Année C
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retour vers l'accueil4° dimanche de Carême
Jésus nous a appris que Dieu est avant tout un Père…
Etre Père, qu'est-ce que ça veut
dire pour nous ? Quelle image a-t-on de notre propre père ? Cette idée
que nous nous faisons du Père, quelle influence a-t-elle sur notre
relation à Dieu, donc sur notre vie?
Dans cette parabole, Jésus, non
content de nous dire que Dieu est un Père, il nous le décrit comme
aimant et pardonnant. Le texte d'aujourd'hui est donc bien autre chose
que l'histoire du retour d'un enfant repentant. Jésus nous pose la
question fondamentale : c'est qui Dieu pour nous ? Il veut nous faire
comprendre quelque chose de la nature de Dieu et, par-là nous
libérer des images tordues que nous pouvons avoir. Dieu a fait l'homme
à son image, et l'homme le lui a bien rendu !
Un homme avait deux fils… c'est
comme ça que commence le récit. On nous parle d'un Père vraiment hors
du commun, aussi bien autorité que tendresse, aussi bien paternel que
maternel. Ce Père, c'est Dieu, il donne, redonne sans cesse la vie.
Au6delà de nos ingratitudes, il nous invite à la fête, la fête de la réconciliation.
Jésus nous parle de la
miséricorde. Voici deux fils qui n'ont rien compris à la véritable
nature de leur père, qui n'ont pas vu la dimension de son amour, ce
sont des fils perdus. Ils sont l'un et l'autre égarés par l'image
qu'ils se font de leur père. L'un essaie de secouer ce qu'il croit être
un joug. L'autre est résigné, il ne semble avoir aucun désir. Le cadet,
qu'on montre un peu vite comme un modèle de repentance, demande sa
part d'héritage comme si le père était déjà mort. Et le
texte nous dit que le père leur partage son bien. Notez que
l'autre reçoit aussi sa part.
Ce fils part donc, il essaie
d'assumer son désir de liberté, et il ne le peut que parce que le père
le laisse faire. Dans son immaturité, ce jeune a besoin de tout rejeter
pour pouvoir partir. Il croit que son argent va le rendre autonome. Il
croit pouvoir acheter une véritable relation aux autres par l'argent.
Mais…quand il a de l'argent, il a des amis. Quand il n'a plus d'argent,
il n'a plus d'amis Il n'a pas quitté son père pour
rejoindre les hommes, mais pour se servir des hommes par
l'intermédiaire de l'argent, par la possession. Il a tout construit là
dessus. Lorsque ce qu'il possède disparaît, il n'est plus rien non
plus, et c'est la chute, et la chute la plus terrible pour un juif :
travailler chez un païen, et, en plus, garder les cochons, animal
impur, à qui il dispute même la nourriture. Dans sa détresse, il
réfléchit, il rentre en lui-même "Père, j'ai péché contre le ciel et
contre toi, je ne suis plus digne d'être ton fils" Qu'est-ce qui
le pousse ? L'intérêt, le regret, a-t-il mûri? En tous cas, il revient.
Mais s'il a fait un pas, il n'a pas encore tout découvert de l'amour de
père, puisqu'il ajoute cette sottise : "prends moi comme un de
tes ouvriers" Comme si un père pouvait faire cela !
L'ainé n'est pas plus clair dans
sa relation à son père. A l'origine, il a reçu, lui aussi, sa part,
mais il n'est pas lui-même, il n'est que le prolongement de son père.
Attitude servile où l'amour est absent, association d'intérêts. Il n'a
pas de père, mais un patron, il n'a pas de désir, il n'a pas pris le
risque de l'autonomie. Lui n'a pas renié son père, il n'en a jamais eu.
C'est le retour du frère qui va
tout remettre en vérité. Pour se retrouver comme fils, il a fait un
choix, et il ne désespère pas de son père.
L'ainé, dans sa colère, montre aussi qu'il n'a rien compris, quand il
dit à son père "je t'ai servi fidèlement sans manquer un seul de
tes ordres" Il est ouvrier, pas fils. Il jette le masque, il se sent
exclu de son privilège d'enfant unique il rejette son frère et son père
"ton fils que voici" Pour lui, la logique aurait été que l'autre soit
au moins puni. Il est en colère parce que son système de valeurs est
ébranlé.
Découvrira t-il que c'est l'amour qui rend libre et égal à l'aimé ? Va
t-il accéder, autonome, à son vrai désir et, comme tout être vivant, en
assumer les risques ?
L'enfant prodigue revient… Le père a couru au-devant de lui, il
l'attendait, il l'accueille tendrement, le prend dans ses bras sans
proférer de reproche. Il l'a laissé partir mais il ne l'a pas perdu de
vue. Il est plein de compassion.
C'est l'image de Dieu, de Dieu
qui est à la fois tout proche de nous, mais aussi tout autre. Il est
fou, notre Dieu, fou d'amour pour nous, ses enfants.
Notre Dieu est un Dieu qui veille, et non pas un Dieu qui surveille.
Au retour, le père rétablit le
fugueur dans sa condition de fils. Dans la joie des retrouvailles, il
rachète celui qui avait tout risqué et tout perdu, il le réintègre
aussi dans la communauté des hommes. Voyons là une analogie avec le
sacrement de réconciliation, où nous sommes réintégrés comme fils à
part entière.
Que nous soyons fils ainé ou
cadet, l'évangile nous parle et l'Esprit-Saint nous aide sans cesse à
découvrir la vraie nature de Dieu. "Pour toi, qui suis-je ?"
Jésus veut nous dire que ce qui fait la valeur de l'homme, c'est sa
liberté créatrice et non sa soumission à un autre.
Dans cette parabole, tous les personnages changent.
Changeons, nous aussi notre
regard sur Dieu, convertissons-nous sous le regard d'amour de Dieu.
Brebis perdue, drachme perdue, fils perdu mais retrouvés
Retrouvés parce que cherchés par Dieu, inlassablement, amoureusement.
Dans notre société actuelle, où
haine et violence semble triompher, il faut revenir à ces mots de
Jean-Paul II : « Il n’y a pas de justice sans pardon ; comme St Paul,
travaillons à la réconciliation des hommes entre eux et avec Dieu. »
Dieu veille, nous devons aussi
veiller auprès de nos frères, car si on surveille au nom de la loi, on
veille au nom de la tendresse.
Et la miséricorde de Dieu sera toujours plus abondante que notre misère.
François BRONNEC, diacre permanent.
10 mars 2013
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