hommes se font de Dieu : tout-puissant, impassible, solitaire et même terrifiant. Les risques que le Fils de Dieu a pris pour devenir proche du plus lointain, consolateur du plus isolé, soulagement du plus souffrant, ont été démesurés. Seul un Dieu non solitaire pouvait prendre autant d’engagements pour nous.

Quant à l'Esprit Saint, on ne sait pas bien comment le représenter : une colombe, un coup de vent, une langue de feu… Nous l’avons célébré à la Pentecôte dimanche dernier. Par lui, les apôtres sont passés de la peur et de la prostration, à la joie et à l’audace de répandre la nouvelle de la résurrection du Seigneur. Sans Esprit Saint, les apôtres n’auraient rien fait. L’Esprit Saint, aussi appelé « le Paraclet », du grec parakletos, se traduit par : « être appelé auprès de », ce qui donnera en latin ad vocatus, et qui se traduira par avocat, défenseur. L’Esprit Saint est appelé auprès de chacun d’entre nous pour nous aider à prier, à croire, à agir au nom du Seigneur, ce qui n’est pas rien !
Comment nourrir davantage notre foi à partir de la Trinité ? Essayons, à la suite d’Abraham, d’offrir l’hospitalité à la Trinité dans notre cœur, dans nos prières, dans notre relation au Dieu unique.
La Trinité, nous la professons déjà par un geste associé à une parole : le signe de la Croix : au nom du Père, et du Fils et du Saint Esprit. Arrêtons-nous un instant sur « au nom de » et réalisons bien ce à quoi cela fait référence, à quoi cela nous engage : dès que nous traçons sur notre corps ce signe trinitaire, tout ce que nous allons dire ou faire, tout ce qui habite notre être est réalisé au nom du Dieu unique qui se manifeste en Père, en Fils et en Esprit. Prions donc à partir de notre signe de croix, en nous adressant au Père, et au Fils et au Saint-Esprit, en laissant notre cœur aller et venir vers l’un et vers l’autre, sachant que chacun des trois reçoit tout ce que nous lui portons.
En dehors de la Trinité, rien ne peut davantage signifier que Dieu est don, vie et amour. La vie n’existe pas sans engendrement. L’amour est tout sauf immobile. L’amour désintéressé tend vers l’unité dans une distance respectueuse de chacun, comme dans un couple ! Je dirais volontiers qu’il est impossible, pour un chrétien, de se fixer sur une seule personne de la Trinité, car chacune d’elle réoriente le regard vers les deux autres. Chacune des trois est Dieu tout entier. Chacune des trois n’existe qu’en union avec les deux autres, en communication permanente et ininterrompue entre elles, dans une parfaite relation d’échange et d’amour. À nous de porter aussi une part de cette relation, de cette communion, car nous avons bien été créés à l’image et la ressemblance du Dieu Trinité.
Au cours de cette eucharistie, demandons au Seigneur d’être davantage habités par la Trinité, comme enfant du Père, comme frère ou sœur de Jésus-Christ, comme temple de l’Esprit.

Christophe DONNET, Diacre permanent
16 juin 2019
Paroisse Saint Benoît, Diocèse de Saint-Étienne






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