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2° dimanche de l'Avent


        Sans doute quand vous avez entendu la première lecture et le passage qui disait « que les hautes montagnes seraient abaissées et les vallées seraient comblées », vous vous êtes dit : oui, je connais ce passage.
Et quand dans l’évangile, ce passage a été repris, vous vous êtes dit : je le savais bien.
Si c’est le cas, je dis : Bravo ! La parole de Dieu vous est familière. Elle fait partie de votre vie.
Si ce n’est pas le cas, pas de panique, la vie continue et la parole de Dieu vous attend, comme elle attend encore ceux qui la connaissent déjà, prête à se donner encore et encore.

        Voyons d’un peu plus près ce que ce passage tente de nous dire, et revenons un instant au texte du prophète Baruch, ou du prophète Benoît si vous préférez.
« Jérusalem, quitte ta robe de tristesse et de misère, enveloppe-toi dans le manteau de la justice de Dieu, mets sur ta tête le diadème de la gloire de l’Éternel. »
Quand le prophète proclame cette parole, le peuple hébreu est en exil à Babylone, et rien ne permet de penser que ce nouvel exil va se terminer bientôt.
Et pourtant Baruch annonce de la part de Dieu, que Dieu va de nouveau visiter son peuple en exil.
        Nous pouvons penser d’ailleurs que c’est parce qu’il est en exil que Dieu vient encore à la rencontre de son peuple. Il vient le chercher, comme il l’avait fait avec Moïse en Égypte 600 ans plus tôt.
Si Dieu agit pour le peuple qu’il s’est choisi, pour Israël son fils bien-aimé, nous pouvons croire qu’il est avant tout touché par la condition de vie de ces hommes, de ces femmes, et de ces enfants résidant sur une terre étrangère, une terre qu’ils n’ont pas choisie et qui ne les attendait pas.

        Voilà ce qui fait bouger les entrailles de Dieu. Comme un papa ou une maman pour son enfant triste, perdu ou malade. Tout pareil. Ces entrailles qui bougent, c’est comme ça que l’on dit miséricorde en hébreu.

        Ce qui est troublant avec cette situation d’il y a 2600 ans, c’est que ces paroles résonnent encore à notre époque. Des migrants, des pauvres, de la violence, il y en a encore.
Alors Dieu vient encore chercher son peuple, tous les êtres humains, et nous tous ce matin. Et comme vous le connaissez un peu, vous savez qu’il vient en particulier pour ceux qui sont prisonniers, malades, seuls, pour les « laissés pour compte ».

        Il vient pour nous libérer, et il nous donne un nom nouveau : « Paix de la justice », car la justice, sa justice, nous libère. Quelle est cette justice ?
        Nous sommes libres quand nous pouvons nous tourner vers lui sans crainte, quand nous sommes capables d’accueillir notre prochain sans crainte, quand nous donnons le meilleur de nous-même sans compter, quand nous sommes libérés des chaines qui nous retiennent dans la peur et dans l’égoïsme.

        Ce matin, nous pouvons particulièrement penser aux 19 hommes et femmes qui ont été déclarés bienheureux par le pape François hier à Oran en Algérie.
Ceux que l’on appelle les 19 bienheureux martyrs d’Algérie, ont été assassinés entre 1994 et 1996 en Algérie. Vous connaissez les 7 frères trappistes de Tibhirine, et sans doute aussi l’évêque d’Oran Pierre Claverie et son chauffeur Mohamed.
        Ils ont reçu ce nom de « Paix de la justice », ils sont enveloppés dans le manteau de la justice de Dieu, et couronnés du diadème de la gloire de Dieu. Et dans notre prière, nous n’oublierons certainement pas les 200 000 algériens assassinés aussi pendant cette période. Et parmi eux, des journalistes, des avocats, des juges, des hommes et des femmes qui ont décidé de rester en Algérie, tout comme les religieux et religieuses, et ont choisi de témoigner pour la justice.

        Bien sûr, nous pouvons dire que ces religieux et religieuses avaient une vie exceptionnelle, mais ce serait oublier qu’avant d’être des religieux, ce sont des baptisés comme chacun et chacune de nous aujourd’hui.

        Chacun à sa manière a été trouvé par le Seigneur, et chacun a répondu à cet appel à sa manière. C’est tout.

        Vous pensez toujours que c’est trop difficile de suivre le Seigneur, de mettre nos pas dans les siens ?

        Alors revenons sur la fin de l’évangile que nous avons entendu : « Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées : les passages tortueux deviendront droits. »
Nous ne pouvons plus nous perdre. Le chemin est ouvert. La direction nous est donnée.

        Prenons le temps pendant cette messe d’accueillir dans nos cœurs la promesse de paix que Dieu nous donne en ce temps de l’Avent.
        Prenons le temps de nous réconcilier avec lui et avec nos frères.
        Prenons le temps de penser à la personne avec qui me réconcilier, à qui demander pardon.
       
                --> Réservez-vous un moment samedi 22 décembre pendant la matinée, un temps de réconciliation pour vous et en communauté. Les tracts sont à la sortie de l’église.

        Et ainsi avec un cœur pur et renouvelé nous pourrons dire avec le prophète Isaïe et avec Jean le Baptiste :
« tout être vivant verra le salut de Dieu. »

Michel BERDAH, diacre permanent
9 décembre 2018


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