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PENTECÔTE

    Ac 2, 1-11 ;  Ps 103 ; Rm 8, 8-17 ; Jn 14, 15-16.23b-26

        Avez-vous remarqué comment Jésus désigne l’Esprit Saint ? il l’appelle « le Défenseur ». « Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous. » On comprend qu’il s’agit bien de l’Esprit Saint, parce qu’il précise dans la phrase suivante : « le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom » Remarquons au passage que ces deux phrases nous mettent en présence de la Trinité : le Fils parle du Père qui nous envoie l’Esprit.
        L’Esprit Saint, le Défenseur. Certaines anciennes traductions en français n’ont pas traduit le terme d’origine, Paracletos en grec, et ont gardé « le Paraclet », ce qui reste assez mystérieux. Des traductions plus récentes proposent parfois « intercesseur » ou « consolateur ». Littéralement, paracletos, c’est « celui qui est appelé auprès de nous », « celui qui vient à notre secours ». On pense donc naturellement à un avocat, et finalement, à un défenseur, et c’est ce mot qui a été retenu dans la version que nous utilisons dans la liturgie.
L’Esprit Saint, un défenseur, donc.

        Serait-ce que nous avons besoin d’être défendus ? défendus contre quoi ? contre qui ?
On peut d’abord penser à un défenseur contre les adversaires de la foi, qui vont mettre en danger la vie des premiers chrétiens, à qui ils demanderont de renier leur foi pour adorer l’empereur. De fait, on lit dans les récits historiques une quantité impressionnante de chrétiens des premiers siècles qui deviendront des martyrs parce que, portés et soutenus par l’Esprit Saint, le Défenseur, ils vont rester fidèles au Christ jusqu’à la mort. Plus récemment, dans nos églises témoignent ces plaques gravées en hommage à ces prêtres « tués en haine de foi » lors des guerres de Vendée par exemple.
        Aujourd’hui encore, et particulièrement dans de nombreux pays d’orient, nous le savons bien, des chrétiens sont persécutés, de manière plus ou moins violente, et c’est l’Esprit Saint qui est leur seul Défenseur, qui leur permet de garder la foi envers et contre tout.
        Dans nos sociétés occidentales, la persécution ne prend généralement pas des formes aussi violentes. C’est une persécution plutôt insidieuse, quand les chrétiens sont traités par le mépris, ou quand leur message est combattu, leur foi attaquée ou tournée en dérision. D’où notre peu d’empressement à témoigner ouvertement de la Bonne Nouvelle de l’Évangile, en prétextant parfois ne pas vouloir s’imposer, ou en invoquant un soi-disant respect des personnes. En réalité, il s’agit le plus souvent de notre peur d’être incompris, dans le meilleur des cas, ou pire, moqué voire méprisé à cause de notre foi. Mais peut-être qu’au lieu d’invoquer le respect des personnes, ferions-nous mieux d’invoquer l’Esprit Saint, que Dieu nous propose justement comme défenseur ?

        En plus de ces petites ou grandes persécutions, nous avons aussi besoin d’être protégés de l’incroyance. Dans ce domaine aussi, l’Esprit Saint est notre Défenseur. Si c’est Dieu qui donne la foi par son Esprit Saint, c’est aussi sur l’Esprit Saint qu’il nous faut compter pour la garder. Il est tellement facile aujourd’hui de perdre la foi. Quand notre foi ne s’appuie que sur les personnes qui nous l’ont transmise et que ces personnes s’avèrent défaillantes, évidemment que la foi en est ébranlée et même parfois anéantie. Nous connaissons probablement tous, de près ou de loin, des personnes qui ont perdu la foi à cause du comportement de ceux qui sont censés l’incarner, prêtres, religieux ou même laïcs. Ça ne va pas toujours aussi loin, bien-sûr, mais les affaires de pédophilie qui apparaissent aujourd’hui sont autant de contre-témoignages qui poussent certains à quitter non-seulement l’Église, mais aussi la foi. Là encore, l’Esprit Saint peut être notre Défenseur si nous l’invoquons lorsque nous sommes blessés, meurtris à cause de ces personnes. C’est sur lui que notre foi doit s’appuyer et pas seulement sur des personnes, aussi proches soient-elles, aussi estimables soient-elles, qui sont forcément des pécheurs.

        Invoquons aussi l’Esprit Saint pour nous défendre contre nos fausses idées sur Dieu. Dans notre époque où tout est possible et où tout se vaut, combien de représentations erronées de Dieu circulent et sont colportées dans certains milieux, transmis au sein des familles ou des groupes humains de toutes sortes, ou par les médias. Ces représentations déformées sont dues à un manque d’enracinement solide de la foi, qui doit s’appuyer sur la fréquentation de la Parole de Dieu et sur la prière. Oui, l’Esprit Saint peut nous défendre aussi contre ce danger. Invoquons donc plus souvent l’Esprit Saint, notre Défenseur, notre Consolateur !

        Lors des préparations au baptême, on demande aux parents pour quelles raisons ils souhaitent faire baptiser leur enfant. Leur réponse la plus spontanée est souvent : « pour le protéger ». Ne jugeons pas trop vite cette réponse comme une superstition, une attente magique. Avec leurs mots, ils nous disent ce qu’ils pressentent, quelque chose qui ressemble à cette action de l’Esprit Saint qui sera le Défenseur de leur enfant. Il ne s’agit pas à proprement parler d’une protection au sens d’une garantie, qui les épargnerait des malheurs et des souffrances que toute vie humaine comporte. Mais si l’Esprit Saint reçu au baptême est bien le Défenseur que Jésus nous envoie, car il nous l’a promis, on ne peut pas nier qu’il nous offre ainsi une possibilité de demander à Dieu sa protection, d’une manière ou d’une autre. Parce que, par le baptême, nous recevons en nous l’Esprit Saint. Pas un esprit de peur, qui nous inspirerait, justement, la superstition, mais un esprit qui fait de nous des fils et filles de Dieu. C’est St Paul qui nous le dit, dans sa lettre aux Romains : « Vous n’avez pas reçu un esprit qui fait de vous des esclaves et vous ramène à la peur ; mais vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils ; et c’est en lui que nous crions « Abba ! », c’est-à-dire : Père ! C’est donc l’Esprit Saint lui-même qui atteste à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. »
        Oui, nous sommes enfants de Dieu. Il nous faut donc regarder Dieu comme un père, qui nous aime et en qui nous ne pouvons qu’avoir confiance, comme un enfant met sa confiance dans son père. Par amour, il nous a donné son Fils, Jésus, notre frère ; dans notre faiblesse, il nous envoie l’Esprit Saint, notre Défenseur. C’est lui, notre force ! Alors, en frères et sœurs que nous sommes, par la grâce de Dieu, notre Père, rendons-lui grâce au cours de cette eucharistie, et accueillons avec joie le don de son Esprit Saint, notre Défenseur !

        Amen !


Daniel BICHET, diacre permanent
9 juin 2019
Clisson et Monnières



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