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2° dimanche de l'Avent


Dans la première lecture et dans l’Evangile, nous avons entendu des paroles qui semblent parler d’événements semblables « Dieu a décidé que les hautes montagnes et les collines éternelles seraient abaissées, et que les vallées seraient comblées », et aussi,
« Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées ; les passages tortueux deviendront droits. »
Ces images se rapportent à l’Exil du peuple juif à Babylone. Un évènement fondateur dans la construction de la Foi en Dieu. En 597, Nabuchodonosor envahit la Judée et déporte la plupart de ses habitants jusqu’à Babylone, après avoir détruit le Temple de Jérusalem, cœur de la Foi des Hébreux.
C’est pendant cette période que des grands prophètes (Jérémie, Ezéchiel et Isaïe, entre autres), ont aidé les déportés ou leurs successeurs, à lire cette tragédie à la lumière de la foi en un Dieu qui semblait avoir abandonné le peuple qu’Il avait lui-même choisi.
A Babylone, une fois déportés, les juifs ont dû trouver leur place : certains ont collaborés. Les plus riches, bien traités étaient prisonniers, otages, en gage de la paix. Beaucoup étaient une main d’œuvre facile, parfois même esclaves.
Dans ce contexte, chaque année, pour la grande fête nationale, la fête du dieu Mardouk, des esclaves juifs, des déportés, étaient contraints à de véritables travaux forcés ; il fallait tracer une « autoroute » pour ce dieu, en plein désert : combler les ravins, raser les collines, redresser les chemins tortueux... tout cela, pénible physiquement et plus encore moralement puisque c'était en l'honneur d'une idole païenne ! Or que disait Isaïe ? Désormais c'est la route du Seigneur qui va traverser le désert : traduisons, Dieu va prendre la tête du cortège de votre retour triomphal au pays.
         Jean-Baptiste, relisant la prophétie de son lointain père spirituel, y découvre l'annonce d'un autre chemin de libération : désormais ce ne sont plus seulement les exilés à Babylone, c'est tout homme qui verra le salut de Dieu.

Mais aujourd’hui en 2021, l’exil à Babylone est très loin dans le passé. Pourquoi Jean Baptiste nous en parle ? Pourquoi l’Evangéliste Luc nous en parle ? Et pourquoi est-ce important dans notre chemin vers Noël ?

Aujourd’hui 2ème dimanche de l’Avent, nous avons entamé notre chemin vers Noël. Dimanche dernier Jésus nous parlait de cataclysmes et nous disait « Restez éveillés et priez en tout temps. »
Eveillés, pour savoir reconnaitre les signes d’espérance, parfois minuscules, qui sont des petites lumières sur notre chemin parfois bien sombre.
Aujourd’hui, l’espérance prend des allures de grands travaux, de chantiers gigantesques : arraser montagnes et collines, combler les ravins. Et c’est Dieu qui est chef de chantier.
Le monde des juifs s’était écroulé avec l’Exil : le Temple où Dieu résidait avait été rasé et ils vivaient à 1000 km de la Terre Promise ! Dieu ne les avait ils pas abandonnés ?
Notre monde ne semble pas vivre une situation aussi dramatique. Pour beaucoup, nous sommes chez nous, vivant un certain confort. Nous essayons d’être fidèles à Dieu, nous venons à la Messe. Nous n’avons pas l’impression d’être esclaves.
Alors que veulent nous dire ces travaux au bulldozer ?
Que préparons-nous ? Une naissance ! Nous le voyons bien : nos rues sont décorées de mille lumières. Les boutiques se parent d’habits de fête.
Et nous, dans notre cœur, faisons-nous le même travail de préparation ?
Si nous sommes randonneurs nous trouvons, que les collines, les coteaux, ou les falaises sont de beaux paysages : regarder le monde qui se presse au belvédère de Château Thébaud !
Pour se promener c’est très joli. Mais pour aller au plus vite ne parle-t-on pas d’une distance à vol d’oiseau, les oiseaux qui se moquent des montagnes ou des ravins : ils sont au-dessus !
Mais nous ne sommes pas des oiseaux : le chemin pour rejoindre Dieu est parfois sinueux, des obstacles nous font faire des détours : certains semblent infranchissables !
La guerre en Ethiopie, La misère des libanais abandonnés par leurs dirigeants, la corruption qui affame tant d’hommes et de femmes en Afrique, en Amérique du sud. Les migrants qui meurent à notre porte. Sans parler des scandales vécus dans notre Eglise de France. Dieu nous a-t-il abandonné ?
Croyons-nous que Dieu va venir nous sauver de l’exil ? Sommes-nous prêts à chanter comme le psalmiste : « Quand le Seigneur ramena les captifs à Sion, nous étions comme en rêve ! […] Alors on disait parmi les nations : « Quelles merveilles fait pour eux le Seigneur ! » Certains attendent un sauveur qui sortira des urnes en avril prochain. Et nous quel sauveur attendons-nous ?
« Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. […] et tout être vivant verra le salut de Dieu. »
Le salut de Dieu.     « Dieu sauve », c’est la signification du nom de Jésus.
Selon certaines sources anciennes, le nom grec de Jésus est lié à un verbe (iasthai), qui signifie guérir.
Quel est-il ce salut que Dieu nous propose ? Cette guérison ?
Une antienne du Cantique de Zacharie, pour la prière de Laudes nous dit : « Dieu nous apporte le salut, œuvre d'amour de son cœur. »
Pour reprendre un mot de St Paul dans l’épitre aux éphésiens : « vous serez capables de comprendre avec tous les fidèles quelle est la largeur, la longueur, la hauteur, la profondeur…Vous connaîtrez ce qui dépasse toute connaissance : l’amour du Christ. Alors vous serez comblés jusqu’à entrer dans toute la plénitude de Dieu. »
Aujourd’hui, chacun, y compris nous peut-être, est malade de manque d’amour vrai. Ce n’est pas nouveau. Ce manque a 2 dimensions :
Une dimension humaine, parce qu’on ne sait pas aimer son prochain, parce que nous ne savons pas accepter qu’on nous aime, et puis peut-être n’avons-nous pas été aimés assez.
   Une dimension divine : nous avons du mal à percevoir que Dieu est amour, car il nous semble incompatible de parler de l’amour de Dieu alors même que la souffrance est partout. C’est lié à notre incompréhension de son amour.
La largeur de l’amour de Dieu c’est le salut pour tous, toute l’humanité.
Sa longueur, c’est de toute éternité et pour toujours, passé, présent et avenir.
La hauteur, c’est qu’il est libre et gratuit, sans contre partie que celle de dire oui.
Sa profondeur, c’est pour chacun, comme nous sommes, jusque dans notre misère, nos faiblesses.
Aujourd’hui dans ce chemin vers Noël, sommes-nous prêts à laisser Dieu passé un bulldozer d’amour dans nos vies pour que nous rejoignons au plus vite le bonheur qu’il nous promet ?    Laissons-le bousculer notre cœur pour répondre à cet amour infini.

Philippe ARRIVÉ
5 Décembre 2021
Paroisse St François des Coteaux


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