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1° dimanche de Carême


  Luc 4, 1-13

Le premier dimanche de Carême nous entraîne, invariablement, au désert, à la suite de Jésus. Jésus, qui comme certains d’entre nous, va vivre une retraite spirituelle et si particulière. Il y est envoyé par l’Esprit qui se manifeste à lui lors de son baptême. Jésus va, dans cet environnement hostile, le désert, et dans notre fragile humanité être confronté au combat spirituel. Ce combat est un refus, un renoncement de tout ce qui peut asservir la femme, l’homme et même l’enfant. Cela fait d’ailleurs référence à ce dont parlait Gilles mercredi en nous rappelant que le jeûne est aussi une part de ce combat, de cette épreuve : le renoncement à certaines habitudes, manies ou penchants pour s’en libérer et réactiver nos relations à l’autre, à Dieu.
Dans ce lieu désolé ; le mal va tenter Jésus jusqu’à l’extrême. Le tenter pour qu’il choisisse par facilité sa divinité en refusant son humanité car la tentation est inhérente et indissociable de notre humanité, notre fragilité humaine. Qui d’entre-nous, moi le premier, n’a pas été tenté et n’a pas succombé à la tentation ? Ce dialogue impensable entre le mal et Jésus est saisissant mais peut nous aider dans notre vie est particulièrement durant le temps du Carême. Avec nos soucis, les tracas de la vie trépidante, avec la fatigue, la tentation est forte de se laisser aller, de se dire « Oh ce n’est pas bien grave… » parce qu’il n’est pas toujours facile de résister à la tentation en passant outre nos choix. Souvent nous imaginons ne pas être en capacité de résister, en pensant, souvent à tord, que la tentation est trop forte. D’autres fois un choix ou une décision, un engagement voire notre façon d’être, n’est pas reconnue par notre entourage même dénigré parfois ridiculisé. C’est difficile être différent des autres, de penser et de s’affirmer différent alors… je succombe à la tentation de rejoindre la grisaille de l’uniformité par manque de conviction, de peur de m’assumer pleinement. Malgré tout, nous nous sentons parfois coupable de ne pas être totalement fidèles à nos engagements, de ne pas être la femme, l’homme que j’aimerais être.
C’est à tous ces moments-là, à chaque occasion, que la Parole vient à notre aide. En pleine confiance je dois prendre appui sur elle. Quand Jésus est tenté ou mis au défi ou quand le mal lui promet le pouvoir… Que fait-il ? Va-t-il appeler une troupe d’anges ? Fait-il appel à son Père et à la force de son Esprit plus fort que tout ? Non ! Face au mal pernicieux, il trouve la force de résister, force qu’il trouve dans la vérité de la Parole de Dieu donné à chacun. « Ordonne à cette Pierre de devenir pain » « L’homme ne vit pas seulement de pain » répond-il. « Jette toi en bas ! » « Tu ne mettras pas à l’épreuve ton Dieu » rétorque Jésus. Nul besoin d’anges ou de son Père, l’homme Jésus trouve la force de résister dans la nourriture du croyant, la Parole de Dieu, la force de la foi qui s’en nourrit et la confiance qui en découle. Dans l’Esprit, Jésus va ainsi assumer pleinement son incarnation et sa divinité, en une seule personne.
Souvent dans notre vie « ordinaire » des tentations, des prises de position, des soucis ou des inquiétudes, la guerre aujourd’hui à notre porte, tentent fortement de nous faire renoncer à la vie à laquelle nous sommes invités, à laquelle nous aspirons : la vie en Dieu, la vie née de son amour en niant notre vie intérieure unifiée par l’Esprit reçu, nous aussi, à notre baptême. La tentation ultime est de nous croire incapables et indigne de vivre notre vie d’enfant aimé de Dieu. Mais il n’en est rien ! Dieu ne nous a-t-il pas créé à son image ? « À l’image de Dieu il les créa, il les créa hommes et femmes ». Notre dignité et notre force viennent de Lui et de sa Parole créatrice. Osons la confiance en sa Parole toujours offerte, toujours disponible. Saint-Paul le dit aux Romains « tout près de toi est la Parole, elle est dans ta bouche et dans ton cœur ». Ne doutons pas non plus de la force de la prière. Dans le Deutéronome, Moïse dit à son peuple « nous avons crié vers le Seigneur. Il a entendu notre voix ». Au milieu de nos soucis, de nos incapacités, au cœur même de nos fragilités assaillis par toute sorte de tentations, osons comme le peuple Hébreu errant dans le désert, la prière fervente. Avec la Parole de Dieu, la prière, la confiance, la foi et l’aide de Jésus, nous avons les atouts pour combattre les tentations et pour vivre en vérité notre carême dans une vie unifiée par l’Esprit reçu.


Patrick DOUEZ, diacre permanent
6 mars 2022


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