Année C
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retour vers l'accueilJésus Christ, Roi de l'Univers
« Si
tu es », trois fois au Golgotha retentit la même interpellation à
Jésus : « si tu es le Messie » ricanent les
chefs ; « si tu es le roi des Juifs »se moquent les
soldats romains ; « si tu es le Messie » injurie l’un
des deux malfaiteurs crucifiés en même temps que lui.
C’est vrai que
ce condamné crucifié ne ressemble en rien à l’image qu’on se fait du
Messie. Jésus ne répond rien tout au long de cette scène de
provocations. Et pourtant l’interpellation est de taille : le
Messie est celui qui sauvera le monde ; il devrait donc bien se sauver
lui-même ! Telle est la logique de ses interlocuteurs et c’est de
cela qu’il meurt : il meurt de n’avoir pas été conforme à leur
logique, à leur idée du Messie.
Mais Jésus sait, lui, que Dieu seul
sauve ; il attend son propre salut de Dieu seul. C’est bien
d’ailleurs ce que veut dire son nom : Jésus qui veut
dire « c’est Dieu qui sauve ».
Dieu qui règne par la
Croix ; c’est une étrange royauté ! Paradoxe et même
folie ! Un jour on comprend et on l’admet ; le lendemain on
ne comprend plus et on peut même se révolter. Pourtant toute la foi
chrétienne est là. Pour nous, humains, l’accès au pouvoir a son origine
dans la force, dans la séduction ou dans des aptitudes exceptionnelles
à la gestion. En général, un homme fort se dresse au-dessus des autres.
Le Christ, aussi, est élevé au-dessus mais c’est sur une croix.
Alors que tous les royaumes finissent par passer, que les pouvoirs
changent de main, que les empires s’effondrent,
la « Royauté » du Christ subsiste. Pourquoi ? Parce
que finalement cette royauté ne s’exerce que par l’attraction de
l’amour et l’amour, même nié et renié, bafoué, parfois ridiculisé,
subsiste toujours au plus profond de l’être humain. Cet amour, cet
attrait de l’amour est en chacun de nous l’empreinte du Créateur, ce
qui nous faits images de Dieu.
Et c’est cet acte de foi que va faire
celui qu’on appelle « le bon larron ». Un véritable
retournement de sa part : poussé par la crainte de Dieu (on dira
par sa foi) qui l’habite au milieu de son péché, il proclame la royauté
du Christ, il l’appelle par son nom : « Jésus,
souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton Règne ».
Il
vient de prendre conscience d’un autre ordre de salut, d’un autre
genre de royauté apporté par cet homme qui n’a à se sauver de rien et
qui sauve tous les autres. Il vient d’accéder à la foi. Et il reçoit
aussitôt confirmation : « Aujourd’hui , avec moi, tu
seras dans le Paradis ». Cette parole de Jésus actualise pour
aujourd’hui et pour tous les temps sa venue comme Roi, lui le
Crucifié et le Ressuscité.
St Paul, dans sa lettre aux Colossiens,
fait entrevoir cette véritable dimension du salut apporté par le
Christ, devenu pour les siècles la clé de l’histoire des hommes ;
le centre et la source de l’accomplissement total de la Création.
Puissions-nous,
comme ce bon larron, dans notre prière, dire au
Seigneur : « Souviens-toi de moi » et l’entendre
déclarer, au milieu de notre misère et de notre péché, que nous sommes
avec Lui, aujourd’hui même.
La royauté du Christ toute faite
d’offrande de soi, de service au plus pauvre, d’humilité, de douceur et
de patience ; nous y participons de par notre baptême. C’est dans
cet esprit que le Secours Catholique nous invite à célébrer la royauté
du Christ serviteur, dans toutes les communautés, à l’occasion de sa
journée nationale. Cette année, c’est l’enjeu des ressources des
pauvres qui est mis en relief. Ce qu’on appelle le « reste à
vivre » d’un certain nombre de personnes est proche ou en-dessous
de zéro. Ce qui entraine sentiment de fragilité et d’exclusion. Comment
les personnes vivant ces situations peuvent-elles exercer dignement
leur métier de vivre ?
La campagne de cette année nous
interpelle en nous montrant des personnes en situation de pauvreté qui
nous demandent : Croyez-vous en moi ? Crois-tu en moi ?
Croyez-vous
que je suis, moi aussi, un enfant de Dieu, même si je suis seul,
triste, âgé et pauvre ? Croyez-vous que j’ai en moi des
ressources, même si pour l’instant je porte une croix très
lourde qui m’empêche de les exprimer Croyez-vous en moi assez
fort pour faire un bout de chemin avec moi ?
Nous pensons alors
tout particulièrement au travail des bénévoles du Secours Catholique de
notre paroisse qui, parce qu’ils croient que chaque homme et
chaque femme qu’ils rencontrent possèdent des ressources en
eux-mêmes, entrent dans une démarche d’aide et d’accompagnement .
Oui,
remercions ces bénévoles mais nous pouvons sans doute faire encore
davantage. « Le peuple restait là à regarder » nous dit
l’Evangile. N’avons-nous pas tendance à rester là, impuissants en
pensant parfois que les plus pauvres sont eux-mêmes la cause de leur
malheur ? L’Evangile appelle à deux attitudes : d’abord
une clarification du regard (Il y a des regards, comme on dit, qui
tuent !) puis à s’engager au dialogue. Toute personne a besoin
d’entendre une parole pour commencer d’être guérie. Chacun possède un
sourire, un regard positif, une parole de bienveillance, un geste de la
main qui valorise. Dans les situations les plus difficiles, le dialogue
fraternel ouvre un espace de paradis, une communion, une espérance.
C’est
ce qu’exprime Mgr Housset évêque de la Rochelle, président du conseil
pour la Solidarité dans une lettre à l’occasion de cette journée
nationale : « Les chrétiens sont appelés à une
vigilance fraternelle, d’abord pour « voir » ces
personnes qui portent des croix très lourdes puis pour participer,
chacun à sa mesure, à la nécessaire solidarité humaine et chrétienne.
Chacune et chacun a des ressources. C’est dans le compagnonnage
fraternel qu’elles sont le mieux exprimées et percues. Le Christ
Roi se réjouit alors de voir ses enfants vibrer dans la même
fraternité »;
Amen.
Gilles LAINÉ, diacre permanent.
le 21 novembre 2010
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