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retour vers l'accueil3° dimanche de l'Avent
Soyez dans la joie du Seigneur !
Au cours d’une soirée où nous
échangions sur « L’Eglise », nous avions demandé aux participants de
lister tous les mots qu’ils associaient à l’image de l’Eglise. Le
premier qui prit la parole nous dit le mot : JOIE. Je n’ai pas eu le
temps d’exprimer mon émerveillement que déjà, les autres participants
égrainaient d’autres mots qui s’inscrivaient sur le tableau. J’ai pensé
que si la joie se voyait dans l’Eglise, alors vraiment le Seigneur
était proche… « Le Seigneur ton Dieu est en toi » comme le dit
Sophonie. Mais cette joie de Dieu envahissant nos propres cœurs
est-elle réaliste quand on souffre, quand on est écrasé de soucis et
d’épreuves ? Est-elle possible pour tous les peuples de la faim ? Pour
les populations de Syrie, de Palestine ou du Mali écrasées par la
guerre ? Est-elle possible pour les victimes du chômage et pour tous
ceux qui craignent de perdre leur emploi ?
L’évangile d’aujourd’hui, dans
son réalisme très concret nous répond que c’est possible. « Le peuple
était en attente. » souligne St Luc, et tous ceux qui viennent pour
recevoir le baptême de conversion demandent à Jean : « Que devons-nous
faire ? » Jean-Baptiste crée la surprise en renvoyant cette foule à sa
vie ordinaire. Il ne répond pas à la foule en général, mais à chacun,
au cœur de sa vie. Il n’invite pas à un changement de vie radical comme
lui l’a choisi en s’habillant de peaux de bêtes et en se nourrissant de
sauterelles et de miel sauvage. La radicalité à laquelle il invite est
ailleurs. Elle est dans le fait que l’appel à la conversion ne vise
plus une élite capable de parvenir à l’héroïsme à force de privations
et d’austérité, mais tout le monde, y compris ceux qui sont les plus «
mal vus », les profiteurs et les violents. A la question : « Que
devons-nous faire ? » il n’y a pas d’autres réponse que celle d’un
homme qui aime son prochain. Le Baptiste y va fort ! La seule manière
de préparer les chemins du Seigneur consiste à tendre la main au pauvre.
On ne peut pas attendre le messie
en restant assis sur une chaise. La charité n’est pas matière à option
lorsque l’on se dit chrétien : elle est le cœur même de l’identité du
croyant. En cette année où l’Eglise nous invite à vivre en même temps «
Diaconia 2013 » et l’année de la foi, il est bon de nous en souvenir.
Le service du pauvre est le lieu où se révèle notre Seigneur qui s’est
identifié aux plus petits, à tous ceux qui vivent le manque. En cette
semaine de prière pour la paix, rappelons-nous l’épilogue de
l’encyclique de Paul VI , Populorum Progressio : « Le
développement est le nouveau nom de la Paix. »
Mais alors, il ne suffirait donc
qu’un peu plus de justice par ici, et un peu plus de générosité par là
pour que le monde change ? Ce serait oublier la deuxième partie de
l’évangile que nous venons d’entendre : le message de Jean-Baptiste
nous annonce que nos efforts de conversion ne suffiront jamais. Dieu va
venir, dit-il, et il est « plus puissant que moi. » Il va venir pour
nous éventer, pour nous purifier. « Lui vous baptisera dans l’Esprit
Saint et dans le feu. » Le mot « Esprit » en hébreu, se dit « Ruah »,
et il signifie aussi bien le souffle que le vent ; le « Souffle de Dieu
» sur nos vies, et le vent qui vient séparer le grain de la paille.
Nous en avons bien conscience, le monde est un mélange de bien et de
mal, et nous attendons le retour du Seigneur qui va effectuer le tri,
de façon radicale. L’inquiétude peut alors nous envahir ; serons-nous
versé du côté du grain ou envoyé au feu comme la paille ?
La consigne que Paul nous donne
tombe à pic : « Ne soyez inquiets de rien, mais en toute circonstance,
dans l’action de grâce priez et suppliez. » C’est l’attitude dictée par
la foi : conscients de tout ce que le Seigneur a déjà fait pour nous,
nous commençons par lui rendre grâce, et parce que nous sommes
sûrs qu’il va encore nous exaucer, nous lui disons merci en même temps
que nous lui présentons nos demandes. La confiance nous permet
d’avancer, alors que l’inquiétude est souvent paralysante. Par la
prière, nous ouvrons la porte au Seigneur. « Le Seigneur est proche. »
Paul vient de nous le dire juste avant. Et parce que le Seigneur est
proche, nous ne sommes inquiétés par rien ; Dieu est proche parce qu’il
nous aime ; Dieu est proche parce que le Royaume de Dieu est déjà
inauguré et que nous sommes dans les derniers temps. Si, réellement, le
Royaume de Dieu est notre premier souci, nous porterons au monde le
seul témoignage dont il ait besoin, celui de la sérénité : « Que votre
sérénité soit connue de tous les hommes. Le Seigneur est proche. »
Prière et action, lutte et contemplation, intériorité et engagement
sont les deux faces inséparables d’une même pièce qu’il ne s’agit pas
de garder dans sa poche !
Le 1er dimanche de l’Avent, nous
avons lu dans l’évangile de Luc : « Sur terre, les nations seront
affolées… les hommes mourront de peur…mais vous, redressez-vous et
relevez la tête » sous entendu car vous, vous êtes prévenus et vous
savez le sens dernier de l’histoire humaine : l’heure de votre
libération a sonné, le mal va être définitivement vaincu. Ce n’est pas
de l’insouciance, c’est de la confiance, de la sérénité. « Soyez
toujours dans la joie du Seigneur. Le Seigneur est proche. » nous dit
Paul, comme en écho de ce message reçu par Marie : « Réjouis-toi,
Marie… Le Seigneur est avec toi. » Avec elle, préparons la venue de son
Fils en nous tournant vers nos frères.
Le Seigneur soit avec vous ! Soyez dans la joie !
Jean-Jacques BOURGOIS, diacre permanent.
La Plaine, Préfailles et Pornic
Le 16 décembre 2012
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