Année C

Sommaire année C
Sommaire carême C
Accueil



5° dimanche de carême.

   Is 43, 16-21 ; Ps 125 (126), 1-2ab, 2cd-3, 4-5, 6 ; Ph 3, 8-14 ; Jn 8, 1-11

     
Le temps du Carême est un cheminement, qui nous conduit à la grande fête de Pâques : le passage par la mort, vers la Vie. Le Pape Benoit XVI rappelait dans une catéchèse qu’il s’agit « non pas tant d’une loi à observer, que d’une personne à rencontrer, à accueillir, et à suivre : Jésus-Christ ».

La Parole de Dieu nous accompagne. Dimanche dernier, nous avons rencontré un père prodigue en miséricorde, qui retrouve le fils qu’il croyait perdu. Aujourd’hui, Jésus envoie vers une vie nouvelle une femme accusée d’avoir enfreint la Loi de Moïse : « Va, et ne pèche plus ».

Ces paroles de Jésus sont adressées à tous : par toute sa vie, Jésus révèle qui est Dieu, en relevant les pécheurs : c’est vrai pour la femme de l’Evangile, et c’est vrai pour nous aujourd’hui.

Il y a 2000 ans, une femme anonyme prise en flagrant délit d’adultère – c’était une belle prise pour les pharisiens - les experts de la loi mettent Jésus à l’épreuve d’une situation délicate. Va-t-il se résoudre à condamner cette femme, lui qui d’habitude pardonne? Va-t-il l’innocenter, et prendre le risque d’aller à l’encontre de la loi ?  Il deviendra alors l’accusé, le coupable aux yeux des défenseurs de la Loi.
Et c’est lui qui sera condamné à mort.

« Maitre, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là, et toi, que dis-tu ? »
Pourquoi n’ont-ils pas amené les deux complices de l’adultère devant Jésus ?      Bonne question !
Le Livre du Lévitique prescrivait la lapidation à mort des deux coupables : la femme, et l'homme. On ne sait pas qui était le partenaire de la femme adultère, ni où il est passé ? [Il parait que le gars en question était le jeune fils prodigue de la Parabole de dimanche dernier? Il est déjà retourné chez son père…]

En tout cas, on voit bien que la femme amenée devant Jésus n’est qu’un prétexte.
Jésus est placé en position de juge, mais c’est pour le mettre en posture d’accusé.

Son attitude et ses paroles vont désarmer les pharisiens. Face aux procureurs d’une Loi écrite sur des tables de pierre, Lui écrit au sol, sur la terre. Lui, le maitre venu au Temple pour enseigner le peuple, s’abaisse,
et se met dans une attitude d’écoute, peut-être de prière, face à ses contradicteurs. 

Mais il ne se défile pas. Dans ce contexte de lapidation, on ose à peine dire que sa réponse va être « frappante » ! Il jette un pavé dans la mare des Pharisiens :
« Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. »

Manière de renvoyer les accusateurs à eux même, à leur propre vie, chacun face à sa conscience devant Dieu. L’Evangile souligne que les plus âgés s’en vont les premiers - ceux qui ont le plus d’heures de vol - peut-être parce qu’ils sont les plus lucides sur leur propre péché ?
Ils laissent tomber leurs accusations… et leurs pierres.
Jésus a au moins réussi à toucher les consciences : ils rentrent chez eux. Mais l’avenir montrera qu’ils ne sont pas convertis à la personne de Jésus.

Il ne reste que la femme, seule devant Jésus.
Saint Augustin disait: « Le face à face de la misère et de la  Miséricorde »...

Mais elle n’est pas encore libre. Il lui manque une parole de libération.
C’est Jésus qui déverrouille, et qui lui donne le ‘top départ’ sa nouvelle vie libérée :
« Moi non plus je ne te condamne pas. Va, et ne pèche plus. »

Par cette parole, Jésus fait « d’une pierre, deux coups » : il  relève, et il révèle.

Jésus relève la femme que la meute des accusateurs avaient amenée devant lui, enfermée dans un cercle de condamnation, dont elle ne devait pas sortir vivante,
Jésus révèle qui est Dieu: il ouvre une brèche, il met en marche, et il trace un avenir : Va ! Comme il avait dit au paralytique : « prend ton brancard et marche !»

Cette femme n’était sans doute pas la plus vertueuse des paroissiennes.
Et elle n’a rien demandé à Jésus !     Elle n’exprime ni remords, ni excuses, ni demande de pardon…

La parole du Christ est libératrice, parce qu’elle est totalement gratuite.

La miséricorde du Christ devance nos  demandes,
et elle dépasse nos mérites.
C’est déjà la victoire de Pâques : la vie animée par l’amour, le pardon accordé aux ennemis,
l’emportent sur les forces de la mort, du péché, et du procès qui accuse, qui exclut, qui enferme.
Les aumôniers de prison sont témoins qu’il ne faut pas juger trop vite, ni réduire une personne uniquement à ses actes, à ses erreurs. « Je ne suis pas venu dans le monde pour juger le monde, mais pour le sauver. »

« Va, et ne pèche plus » : c’est un envoi vers une vie nouvelle.
Cette femme est « RE-SUSCITEE » par Jésus en quelque sorte.
C’est comme si Jésus lui disait, en anticipation de sa PASSION :
SORS du tombeau ! Sois vivante pour toujours !

Nous comprenons que la parole de Jésus se situe bien au-delà du registre de la morale ou du laxisme.
Le pardon de Jésus n’efface pas le passé, mais il offre un avenir : il détache des chaines de la culpabilité, il apporte une libération intérieure ; on peut repartir.

Le pardon n’est pas un coup d’éponge, ni un passage par la blanchisserie.
Celui qui est pardonné ne sera plus jamais innocent, mais il peut relever la tête.
Aucun de nous n’est innocent, nous sommes tous des PPP : des pauvres pêcheurs pardonnés.

Isaïe nous a dit dans la 1ère lecture : « ne songez plus aux choses d’autrefois. Voici que je fais une chose nouvelle : oui, je fais passer un chemin dans le désert, des fleuves dans les lieux arides ».

A nous d’accueillir la miséricorde de Dieu, pour la faire passer dans les lieux arides de l’humanité d’aujourd’hui ; c’est la Bonne nouvelle de Pâques à porter à nos contemporains, avec humilité.

Oui, vraiment, dans notre montée vers Pâques, je crois que Jésus est le vrai chemin du développement durable pour notre monde !

Seigneur,
Nous voici devant toi comme la pécheresse accusée,
Toi qui es sans péché, donne-nous ton pardon.

Et donne la paix à notre temps !   
Amen !

Emmanuel MERIAUX, diacre permanent
Paroisse Saint Luc – Saint Louis de Montfort
le 3 Avril 2022





Sommaire année C
Sommaire carême C
Accueil