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3° dimanche de l'Avent


Ce troisième dimanche de l’Avent nous invite à être dans la joie : « soyez dans la joie du Seigneur, Soyez toujours dans la joie ».
Est-ce réaliste, quand dans notre propre pays la contestation et la violence s’expriment ? Quand un attentat a endeuillé le marché de Noël de Strasbourg ? Quand le sentiment d’injustice est fort ? quand on n’arrive pas à sortir du chômage ? Quand, dans le monde, les guerres au moyen orient, en Palestine et ailleurs, n’en finissent pas… Est-ce possible d’être dans la joie quand les soucis et les épreuves sont là ?
Cependant Saint Paul nous dit : « Soyez toujours dans la joie… car le Seigneur est proche ». Le peuple d’Israël est en attente du sauveur et vient se faire baptiser par Jean-Baptiste. A la question de ses interlocuteurs « Que devons-nous faire ? » Jean-Baptiste ne répond pas de façon collective, mais de façon personnelle, en fonction de la situation de chacun : juifs, publicains ou soldats… Les textes de ce jour renvoient à notre conscience : sommes-nous en attente du Seigneur qui vient ? nos actions sont-elles en conformité avec cette attente du Seigneur ?

L’exhortation de saint Paul est claire : « Soyez dans la joie… Le Seigneur est proche. Ne soyez inquiets de rien, mais en toute circonstance, dans l’action de grâce, priez et suppliez. » D’abord, rendre grâce au Seigneur pour tout ce qu’il a fait pour nous : pour ce qui est beau dans le monde, pour les moments de bonheur que nous vivons, et, parce que nous avons confiance en Lui, nous lui disons merci en même temps que nous lui présentons nos demandes. La confiance nous permet d’avancer, alors que l’inquiétude est souvent paralysante. Par la prière, nous ouvrons notre cœur à Dieu.
Jésus n’est pas né à Bethléem pour que nous commémorions simplement, chaque année, cet évènement de notre histoire. Il est venu pour établir sa demeure au cœur de l’humanité et au plus intime de nous-même. Ne chante-t-on pas : « Tu fais ta demeure en nous Seigneur ». C’est dans le mystère de Noël, de l’incarnation, que la présence de Dieu au monde s’est réalisée et se réalise aujourd’hui. Le vrai lieu de la naissance de Jésus, aujourd’hui, c’est notre cœur. Et le seul moyen de rencontrer Dieu en nous, c’est de nous recueillir, de faire silence, de prier, de faire une place à Dieu au plus intime de nous-même. Il faut consentir à ce travail intérieur pour qu’ainsi la joie et la paix du Seigneur nous habitent.
 Evidemment, le Jésus historique n’est plus présent aujourd’hui, mais Jésus ressuscité et glorifié est avec nous « tous les jours et jusqu’à la fin du monde ». Jésus ne nous a pas laissé orphelins. En partant vers son Père il nous a donné son Esprit qui nous accompagne tout au long de notre vie… La lumière de Bethléem arrive ce dimanche à la cathédrale de Nantes. Elle est portée par les scouts pour manifester que Dieu aujourd’hui est présence au monde et que la lumière du ressuscité guide notre chemin et celui de l’humanité toute entière. Dieu n’abandonne pas l’humanité pour laquelle Jésus a donné sa vie.
Avec l’incarnation, « Dieu et l’homme sont inséparables », la vie de l’homme est devenue divine. Nous vivons, bien sûr, dans un monde imparfait, marqué par la souffrance, les guerres, le péché, nos péchés ; mais nous savons que Dieu nous « apporte le salut ». Cette présence de Dieu au cœur de notre vie nous apporte réconfort et joie, même au milieu des épreuves et des aléas de la vie. « Soyons donc dans la joie du Seigneur ».

Prier, mais aussi agir. Tous ceux qui viennent se faire baptiser par Jean lui posent la question : maintenant « que devons-nous faire ? ». Ils pressentent bien qu’après le baptême, ils ne peuvent pas vivre comme avant… Jean leur dit : le lieu de votre conversion, c’est la vie de tous les jours. Au collecteur d’impôts qui travaille pour l’occupant, il demande de n’exiger rien de plus que ce qui est fixé par la loi, autrement dit de ne pas s’en mettre plein les poches ; aux soldats qui avaient pour pratique de piller et de violer leurs ennemis après la victoire, de se contenter de leurs soldes ; et à ceux qui ont plus que le nécessaire de partager les vêtements et la nourriture. Jean-Baptiste n’invite pas à un changement radical de vie. Il renvoie ses interlocuteurs à leur vie ordinaire. Il les invite à la sobriété et la générosité. L’appel à la conversion vise tout le monde, de l’élite au plus petit en passant par ceux qui sont mal vus : les profiteurs et les violents.
A la question « Que devons-nous faire ? », il n’y a pas d’autre réponse que l’amour du prochain. Le respect, la bienveillance et le partage sont source de joie.  Agir ainsi, c’est déjà témoigner de l’amour du Christ et semer les germes du royaume de Dieu : C’est là notre responsabilité de chrétien aujourd’hui. On ne peut pas attendre béatement l’arrivée du Messie en se lamentant sur les désordres du monde : la Charité du Christ se vit dans l’action. Elle est le cœur même de la vie chrétienne. Depuis l’incarnation, nous ne pouvons pas servir Dieu, sans être au service de nos frères.
  Mais alors, suffirait-il donc d’un peu plus de justice par-ci, et un peu plus de générosité par-là, pour que le monde change ? Ce serait oublier la deuxième partie de l’évangile. Jean-Baptiste nous prévient que celui qui vient est plus puissant que lui, et donc plus fort que nous. Nos efforts de conversion et de générosité sont nécessaires, mais ne suffiront jamais. Il vient celui qui « baptisera dans l’Esprit saint et le feu » ; et, Jean-Baptiste oriente ceux qui le suivent, ses followers, vers celui qui tient la pelle à vanner et qui va faire le tri sur son aire à battre, entre le grain et la paille. Nous le savons bien, le monde, comme notre cœur, est un mélange de bien et de mal. Le Seigneur vient non pas pour détruire, mais pour nous purifier dans le vent et le feu de l’Esprit. Et ce feu nous débarrassera de tout ce qui dans le monde et en chacun de nous n’est pas conforme à l’amour de Dieu.

    Jean « annonçait au peuple la Bonne Nouvelle ». Allons au-devant de celui qui vient. Que la joie d’accueillir l’enfant Jésus nous habite jusqu’à Noël et demeure en nous.

Yves MICHONNEAU, diacre permanent
Paroisse St Léger-Ste Bernadette d’Orvault
16 décembre 2018



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