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3° dimanche de l'Avent


Soyez dans la joie !

Tous les textes de ce dimanche nous parlent de joie. Avant le Concile Vatican II, les ornements de ce 3ème dimanche de l’Avent étaient roses, en signe de joie. Mais cela ne veut pas dire que tout est rose dans la réalité de notre existence, pas plus que dans la vie de la communauté de Philippe à laquelle Paul écrit. Si la joie allait de soi, il n’aurait pas besoin de leur donner ce conseil : « Soyez toujours dans la joie du Seigneur. » C’est même plus qu’un conseil, c’est un ordre pour les chrétiens. Etre chrétien, c’est appartenir au Christ et donc être rempli de la joie même du Christ. La joie du Christ a certainement impressionné les apôtres ; Jean a retenu cette phrase prononcée par Jésus le dernier soir avant sa passion : « Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit  parfaite. »
Pour des chrétiens, la joie devrait aller de soi, parce que Le Seigneur est proche. Pourtant, cette joie profonde, cette sérénité ne signifie pas absence magique de difficultés, et nous ne le savons que trop en cette période de crise planétaire ; aujourd’hui, qui est assuré de son travail ? de son avenir ? de celui de ses enfants ? Mais Paul insiste : « Ne soyez inquiets de rien, mais en toute circonstance, dans l’action de grâce, priez et suppliez… » Beaucoup vont penser : « C’est un peu facile : au lieu de remonter leurs manches quand çà va mal, les chrétiens se réfugient dans la prière. La religion, c’est vraiment l’opium du peuple. » Mais lorsque nous prions, à la différence de ceux qui ne comptent que sur leurs propres forces,  nous affirmons que le Seigneur peut nous combler parce qu’il veut notre bonheur. Nous proclamons notre confiance en lui au point de lui rendre grâce avant même de lui présenter nos demandes. D’ailleurs, Dieu connaît nos besoins avant même notre prière. Mais par la prière, nous lui ouvrons la porte pour être en mesure d’accueillir ses dons, ou plutôt le don par excellence, le don de L’Esprit Saint. C’est lui qui peut garder notre cœur et notre intelligence dans le Christ Jésus pour que nous puissions agir à sa manière.
Je vous ai dit que tous les textes de ce dimanche nous parlent de joie ; pourtant l’évangile de Luc met dans la bouche de Jean Baptiste des paroles qui sont plutôt des paroles de menaces lorsqu’il annonce la venue du Messie : « Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. Il tient à la main la pelle à vanner pour nettoyer son aire… » Traditionnellement, dans l’Ancien Testament, le jugement de Dieu est évoqué comme une purification par le feu et par une opération de tri. Les auditeurs de Jean, qui connaissent cette image, savent que c’est une Bonne Nouvelle, car le tri ne supprimera personne : ce feu n’est pas un feu de destruction mais de purification ; comme la pépite d’or est purifiée de ses scories pour être plus belle encore, ce feu nous débarrassera tous de ce qui, en chacun de nous, n’est pas conforme au royaume de justice et de paix instauré par le Messie.
Et nous, qui avons été baptisés dans l’Esprit Saint qui est feu, n’avons-nous pas été purifiés par la croix du Christ. Le signe du Chrétien, la croix est constituée de 2 morceaux de bois : l’un vertical qui nous rappelle notre relation vitale avec Dieu, notre Père ; et l’autre horizontal, qui nous rappelle la relation fraternelle que nous devons établir avec chacun de nos frères, sans distinction. Et si nous prions en vérité, si nous faisons place à l’Esprit qui prie en nous, il ne nous laissera pas tranquilles. Il nous enverra aimer nos frères jusqu’au bout, dans le quotidien de nos vies. L’essentiel réside dans les actes concrets qui accompagnent nécessairement toute conversion. D’où la question des auditeurs de Jean Baptiste, après avoir entendu son appel à la conversion: « Que devons-nous faire ? » Et Jean les renvoie simplement à leur quotidien : partagez avec ceux qui ont faim, n’abusez pas de votre position pour exploiter les autres. C’est exactement le contraire du message de notre société de consommation : « Que celui qui a deux manteaux cherche à en posséder quatre ! Si tu peux soutirer de l’argent ou des avantages à la société, ne manque pas l’occasion ! Si ce n’est toi, ce sera un autre. »  « Que devons-nous faire ? »
A l’heure du sommet de Copenhague, je crois que le Baptiste nous répondrait : « Revois ta façon de consommer pour respecter les droits de tous les habitants de la planète. Essaie de manger moins de viande, car chaque calorie animale a nécessité 10 calories végétales qui n’ont pas pu profiter à tes frères du Sud. Essaie de limiter tes déplacements et utilise plus souvent ton vélo pour que tes frères du Sud puissent avoir accès à l’énergie. Etablis tes menus en fonction de ce qui pousse près de chez toi à chaque saison ; tu limiteras ainsi ta participation au réchauffement climatique qui prive tes frères du Sud de leurs terres. »
En marche vers Noël, mettons nos pas dans ceux de Marie dont nous avons célébré la fête cette semaine. Comme elle, laissons-nous aimer par le Seigneur qui veut nous combler de grâce, et accueillons sa Parole pour qu’elle prenne chair dans nos vies. Avec elle, réjouissons-nous car le Seigneur est proche. Il est au milieu de nous. Célébrons-le et vivons-le.

Jean-Jacques BOURGOIS, diacre permanent.

Préfailles, Sainte Marie et Pornic
Le 13 décembre 2009


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